Cinéma, mon amour de Driss Chouika - ''LE DERNIER EMPEREUR'', UNE DES PLUS PRESTIGIEUSES FRESQUES DANS L’HISTOIRE DU CINEMA

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Ce n’est pas par hasard que « Le dernier empereur » a raflé autant de Prix et a eu un succès public retentissant à sa sortie en 1987. Cela est dû principalement à sa grande profondeur historique et humaine, basée sur des faits d’une richesse éblouissante et habillée par une esthétique haute en couleurs sur tous les plans

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Cinéma, mon amour de Driss Chouika : LE CINEMA NATIONAL DE LA ''RICHESSE''  A UNE ''PAUVRETE '' THEMATIQUE ET ESTHETIQUE 

« J'accepte toutes les interprétations de mes films. La seule réalité est devant la caméra. Chaque film que je fais est pour moi une sorte de retour à la poésie, ou du moins une tentative de créer un poème ». Bernardo Bertolucci. 

L’un des rares films ayant été le plus largement récompensés par les plus prestigieux prix à travers le monde, notamment neuf Oscars dont ceux de Meilleur Film, Meilleur Réalisateur et Meilleure photographie pour Vittorio Storaro, trois BAFTA (Prix de la British Academy of Film and Television) dont celui de Meilleur Film, trois Golden Globes dont celui de Meilleur Film Dramatique et Meilleur Réalisateur, César du Meilleur film étranger, 09 “David di Donatello“ (Prix de l’Académie du Cinéma Italien) dont celui de Meilleur Film et Meilleur réalisateur, une quantité impressionnante de prix à travers plusieurs festivals internationaux, et la liste est bien longue, “Le dernier empereur“, de Bernardo Bertolucci, est un véritable film culte pour les cinéphiles du monde entier. Cette fresque historique a bien confirmé, après “Le conformiste“ et “1900“, que Bertolucci est un réalisateur avec de grands talents d’esthète et de directeur de comédiens.

Et, justement, l’esthétique est bien riche et saisissante dans ce film aux grandioses scènes, comme celle du couronnement du “petit empereur“ dans les décors réels de la “Cité Interdite“, ou encore celle du défilé des jeunesses maoïstes. Côté jeu de comédiens, la direction est impressionnante de justesse et de vérité sur les plans humain et émotionnel. D’ailleurs, Bertolucci a lui-même confirmé que « Quand je tourne, j'essaie de sentir le corps et le visage et le poids de l'acteur, car le personnage jusqu'à ce moment-là n'est que dans les pages du scénario. Et très souvent, je tire de la vie de mes acteurs. Je suis toujours curieux de savoir ce que ces personnages et ces acteurs cachent de leur vie ».

« Le dernier empereur » compte aussi parmi les plus grandes  “superproductions“ non américaines jamais réalisées. C’est une coproduction italo-anglo-franco-chinoise dont le budget a atteint près de quatre millions de dollars. Son tournage a duré neuf mois et nécessité l’emploi de 20000 comparses, 9000 costumes d’époque et plus de 300 techniciens spécialisés, italiens, anglais et chinois.

Ce film aura été également la première œuvre cinématographique occidentale à avoir reçu l’autorisation de tourner dans la mythique “Cité Interdite“ et à avoir eu une totale collaboration des autorités chinoises depuis la révolution de 1949. Bernardo Bertolucci avait au départ proposé deux projets : le premier inspiré de l’autobiographie de l’empereur déchu “Pu Yi“ et le deuxième allait être une adaptation de “La condition humaine“ d’André Malraux. Les autorités chinoises avaient alors préféré “Le dernier empereur“ et accepté de le coproduire.

PROFONDEUR HISTORIQUE ET HUMAINE

Ce n’est pas par hasard que « Le dernier empereur » a eu un succès public retentissant à sa sortie en 1987. Cela est dû principalement à sa grande profondeur historique et humaine, basée sur des faits d’une richesse éblouissante et habillée par une esthétique haute en couleurs sur tous les plans : photographie, décors et costumes, jeu d’acteurs, musique...

L’histoire du film, universellement connue, peut être résumée ainsi : A Pékin, en 1908, alors qu’il n’est âgé que de 2/3 ans, le jeune Pu Yi est enlevé à sa mère et conduit à la fameuse “Cité Interdite”. A la mort de l’impératrice, l’enfant est proclamé Empereur de Chine. C’est ainsi que commence le prodigieux destin du Dernier Empereur, qui, de l’apprentissage du pouvoir au déclin du grand empire chinois face aux bouleversements du monde, allait vivre la guerre, la révolution, la prison et l’exil.

La grandeur du film ne se résume pas dans la grandeur de son histoire, mais dans la subtilité de son traitement, la beauté de son esthétique et sa profonde analyse politico-humaine, retraçant avec brio cette supposée grande existence d’un empereur que des conditions particulières ont finalement rendue pénible et bien dure. Le réalisateur a su parfaitement raconter cette fabuleuse destinée, à la fois historique et lyrique, d’une manière précise et saisissante, faisant vivre le spectateur au coeur palpitant du climat sensationnel des rites et intrigues qui ont rythmé la vie, hors du commun, dans la mythique “Cité Interdite“.

UNE CONSTRUCTION NARRATIVE JUDICIEUSE

Outre son traitement et son esthétique remarquables, ce film est construit, à la manière d’un puzzle, selon une structure complexe, combinant astucieusement le présent et le passé par l’emploi d’une série de flashbacks, permettant de découper le récit en plusieurs parties qui alternent dans une parfaite symbiose. C’est ainsi que, à titre d’exemple, les scènes de la rééducation de l’empereur déchu alternent avec les scènes de sa jeunesse dans la “Cité Interdite“.

Cette technique, développée d’une manière bien sophistiquée par Bertolucci, rappelle le procédé similaire utilisé par Max Ophuls dans nombre de ses films dans les années 30/40. Sauf qu’ici, ce procédé a été enrichi par les développements techniques et esthétiques des années 80 et bénéficié de l’astucieuse et inégalable construction narrative du talentueux Bertolucci qui a parfaitement raison en affirmant que : « Au départ, il y a toujours la mémoire et l’expérience personnelle. Le film, ensuite,  brûle tout ce qui est derrière et il existe pour lui-même ».

Un véritable régal pour le regard et l’esprit. 

FILMOGRAPHIE SÉLECTIVE DE BERNARDO BERTOLUCCI (LM)

« Les recrues » (1962) ; «  Prima della rivoluzione » (1964) ; « La stratégie de l’araignée » (1970) ; « Le conformiste » (1970) ; « Le dernier tango à Paris » (1972) ; « 1900 » (1975) ; « La luna » (1979) ; « La tragédie d’un homme ridicule » (1981) ; « Le dernier empereur » (1987) ; « Un thé au Sahara » (1990) ; « le ciel qui s’abrite » (1990) ; « Little Buddha » (1993) ; « Beauté volée » (1996) ; « Assiégé » (1998) ; « Les rêveurs » (2003) ; « Moi et toi » (2012).

DRISS CHOUIKA

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