Les déçus du PJD et le Nihilisme de droite

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Nizar BARAKA, secrétaire général de l’Istqilal. « Dans toute démocratie l’opposition doit analyser les réalisations du gouvernement sortant, diagnostiquer le bilan et proposer au peuple les politiques et les mesures qu’elle juge utiles pour le pays. »

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Dans un article dans le Quid en date du 30 mars, La Baraka de Ssi Nizar, le chroniqueur Bilal Talidi s’en est pris au positionnement du secrétaire général du Parti de l’Istiqlal, Nizar Baraka, qui, estime-t-il, « semble ces jours-ci obnubilé par la question de « que faire ? » une fois chef du gouvernement », lui reprochant pratiquement de se positionner en alternative à Saad Dine El Otmani et de porter des réformes « plus grandes » que l’Istiqlal. Dans le site L’Opinion Des jeunes, média istiqlalien, le Dr Samir Belahsen réplique à cette chronique et précise : « Aucune réforme n’est plus grande que l’Istiqlal qui a été à la base de plusieurs réformes qu’il a su négocier et mener avec ses alliés avant même l’existence du PJD ». Une fois publiée, elle nous a été envoyée par un responsable de la presse istiqlalienne assortie de ce gentil mot : « Bonsoir cher ami en réponse à ton ami ». Dans l’intérêt du débat, le Quid reproduit cette réplique. 

«On n'apprend pas à sa mère à faire des enfants.»
Proverbe Français
  
 « Apprendre à mourir ?
A quoi bon, puisqu'on est certain d'y parvenir !
Apprendre à vivre, voilà la grande affaire ! »
André Comte-Sponville

 

Selon les dictionnaires, le nihiliste est celui qui opère une séparation entre les valeurs et les faits, qui proclame l'impossibilité de hiérarchiser les valeurs.

Le nihiliste baigne dans une sorte de scepticisme moral. Le nihiliste use de remise en question des causalités, intentionnalités et normativités de l'existence.

Pour Nietzche le nihilisme trouve son origine dans la modernité : socialisme, libéralisme et nationalisme.

Dans notre cas, il s’agit des déçus de l’expérience du PJD que l’on devrait qualifier de mouvement de droite, libérale économiquement, avec un discours moraliste et quasi populiste. Après dix ans de gouvernement, remplis de plus d’échecs que de réussites, ses militants comme ses sympathisants sont pour le moins gênés.

Certains essayent d’en défendre, quand même, le bilan en trouvant des excuses du genre le gouvernement ce n’est pas le pouvoir et par extension les prétendants à la représentation populaire ne pourront rien faire…

C’est un peu la démonstration que tente Mr Bilal Talidi sur les colonnes du Quid. D’habitude plus perspicace, cette fois plutôt incompréhensible.

D’abord, il s’étonne que le secrétaire général d’un parti d’opposition pose la question « Que faire ? », et qu’il tente de communiquer la réponse de son parti.

Que faire ?

C’est le livre de Lénine, écrit en 1902, le premier chapitre s’intitule : DOGMATISME ET "LIBERTE DE CRITIQUE". Une lecture que je conseille vivement.

Alors, c’est quoi le problème ?

Dans toute démocratie l’opposition doit analyser les réalisations du gouvernement sortant, diagnostiquer le bilan et proposer au peuple les politiques et les mesures qu’elle juge utiles pour le pays, on a coutume d’appeler cet exercice un programme de gouvernement.
 
Au centre de l’article de Mr Talidi, il nous résume à sa manière les positions prises par le secrétaire général du PI en 4 axes :

  1. L’ouverture du chantier des réformes politiques

  2. La rencontre sur le Rif

  3. Les critiques au gouvernement

  4. L’exposition du programme et l’abrogation du statut contractuel des enseignants.

Après ce résumé que je trouve plutôt élogieux d’un parti d’opposition qui joue son rôle, il n’apporte aucune critique sur le fond, Mr Talidi  en arrive à deux déclarations :
 

  1. Le champ exclusif du pouvoir : En résumé, il nous dit que les partis n’ont pas le pouvoir et l’Istiqlal est à la marge des rapports de force. Cette prétention est avancée sans aucune preuve, sans aucune explication.

  2. Pour les réformes proposées : la lutte contre la rente, il prétend  que le SG ne fait que « reproduire » (C’est le terme insolent que la traductrice a choisi) la rhétorique du…PJD. On peut avoir la mémoire courte mais à un certain niveau ça devient malhonnête.

  3. Des slogans plus grands que l’Istiqlal :


Aucune réforme, n’est plus grande que l’Istiqlal qui a été à la base de plusieurs réformes qu’il a su négocier et mener avec ses alliés avant même l’existence du PJD. Avec un peu d’objectivité, Mr Talidi aurait pu s’en rappeler et le rappeler…
 
En définitive, Mr Talidi n’a aucune critique à l’encontre de l’Istiqlal ou l’encontre de son secrétaire général, son problème c’est qu’il croit que si le PJD a échoué, on est tous condamné à échouer…

Alors, Que faire ?

- Pleurer,
- faire la révolution et revenir 60 ans ou 12 siècles en arrière
- ou bien aller voter et en masse pour changer l’avenir ensemble ?

Mr Talidi n’en dit mot. C’est ça le nihilisme.

Lénine comme Nizar ont eu le courage de répondre, leurs réponses peuvent être analysées et critiquées, Mr Talidi pas.