International
La résistance palestinienne n’a pas commencé le 7 octobre – Par Samir Belahsen
Le congrès constitutif du Fatah s’est tenu au Koweit en octobre 1959, les palestiniens ont choisi de résister. L’Organisation de Libération de la Palestine a été créée en 1964.
“Créer, c'est résister. Résister, c'est créer.”
Stéphane Hessel / Indignez-vous !
“La guerre est l'acte par lequel un peuple résiste à l'injustice au prix de son sang.”
Henri Lacordaire / Pensées
Tout se passe dans les déclarations des resonsables israéliens et occidentaux ainsi que leurs relais médiatique comme si la résitance palestinienne a commencé le 7 octobre 2023. Or celle-ci est aussi ancienne que le conflit israélo-palestinien. Retour sur une résistance et sur sa notion dans l’éthique et le droit international.
Le droit international reconnaît le droit légitime des peuples à la résistance contre l'oppression et l'occupation étrangère. Cependant, les limites et les conditions de cette résistance sont soumises à des débats et des interprétations différentes.
Selon la Charte des Nations Unies, tous les peuples ont le droit à l'autodétermination, ce qui inclut la possibilité de résister contre les régimes oppressifs ou les occupations étrangères. L'article 1 de la Déclaration des Nations Unies sur les principes du droit international concernant les relations amicales et la coopération entre les États dispose que "tout État a le devoir de s'abstenir de recourir à la menace ou à l'emploi de la force [...] dans ses relations internationales, sauf dans les cas de légitime défense". Cependant, le terme "légitime défense" peut être interprété de différentes manières.
Certaines formes de résistance armée peuvent être considérées comme légitimes selon le droit international, notamment lorsque les droits fondamentaux d'un peuple sont violés et qu'il n'y a pas d'autres moyens de remédier à cette situation. Cela peut inclure la résistance contre l'occupation étrangère illégale ou l'oppression d'un gouvernement tyrannique.
Cependant, le droit international interdit les actes de violence indiscriminée, les crimes de guerre et les atteintes aux droits de l'homme. Les mouvements de résistance doivent donc respecter les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution dans l'utilisation de la force.
La résistance palestinienne a dû s’adapter à l’occupation et aux péripéties géopolitiques depuis la Nakba.
Le congrès constitutif du Fatah s’est tenu au Koweit en octobre 1959, les palestiniens ont choisi de résister. L’Organisation de Libération de la Palestine a été créée en 1964.
Yasser Arafat avait été élu président de son comité exécutif en février 1969, soit 2 ans après l'occupation de la Cisjordanie et de Gaza. En septembre 1972, un commando de fedayin prend en otage les athlètes israéliens aux Jeux Olympiques de Munich.
Jusqu’en 1976, la résistance palestinienne s'est focalisée sur des actions à l'extérieur de la Palestine.
La Journée de la terre
Le 19 février 1976, le gouvernement israélien annonce la confiscation de 2 500 hectares de terres appartenant à des palestiniens en Galilée. Ces derniers appellent à la grève générale le 30 mars.
L’intervention de l'armée sioniste transforme la grève en révolte : Six morts, une centaine de blessés et des centaines d'arrestations.
Le processus d'expropriation dans les territoires occupés s’est accéléré en Galilée et au Néguev. Chaque 30 mars en Palestine et ailleurs est fêtée la Journée de la terre.
Sabra et de Chatila
Après l'invasion du Liban et le siège de Beyrouth en août 1982, la direction palestinienne avait été évacuée de Beyrouth pour Tunis, dans les camps de Sabra et de Chatila, les milices libanaises tuent 1 500 réfugiés palestiniens, avec la complicité de l'armée israélienne.
Intifada
La première Intifada qui a pris la forme de « Révolte des pierres », débute dans le camp de Jabalya en décembre 1987 puis s’étend à Gaza et à la Cisjordanie.
La répression féroce : 400 morts, 25 000 blessés et 6 000 prisonniers. L'Intifada comme forme de résistance populaire a été singulière.
Elle a duré plus de 4 ans et a concerné l'ensemble des territoires occupés y compris Jérusalem-Est. Elle a usé plusieurs formes : manifestations, grèves et affrontements. Elle a suscité une large participation : ouvriers, paysans, commerçants, cadres et intellectuels et surtout beaucoup de jeunes.
Le gouvernement sioniste refuse toute négociation ce qui entraîne une certaine radicalisation de la Révolte des pierres, le Hamas croît .
La guerre du Golfe, la conférence de Madrid et les accords d'Oslo en1993 laissent croire à un débouché politique de l'intifada.
La poursuite de la colonisation, et l'échec des négociations en juillet 2000 débouchera sur la Seconde Intifada.
En septembre 2000, Ariel Sharon se rend sous protection policière sur l'Esplanade des Mosquées à Jérusalem, la seconde Intifada éclate plus violente.Au bout d'un mois, on comptait plus de 200 Palestiniens tués. L'intifada se militarise.
En janvier 2003, plus de 2 169 Palestiniens, des centaines d'hectares de terres confisqués. Le « Président » Arafat est assigné à résidence à la Muqata’a de Ramallah.
La militarisation de l'insurrection a démontré le soutien inconditionnel de l’occident qui a imposé l’isolement international des Palestiniens et de leur Président. Elle a aussi prouvé la capacité de résistance des Palestiniens .
Yasser Arafat meurt le 11 novembre 2004, dans des circonstances encore non élucidées. Mahmoud Abbas lui succède.
En 2008, 2009 et 2014, trois conflits majeurs opposent le Hamas à Israël, entraînant à chaque fois une opération militaire terrestre de l’armée sioniste.
Le 7 octobre 2023, le Hamas a lancé une nouvelle opération d’envergure. Des commandos se sont infiltrés dans plusieurs kibboutz et prenant en otages des centaines d’Israéliens, avant de les ramener dans la bande de Gaza.
C’est pour dire que l’histoire n’a pas commencé le 07 Octobre2023 et que la résistance n’a pas commencé avec le Hamas.
Le fait générateur de la résistance c’est l’occupation.