chroniques
Hanoi : Tourisme et transmission - Par Dr Samir Belahsen
La petite fille au Napalm qui a. bouleversé le monde et, peut-être, accéléré le cours de l’histoire
La visite de Hanoi, avec mes enfants, revêtait pour moi une importance particulière. C’est que je fais partie de cette génération qui, à l’âge de l’enfance, a connu le rituel des journaux télévisés qui commençaient par les nouvelles macabres de la guerre du Vietnam.
La défaite française de Diên Biên Phu avait permis les accords de Genève, la fin de la Fédération indochinoise et la partition du territoire vietnamien en deux États : république démocratique du Viêt Nam et Sud-Viêt Nam.
La première guerre d’Indochine avait fait plus de 500 000 victimes. Un an après, des hostilités reprennent progressivement, la guerre du Viêt Nam, opposant le Sud-Vietnam appuyé par les États-Unis au Nord-Vietnam communiste soutenu par la Chine et l'URSS s’est déclarée dans le contexte de la guerre froide en 1955 et ne s'est terminée qu’en 1975.
Les États-Unis ont soutenu le Sud-Vietnam, tandis que le Nord-Vietnam était soutenu par l'Union soviétique et la Chine.
Ma génération, comme celle de mes enfants d’ailleurs, a subi en plus toute la propagande cinématographique Américaine qui tente de faire entrer le récit dans la logique du triomphe américain bien loin de la réalité de l’horreur hallucinante et hallucinée.
Rappelez-vous : Apocalypse now, Rambo et Platoon.
La guerre a entraîné des pertes humaines considérables. Deux millions de Vietnamiens ont perdu la vie, notamment des civils innocents.
Il y avait en plus des soldats des deux camps et des combattants de la guérilla vietcong et des reporters…
Les bombardements massifs, l'utilisation d'armes chimiques telles que l'agent orange et les confrontations directes… l’enfer.
Cette guerre a engendré de vives réactions sur le plan international, suscitant des manifestations et des mouvements pacifiques à travers le monde entier, notamment aux États-Unis. L'opposition croissante à la guerre a conduit à des divisions politiques et sociales importantes, générant un climat de tension civile aux États-Unis.
Un aspect important que je n’ai compris qu’une fois sur place, est le traumatisme psychologique durable subi par les survivants vietnamiens. Les conséquences de la guerre pouvaient encore être ressenties, avec des milliers de personnes souffrant de troubles post-traumatiques, de maladies causées par l'agent orange et de problèmes socio-économiques. Les infrastructures du pays ont été gravement endommagées, causant des difficultés économiques considérables.
Pendant la visite du musée de l’histoire militaire du Vietnam dans le centre de Hanoi en face du parc Lénine, pas loin du mausolée de Ho Chi Minh, j’ai trouvé le moyen de placer l’histoire de ma grand-mère à mes deux ados. Un peu par amour, un peu par devoir de transmission… un peu pour me raconter.
Un soir de 1969, j’avais surpris ma grand-mère pleurer devant la télévision (noir & blanc), c’était à cause des images de la guerre du Vietnam.
Mais, Grand-mère, ce sont des Nssara !
Lalla Rqya m’expliqua alors : une mère qui pleure son enfant souffre de la même façon quelle que soit sa religion.
Sont exposés dans le musée les prises de guerre contre les armées Chinoise, Française et Américaine, des récits en français et en anglais et des photos, beaucoup de photos…
A chaque fois que je voyais les photos de ces enfants brulés, je répétais : une mère qui pleure son enfant souffre de la même façon, quelle que soit sa religion. J’aime bien l’idée de garder ne serait ce qu’un peu de l’innocence du petit fils naïf que je fus.