Face aux provocations d’Alger, plaidoyer pour la zénitude marocaine

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L’émir Abdelkader (debout au milieu) à Amboise où il a été prisonnier de 1848 à 1852

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Je suis quelque peu décontenancé par la violence de nos réactions face aux provocations des médias algériens. Les textes que je lis et les vidéos que je vois me donnent l’impression que nous sommes en train de sombrer dans les mêmes excès que nous reprochons à nos voisins. Pire, il me semble parfois que les Marocains ont fini par céder aux provocations algériennes. 

J’imagine que de l’autre côté de la frontière, les pitoyables provocateurs doivent être contents d’avoir réussi à sortir certains Marocains de leurs gonds. 

On peut comprendre que certaines réactions, pour excessives qu’elles sont, restent parfaitement légitimes. Elles doivent cependant cesser, les réseaux sociaux et particulièrement les chaînes sur YouTube doivent se calmer. Pourquoi ne pas prendre exemple sur l’attitude très sereine et toute en sagesse de notre Souverain ? Aucune réaction intempestive, pas de communiqué, pas même la convocation de l’ambassadeur algérien par N. Bourita ! Cette attitude très zen est de nature à perturber plus encore les plans du palais d’Al Mouradia. 

Il n’y a rien de plus humiliant et dégradant pour un provocateur que de se rendre compte que ses provocations n’ont servi à rien. Ignorer le provocateur est le plus sûr moyen d’exacerber ses ressentiments et le laisser se morfondre avec les démons qui le rongent. La haine finit par détruire le haineux ! 

Nous sommes dans une situation infiniment plus confortable que la leur, et s’abaisser à leur niveau est dommageable pour notre image d’une nation à l’identité pleinement aboutie. Une identité dont le Roi est en fait le symbole. En s’attaquant au Monarque ils cherchent à atteindre la symbolique qui entoure sa personne. Les excès en ce sens trahit le désarroi d’une populace en mal de symbole.

En effet le seul personnage qui mérite d’être mis sur un piédestal en Algérie, c’est l’Emir Abdelkader, un Idrissi, donc un Marocain descendant direct de Moulay Idriss. On trouvera au terme de cette chronique la généalogie avérée et cependant officielle de ce personnage respecté et respectable. Il ne s’agit pas de revendiquer la marocanité de l’Emir Abdelkader*. Il est bel et bien algérien car il a consacré ses combats et toute sa vie à ce pays. Mais on est en droit de se poser la question de savoir pourquoi la symbolique liée au personnage n’est jamais perçue en lien avec ses origines. Mystère ? Non, pas tout à fait, juste un fossé culturel mettant aux antipodes une identité aboutie et une autre qui n’arrive pas à se relever de quatre siècles de domination ottomane et 132 ans d’occupation française. 

L’affaire du Sahara, le débouché sur l’Atlantique etc., sont un habillage grotesque d’un conflit qui ne dit pas son nom, un conflit d’essence fondamentalement culturel. Il faut aller au plus profond de l’histoire des deux pays pour comprendre tout ce qui les sépare.

Apparemment nos voisins ont plus conscience que nous de la profondeur de l’abysse qui nous sépare, c’est pour cela qu’ils ont fait avorter toutes les tentatives de rapprochement : ouverture des frontières, UMA, etc... Nous courrons derrière ce que les Marocains appellent un mariage de raison, mais c’est probablement eux qui ont raison de ne pas y croire. 

Alors focalisons-nous sur notre propre développement pour le seul bien de nos concitoyens. Que le bien-être du plus grand nombre devienne la réponse à nos détracteurs. Ce ne sera pas de nature à atténuer l’hystérie qui s’est emparée des dirigeants et des médias algériens, bien au contraire ! Les excès iront crescendo, mais tout excès est éphémère ! 

De ce fait, dites-vous que nos voisins ne méritent même pas notre colère. Car la colère est ni plus ni moins qu’une punition qu’on s’inflige pour une faute commise par l’autre. Alors pourquoi s’infliger des punitions pour les multiples fautes commises par les voisins ? 

Encore une fois sombrer dans la colère pourrait à la limite s’avérer négatif pour une cause. Retrouvons notre zenitude et laissons-les se dissoudre dans leur haine !

Abdelahad Idrissi Kaitouni 

Bouznika le 18 février 2021

*Généalogie - l'Emir Abd el Kader

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