Cinéma, mon amour de Driss Chouika: FIFM, FETER ET VALORISER LE CINÉMA NATIONAL A L’INTERNATIONAL

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Sous l’impulsion de Noureddine Sail, alors Vice-Président de la Fondation du Festival, devenu l'un des événements cinématographiques les plus prestigieux en Afrique et dans le monde arabe, a servi de tremplin au cinéma marocain et a joué un rôle crucial dans son rayonnement international

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« Avec ce festival, nous signalons finalement que le Maroc appartient vraiment au continent du cinéma. Le cinéma marocain ne peut appartenir au monde du cinéma que s’il y a des choses essentielles qui sont réalisées dans le pays ; la liberté de l’imaginaire, la liberté d’expression et la liberté de se retrouver paisiblement et parler librement. Il n’y pas beaucoup de pays dans le continent africain, ni dans le monde arabe ou dans le monde dit très avancé qui puissent garantir ces choses là. Il est important que le festival signale par sa seule présence que le Maroc est un pays d’avenir ».

Noureddine Sail.

La question de la présence du cinéma national au Festival International du Film de Marrakech (FIFM), qui est à sa 21ème édition (du 29 novembre au 07 décembre 2024), s’est posée dès sa création en 2001, alors que les films marocains produits par an se comptaient encore sur les bouts des doigts d’une main. Puis les choses ont évolué suivant le développement du cinéma national lui-même dont la production est passée de deux/trois films par an, à la fin des années 1990, à une vingtaine de films à la fin des années 2010, pour dépasser la trentaine actuellement. Et suite notamment aux suggestions de feu Noureddine Sail, alors Vice-Président de la Fondation du Festival, devenu l'un des événements cinématographiques les plus prestigieux en Afrique et dans le monde arabe, symbole d'ouverture culturelle et d'échanges, a servi de tremplin au cinéma marocain et a joué un rôle crucial dans son rayonnement international. Ainsi, l'évolution de la présence du cinéma marocain au FIFM a été marquée par toute une série d’événements clés qui ont sensiblement contribué au développement du cinéma national.

Dans les premières années du FIFM, le cinéma marocain était encore en ébullition, cherchant à s'affirmer sur la scène internationale. Le Festival de Marrakech a rapidement donné une plateforme aux réalisateurs marocains pour exposer leur travail à un public plus large et à des critiques du monde entier. Un tournant significatif est survenu en 2003 lorsque le film "Les yeux secs" de Narjiss Nejjar a été projeté en compétition officielle. Ce film a suscité l'attention en traitant un thème fort autour de la condition féminine dans des zones reculées du Maroc, ce qui a contribué à initier un dialogue sur des sujets sociaux cruciaux à travers le prisme du cinéma.

Puis, au fil des années, le FIFM a renforcé l'engagement des cinéastes marocains, devenant un point focal pour ceux désireux d'échanger avec l'industrie mondiale. En 2006, le film "Les chevaux de Dieu" de Nabil Ayouch, adapté du roman de Mahi Binbine, a été célébré pour sa représentation réaliste de l'impact du terrorisme dans les banlieues marocaines. Sa sélection à Marrakech a permis au film de gagner une visibilité qui a conduit à sa reconnaissance sur les scènes internationales, notamment à Cannes. 

VALORISER LE CINÉMA NATIONAL A L’INTERNATIONAL

Par l’évolution de la présence des films marocains dans toutes les sections, de la compétition officielle aux Ateliers de l’Atlas, en passant par les coups de coeur et le panorama du cinéma marocain, le FIFM n'a pas seulement servi de vitrine pour les films marocains mais a aussi activement contribué à les feter et les valoriser à l’international. Cette présence a été aussi renforcée par la chance donnée aux jeunes des prochaines générations de cinéastes marocains de parfaire leur formation. Grâce aux "Ateliers de l’Atlas", le festival a offert un soutien inestimable en termes de mentorat et de réseautage. De nouvelles figures influentes telles que Leila Marrakchi, réalisatrice de "Rock the Casbah", ou Asmae EL Moudir, réalisatrce de “La mère de tous les mensonges“, ont ainsi pu partager leurs expériences, inspirant de jeunes talents à poursuivre des carrières dans le cinéma. Cela a conduit à l’émergence de nouveaux talents qui ont exploré une variété de genres et de thèmes.

L'évolution du cinéma marocain au FIFM s'est également traduite par la diversification des thèmes abordés dans les films marocains. Alors que les premiers films étaient souvent axés sur des récits traditionnels ou d’époques, la dernière décennie a vu un passage à des sujets plus contemporains et avant-gardistes. Le «Panorama du film marocain » du FIFM a eu un écho important, tant sur les plans local qu’international, et a contribué à encourager les cinéastes marocains à adopter des styles plus audacieux qui défient les normes et les attentes traditionnelles.

Le FIFM n'a pas seulement influencé le cinéma mais a aussi eu des répercussions socio-économiques significatives au Maroc. Le festival contribue au tourisme culturel, encourageant des milliers de visiteurs à découvrir Marrakech et, par extension, à enrichir l'industrie cinématographique locale en termes de production et de distribution.

Ainsi, l'évolution de la présence du cinéma marocain au Festival International du Film de Marrakech illustre une trajectoire de croissance impressionnante. Cependant, face à l'avenir, les défis pour le cinéma marocain sont nombreux mais prometteurs. Avec l'émergence des plateformes de streaming, les cinéastes marocains ont la possibilité d'atteindre un public encore plus large. Cependant, ils doivent également naviguer dans un paysage médiatique en constante évolution où la concurrence est vive. Le soutien continu du FIFM, ainsi que des politiques gouvernementales favorisant la production cinématographique, seront cruciaux pour permettre au cinéma marocain de maintenir et d'accroître sa présence sur la scène mondiale.

En conclusion, le Festival International du Film de Marrakech représente bien plus qu'un simple événement annuel ; il est le miroir de l'évolution et du dynamisme du cinéma marocain. En offrant une plateforme aux cinéastes marocains, en fournissant une formation de qualité aux jeunes talents et en engageant le dialogue avec les cultures du monde entier, le FIFM a joué et continuera de jouer un rôle déterminant dans l'essor et la valorisation du cinéma marocain dans les décennies à venir.