Un Cas par Karim : Le cas Poutine

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Vladimir le terrible en Tsar incontestable et incontesté… par des oligarques prompts à l’obséquiosité

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Le cas du président russe Vladimir Poutine est à la fois fascinant et dramatique. Fascinant tout d’abord, parce qu’un jeune dirigeant - 50 ans à l’époque -, déterminé, énergique et ambitieux vient, en quelques années, sauver un grand empire chancelant, agonisant, en total éclatement. Dramatique ensuite parce que avec l’usure du pouvoir, le jeune président moderne, libéral et avec des parures démocratiques laisse sa place à un Tsar dur, froid, autoritaire, loin de sa population et loi du monde.

Et c’est pratiquement sans surprise. Vladimir Poutine finit par répondre au pied de la lettre au portrait du dictateur du 20ème et 21ème siècle. Le schéma psychologique est le même que l’on avait déjà chez d’autres… Napoléon, Hitler, Staline, Saddam, Kadhafi… Esprits pour certains certes brillants, mais qui, sous le poids des ans et de l’exercice en solitaire du pouvoir ont fini par sombrer dans la paranoïa et le narcissisme.

A partir de 2008, le président de la fédération russe opère un grand virage. Pour les observateurs avertis, ce tournant est plus psychologique que géostratégique. Convaincu qu’il n’était entouré que d’ennemis, Poutine veut ressusciter l’empire communiste totalitaire. Il veut que le monde tremble face à Moscou. Et c’est ce qu’il s’emploie à faire, à coups d’humiliations et d’affronts, à chaque fois qu’il reçoit un chef d’Etat occidental. Si l’Union soviétique est morte, le cadavre bouge encore et Vladimir le terrible veut le réanimer, lui donner une nouvelle vie, un nouveau visage, de nouvelles forces…Tel Victor Frankenstein dans le roman de Mary Shelly, Poutine a fabriqué sa créature, son montre… Et il le lance à la reconquête d’un passé qu’il croit glorieux.

Et c’est là où la machine (psychique) se grippe. Le président russe nie le présent, conteste la réalité, ne se contente plus de « faire l’histoire », mais veut lui-même la rédiger. En fanfare, sous un déluge de feu et d’acier. Dans un mélange d’intelligence et de cynisme, il toise d’en haut le Monde, son monde, en lui assénant que tout ce qui est à Poutine est à Poutine, et tout ce qui est aux autres est négociable. Vieille maxime  tyrannique qui a conduit, à travers les siècles, des dizaines de dictateurs à leurs pertes et à la dislocation de leur Empires…  

Aujourd’hui, ce passé que Vladimir Poutine veut revivifier nous ramène et le ramène lui surtout en l’an 1945. Il veut dénazifier des contrées où il n’y a pas de nazis. Il veut démilitariser des pays quasi désarmés, il veut bouter hors du pouvoir des pseudos toxicomanes démocratiquement élus par leurs peuples, il veut en 2022 prendre Kiev comme Staline, 1945 prenait Berlin… 

Habité par un sentiment démesuré de supériorité, replié sur lui-même, persuadé qu’on lui veut du mal, Poutine, comme tous les dictateurs avant lui, voit peu de gens ou voit souvent les mêmes, un cercle d’obligés, un carré de courtisans, une brochette d’oligarques qui voient en lui un Tsar incontestable et incontesté…

Et c’est là où réside sa faiblesse. Et c’est par là que surviennent les fins de règne qui souvent arrivent avant la fin du monde…