Ce Maroc dont ils rêvent encore – Par Naïm Kamal

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On a bien à un moment essayé ici au Maroc d’avoir un regard bienveillant sur l’apport du protectorat pour aller dans le mutuellement fructueux, mais le colonialisme est comme le mal qui lui est naturel, revenant perpétuellement au galop.

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Par Naïm KAMAL

Le journal français Le Monde, même s’il ne fait pas partie officiellement du réseau Forbiden Stories, relaye ce que cette officine présente comme une enquête sur ‘’la prédation foncière’’ au Maroc. Mais pas seulement ce quotidien qui quand il s’agit du Maroc n’en rate pas une. France24 aussi, de même que toutes les voix de son maitre que compte l’hexagone. 

Le ton comme le contenu de ce 400 mètres relais médiatique sont d’une telle médiocrité que l’on est tentés par la compréhension de l’exaspération de leur coach, l’hote de l’Elysée en l’occurrence qui se plaignait de la faiblesse de leur impact ou plus précisément de leur effet contreproductif sur les opinions publiques africaines face au ‘’ récit russe et turc’’. Avec des médias amis comme ça, Emmanuel Macron n’a pas besoin d’ennemis, ils font si bien le boulot de dégouter tous de tout ce qui vient de ce pays.

La rengaine

De quoi s’agit-il ? De l’expropriation de terres collectives et soulalyates au bénéfice de projets touristiques et/ou immobiliers. Elles seraient victimes de montages financiers sulfureux et de spéculateurs présentés comme proches du palais. Une rengaine désormais. Alors même qu’il s’agit de promoteurs nationaux qui se sont inscrits dans ces grands chantiers structurants qui permettent au Maroc, au grand dam d’intérêts français, de garder la tête hors de l’eau malgré les difficultés, malgré la pandémie, malgré la sècheresse, malgré l’Ukraine et malgré tous ceux qui cherchent à noyer le Maroc dans un océan de futilités et de combats marginaux. 

Ces promoteurs nationaux ont-ils tout et partout réussi leurs opérations ? Ont-ils toujours été conformes aux règles et ne se sont jamais retrouvés borderline ? Le prétendre serait d’une naïveté incommensurable ou d’une mauvaise foi crasse. Nulle part, d’une façon ou d’une autre, le capital n’est dans la sainteté. Mais l’un dans l’autre, ils ont réussi à faire sortir du sol des complexes touristiques qui font le bonheur des visiteurs et de l’économie nationale, des complexes industriels en partenariat avec l’Etat, des complexes résidentiels, qu’il s’agisse de l’habitat social ou standing qui résout en partie l’épineux problème de logement. Et rien que pour l’exemple, le plus beau fleuron de semblables entreprises que l’Etat a réalisé sur des terres collectives n’est autre que le complexe de l’énergie verte Noor.  

On reprend les mêmes et on recommence

Tout n’est pas parfait dans le meilleur des Maroc. Mais s’il n’y avait qu’un dossier, un seul, dans lequel les autorités publiques peuvent se prévaloir d’une gestion patiente, intelligente, participative (Etat et société civile), ce sera bien celui de ces terres où se sont longtemps prélassés sans états d’âme, ni a priori ni a postériori, Lyautey et ses rejetons. La transparence a été poussée jusque l’implication d’experts publics américains, à travers Morocco Cooperation Agency, à la réflexion juridique et sociologique sur la solution d’un dossier complexifié par le passif du protectorat et le legs des textes coloniaux. C’est, entre autres, ce qui déplait certainement à ‘’nos partenaires traditionnels’’.

L’opération de la melkisation de ces terres, leur titrisation et leur remembrement en vue d’une exploitation rationnelle et productive, que ce soit pour l’utilisation agricole, urbaine ou autre, est loin d’être un long fleuve tranquille. Mais elle a pris le bon cours.

Que les revendications fermes de femmes soulalyates militantes, perçues par l’Etat dès le début comme légitimes, n’aient pas tourné au pugilat, ne soit pas du goût de Forbiden Stories, de son réseau et de ses ‘’donateurs’’, n’a rien d’inattendu. Comme n’a rien d’étonnant que Forbiden Stories-à- dormir-debout ait été ressortir un ‘’indigène de service’’ condamné pour viol avéré afin de légitimer sa campagne avec la prétention, fallacieuse, de servir de relais au ‘’travail d’autres journalistes qui sont menacés, emprisonnés ou ont été assassinés’’ (sic). 

Néanmoins cette récurrence de prendre pied sur la même poignée de personnes, de reprendre les mêmes et de toujours recommencer pour s’attaquer au Maroc n’a qu’un sens : l’inconsistance des appuis dont les démiurges de ces officines  disposent à l’intérieur du Royaume chérifien pour exécuter les basses besognes d’un néocolonialisme décomplexé et en même temps désemparé par la montée en puissance du courant de rejet dont il est de plus en plus l’objet dans un monde en profondes transformations géopolitiques. (Lire Le crépuscule de l’Occident de Mustapha Sehimi)