Cinéma, mon amour ! de Driss Chouika - ''ROAR'' LE FILM LE PLUS DANGEREUX DANS L’HISTOIRE DU CINEMA

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« Roar » aura été, à tous points de vue, un film exceptionnel, depuis son idée de départ, jugée saugrenue et irréaliste, jusqu’au choix bizarre de n’utiliser aucun éffet spécial, ni en tournage ni en post-production, ni l’emploi d’animaux domptés et dressés

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Cinéma, mon amour ! '' de Driss Chouika - LA NOSTALGIE DES PREMIERS  TELEFILMS

« Le bon film est un accident, un croc-en-jambe au dogme. Et ce sont quelques-uns des films qui méprisent les règles, de ces films hérétiques, de ces films maudits que nos prétendons défendre ». Jean Cocteau.

« Roar », le film de Noel Marshall (sorti en 1981) est l’un des films les plus atypiques dans l’histoire du cinéma. Son idée était venue à Noel Marsall et sa compagne Tippi Hedren (l’actrice principale du mythique “Les oiseaux“ de Hitchcock, 1963) quant ils se sont épris de la brousse africaine et sa vie sauvage. Ils étaient tombés sur une maison abandonnée dont une tribu d’une trentaine de lions avaient pris possession, et cela leur avait donné l’idée de faire un film sur le sujet. Ils avaient ainsi lancé la production du film “Roar“, entreprise folle qui allait leur coûter 6 ans de travail acharné, dont 5 ans d’un tournage dur et difficile, un budget de pas moins de 17 millions de dollars et un flop total lors de sa première sortie en salles aux Etata-Unis (seulement 2 millions de dollars de revenus !). Pourtant, cela ne l’a pas empêché de devenir un film culte dans toutes les communautés des cinéphiles à travers le monde. Et ses diverses ressorties à travers le monde, après sa restauration en 2014, ont été un succès.

UN FILM EXCEPTIONNEL

Son histoire est bien simple : Madeleine emmène ses enfants dans la jungle africaine pour aller voir son mari Hank, dont elle est depuis longtemps séparée. Hank est un scientifique excentrique qui s'est toujours battu pour la défense d'espèces en danger.

La diffuculté principale est venue du choix de Noel et Tippi de tourner avec des animaux à l’état naturel sauvage, domestiqués et apprivoisés mais non dressés. N’ayant pas pu tourner en Afrique, Hedren avait acheté un ranch dans les environs de Los Angeles, y avait fait reproduire le même décor naturel africain qu’elle avait connu. Puis, elle avait réuni toute une colonie de fauves, lions, tigres, guépards et éléphants..., qu’elle avait laissé vivre librement dans cet habitat naturel reproduit sur le modèle africain, arbres et maisons.

« Roar » aura été, à tous points de vue, un film exceptionnel, depuis son idée de départ, jugée saugrenue et irréaliste, jusqu’au choix bizarre de n’utiliser aucun éffet spécial, ni en tournage ni en post-production, ni l’emploi d’animaux domptés et dressés. Le tournage dans des conditions animalieres naturelles a fini par coûter à la production des blessures diverses à pas moins de 70 membres de l’équipe, dont Noel Marshall lui-même qui avait attrapé la gangrène des suites d’une morsure de lion, le directeur de la photographie Jan de Bont avait eu 220 points de suture après avoir été scalpé, Tippi Hedren elle-même s’était cassé la jambe et sa fille Mélanie Griffith, alors encore adoléscente, avait subi une chirurgie réparatrice après avoir été grièvement blessée au visage…

Le tournage, programmé initialement sur une durée maximale de six mois, avait finalement duré six ans ! Commencé au début 1974, il n’a pu prendre finalement fin qu’en 1980. Le budget de production, ayant été initialement estimé à un million de dollars environ, a fini par dépasser les 17 millions de dollars.

Aussi, ce n’est pas pour rien que la presse a fini par reconnaître, à l’unanimité, qu’il s’agit bel et bien du « film le plus dangereux de l'histoire du cinéma », eu égard des choix excentriques de ses producteurs de tourner avec des animaux à l’état naturel pure en refusant de recourir à tout animal dressé et à tout dresseur professionnel d’animaux !

Par ailleurs, après la fin du tournage, tous les animaux du film ont continué de vivre le plus naturellement du monde dans l’espace aménagé par Tippi Hedren. Ils y vivent en un “lieu de paix et d’harmonie“, comme le signifie le nom de la réserve qu’elle leur a aménagé: Shambala.

UNE CURIOSITE EXOTIQUE

Finalement, de l’avis de plusieurs critiques de cinéma, « Roar » aura été l’une des plus atypiques curiosités exotiques dans toute l’histoire du cinéma, une expression bien significative d’une époque, les années 60 et 70, avec ses délires et ses excès. Cet exotisme aura certainement fait date, et jamais on ne retrouvera cette folie collective qui ne pouvait prendre corps que lors d’un tournage encore imprégné des idées saugrenues de ces années-là. Les conditions objectives des années 80 avaient mis fin à ces illusions folles de voir la nature continuer à briller dans les feux d’un exotisme brutal et sauvage.

Mais, pour une bonne partie des critiques, ainsi va un certain cinéma, une sorte de parc d’attractions où l’homme a toujours voulu dépenser sans compter pour un rêve illusoire, mais où la nature finit toujours par reprendre le dessus et imposer sa vraie nature. N’empêche que Jean Cocteau a eu bien raison de dire : « Le bon film est un accident, un croc-en-jambe au dogme. Et ce sont quelques-uns des films qui méprisent les règles, de ces films hérétiques, de ces films maudits que nos prétendons défendre ».