Cinéma, mon amour de Driss Chouika: COSTA-GAVRAS LE MAÎTRE INCONTESTABLE DU CINÉMA POLITIQUE

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Le cinéma est une arme. Une arme pour réveiller les consciences". Ses films suivants ‘’Z’’, comme « L'Aveu » et « État de Siège », continuent sur cette lancée, explorant des thèmes comme la torture, la manipulation politique et les dérives des régimes fascistes et totalitaires

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« Vous ne pouvez changer la vision politique des gens avec un film, mais vous pouvez au moins engendrer une discussion politique ».

Costa-Gavras. 

Né le 13 février 1933 à Loutrá Iréas en Grèce, dont le père est originaire d’Odessa en Russie, Konstantínos Gavrás, connu sous le pseudonyme de Costa-Gavras, est un réalisateur franco-grec, Président de la Cinémathèque Française de 1982 à 1987 puis de 2007 à nos jours, Président d’Honneur de la Fondation Gan pour le Cinéma qu’il a contribué à créer, lauréat de l’Institut des Hautes Etudes Cinématographiques de Paris (IDHEC), Il fait partie des 45 administrateurs de l'Académie des Césars, Prix du Jury au Festival de Cannes et Oscar du Meilleur Film Etranger pour “Z“, Palme d’Or au Festival de Cannes et Oscar du Meilleur scénario adapté pour “Missing“, et une quantité incroyable de Prix d’Honneurs pour toute sa carrière dans divers festivals prestigieux. Avec sa trilogie “Z“, “L’aveu“ et “Etat de siège“, il devient le Maître incontestable, voire absolu, du cinéma politique.

En raison des opinions politiques de son père, il a été obligé de fuir la dictature de Athènes à l'âge de 19 ans et rejoint Paris pour pouvoir continuer ses études. Il a dit à propos de cela « Ma vie en France commence véritablement le 5 octobre 1955. J'ai débarqué à 9h30 du matin à Paris, gare de Lyon. Quitter la Grèce à cette époque , pour moi , ce n'était pas mourir un peu, comme dit le poète, mais renaître. C'était fuir la misère économique dont on peut à la rigueur s'accommoder, mais surtout fuir cette misère où tout projet et tout espoir est impensable. Partir c'était aller vers la lumière ». Je lui dédie cette chronique à l’occasion du César d’Honneur pour l’ensemble de sa carrière qu’il va recevoir le 28 février 2025 lors de la cérémonie des Césars.

LE MAÎTRE INCONTESTABLE DU CINÉMA POLITIQUE

Ainsi, fuyant le régime fasciste des colonels de son pays pour s’installer en France, il a pu développer une carrière cinématographique marquée par un engagement sans faille envers la justice sociale et la dénonciation des abus de pouvoir, devenant le maître incontestable du cinéma politique. Son style, à la fois percutant et accessible, a fait de lui une figure majeure du cinéma mondial.

Il a débuté sa carrière à la fin des années 1960, à une époque où le cinéma était un moyen puissant pour questionner les structures politiques et sociales, son premier grand succès, « Z », est un film-choc qui dénonce la dictature des colonels en Grèce. Le film est un mélange habile de thriller et de pamphlet politique. Comme le dit Gavras lui-même : "Le cinéma est une arme. Une arme pour réveiller les consciences". Ses films suivants, comme « L'Aveu » et « État de Siège », continuent sur cette lancée, explorant des thèmes comme la torture, la manipulation politique et les dérives des régimes fascistes et totalitaires. Ces œuvres ont souvent été critiquées pour leur partialité, mais elles ont aussi été saluées pour leur courage et leur capacité à susciter le débat.

Le style de Costa-Gavras est souvent décrit comme direct et efficace. Il utilise des techniques de montage rapide, des plans serrés et une narration linéaire pour maintenir le spectateur en haleine. Dans « Z », par exemple, le montage saccadé et les mouvements de caméra dynamiques reflètent l’urgence et la tension politique du sujet.

Cependant, Gavras ne sacrifie jamais la clarté au profit de l’esthétique. Ses films sont accessibles à un large public, ce qui a parfois conduit à des critiques de la part de ceux qui considèrent son approche comme trop simpliste. Pourtant, cette accessibilité est précisément ce qui rend son message si puissant. Comme le note le critique de cinéma Roger Ebert : "Costa-Gavras ne fait pas de cinéma pour les élites. Il fait du cinéma pour les gens, et c’est ce qui le rend si dangereux pour les pouvoirs en place". 

ENTRE ADMIRATION ET CONTROVERSE

Les films de Costa-Gavras ont souvent suscité des réactions passionnées. « Z » a été interdit dans plusieurs pays, tandis que « Missing », qui explore le rôle des États-Unis dans le coup d’État chilien de 1973, a été accusé de partialité anti-américaine. Pourtant, ces controverses n’ont fait que renforcer l’importance de ses œuvres dans le débat public. Gavras a fortement influencé une génération de cinéastes engagés, des réalisateurs comme Ken Loach et Oliver Stone reconnaissent son impact sur leurs œuvres. Son approche, qui mêle divertissement et message politique, reste un modèle pour ceux qui cherchent à utiliser le cinéma comme outil de changement social. Costa-Gavras est ainsi bien plus qu’un réalisateur. C’est un témoin de son temps, un artiste engagé qui a su utiliser le cinéma pour éclairer les zones d’ombre de l’histoire et de la politique. Son style, à la fois percutant et accessible, a permis à ses films de toucher un public large et diversifié, tout en provoquant des débats essentiels.

Et comme il l’a lui-même précisé : "Le cinéma ne change pas le monde, mais il peut changer les gens, et ce sont les gens qui changent le monde". À travers ses films, Costa-Gavras a incontestablement changé la façon dont nous voyons le monde, et son héritage continue d’inspirer les générations actuelles et futures.

FILMOGRAPHIE SÉLECTIVE DE COSTA-GAVRAS

« Un homme de trop » (1967) ; « Z » (1969) ; « L’aveu » (1970) ; « Etat de siège » (1973) ; « Section spéciale » (1975) ; « Clair de femme » (1979) ; « Missing » (1982) ; « Hanna K. » (1983) ; « Conseil de famille » (1986) ; « La main droite du diable » (1988) ; « La Petite Apocalypse » (1993) ; « Mad City » (1997) ; « Amen » (2002) ; « Le couperet » (2005) ; « Eden à l’Ouest » (2009) ; « Le Capital » (2012) ; « Adults in the Room » (2019) ; « Le dernier souffle » (2024).

 Réalisateurs , Ken - Loach

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