Violé, le plaignant, homosexuel, devrait être en prison - ainsi va le Maroc

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Dans le cadre d’une procédure judiciaire en cours, suite à une plainte pour tentative de viol, l’avocat de la défense s’est distingué de bien piteuse manière. « Le plaignant reconnait qu’il est homosexuel et ce n’est pas lui que l’on arrête, dans quel pays sommes-nous » a-t-il posté sur internet. Tout simplement attentatoire aux simples droits humains, cela signifie qu’un homosexuel ne peut même pas dénoncer un viol, face auquel il n’aurait que le droit de se taire.

Que ledit avocat, Mr El Marouni, soit connu comme un islamiste baignant dans un courant de pensée religieuse, n’a que peu d’importance. Ce courant existe au sein de la société, s’exprime régulièrement, ce qui est normal parce que l’homophobie existe dans toutes les religions.

Néanmoins, le drame c’est que c’est un avocat, censé être un défenseur des droits, qui s’exprime ainsi. Pire, ni l’ordre des avocats, ni son propre bâtonnier ne l’ont rappelé à ses devoirs premiers, puisqu’il prône la privation du droit à ester d’une population qu’il stigmatise.

Les différentes associations de droits de l’homme ont opté, à ce jour, pour le mutisme. Cela laisse un goût amer. De telles structures ne doivent pas s’embarrasser de questions d’opportunité politique, mais promouvoir des principes immuables de défense des droits. Là on dénie à un individu, par la voix d’un auxiliaire de Justice en plus, le droit de déposer plainte, en raison de son inclinaison sexuelle. Et cela n’émeut pas les militants des droits de l’homme plus intéressés par la profession de l’accusé et son profil.

C’est une séquence qui met à nu toutes les tares d’une société, remplie de contradictions, préférant l’hypocrisie sociale à la confrontation des idées et permettant, au final, l’éruption d’horribles « positions ».

L’homophobie est combattue par toutes les sociétés démocratiques depuis des décennies. Les avancées ne sont pas au même niveau. Si l’homosexualité a été dépénalisée et la stigmatisation judiciarisée un peu partout, les droits accordés sont très variables d’une société à l’autre. Et comme on l’a vu pour le mariage, c’est souvent au prix d’une confrontation sévère que ces avancées sont réalisées.

L’homosexualité a existé dans toutes les civilisations humaines répertoriées. Des philosophes, des artistes, de grands médecins, écrivains, scientifiques, Alexandre le grand, avaient cette préférence sexuelle, cela ne les a pas empêchés d’apporter leur pierre à l’édifice de l’humanité.

Les choix sexuels relèvent de la sphère intime et ne doivent déboucher sur aucune stigmatisation. Ce qui doit être combattu c’est la pédophilie.

C’est en défendant ces principes de base de l’Etat de droit que l’on fait avancer les sociétés, que l’on guérit les tares. Pas par les discours de la haine.

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