Le Malhoun au Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité de l’UNESCO, le travail de longue haleine de l’Académie du Royaume

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Majda El Yahyaoui a animé une prestation en live à la tête d’une troupe d’artistes marocains lors d’un imposant side-event

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Par Naïm Kamal (avec MAP)

Paris - Le Malhoun a été inscrit, ce mercredi, sur la liste du Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité lors de la 18ème session du Comité Intergouvernemental de Sauvegarde du Patrimoine Culturel Immatériel de l’UNESCO, qui se tient du 04 au 09 décembre à Kasane, en République du Botswana.

Le travail assidu de l’Académie du Royaume

Cette inscription a été possible grâce au travail de longue haleine qui a été entamée il y a six ans par l’Académie du Royaume du Maroc. En 2017, l’Académie a constitué un comité d’une cinquantaine de chercheurs dans le domaine du Malhoun qui ont mené un travail scientifique de collecte et d’archivage d’œuvres majeures de grands maîtres du cet art. 

Cette action n’est pas venue de nulle part. Elle s’est fondée sur le travail effectué depuis les débuts de l’indépendance par l’illustre feu Mohamed El Fassi, ancien ministre de l’Education et la culture, ancien enseignant au Collège Royale et membre de l’Académie du Royaume.  

Le 18 mai 2017, l’Académie a organisé une journée d’étude dédiée à l’art du Malhoun, pour accompagner la parution du 10ème recueil dédié à cet art dans le cadre d’une collection conçue et éditée par l’Académie.

Le premier recueil édité dans le cadre de cette collection était dédié à l’éminent poète Abdelaziz Maghraoui. Neuf autres ont suivi, fruit d’un travail considérable des membres de ce comité qui s’est attelé à répertorier les «qçaïds ».

Vidéo de l’Académie : Le Malhoun, un patrimoine poético-musical

La réalisation de ces recueils poétiques s’était dès début inscrit dans un projet plus large : celui de « l’encyclopédie du Malhoun », mené avec la contribution des ‘chioukhs’, ‘mounchidines’ et poètes marocains investis pour assurer la transmission de cet art ancestral aux générations montantes et permettre au public d’apprécier des œuvres appartenant à des poètes méconnus et traitant de thèmes différents.

Cette encyclopédie sera également enrichie par plusieurs études réalisées par des chercheurs marocains de différentes régions du Royaume.

Auparavant, un comité d’experts de l’Académie a sillonné le Royaume pour collecter les ‘’qçaids’’ qui ont servi à la réalisation d’un documentaire audiovisuel (voir vidéo) et un dossier bien ficelé transmis ensuite au ministère de la Culture en vue de son inscription sur la liste de l’UNESCO.

Le Malhoun enfin à l’UNESCO

Né dans la région de Tafilalet, dans le sud-est du Maroc, cet art s’est d’abord développé au sein des zaouïas de la région, puis s’est progressivement répandu et a atteint les grandes villes où il était principalement accueilli et interprété au sein des corporations d’artisans des villes anciennes.

La Dossier «Le Malhoun, un art poético-musical populaire» fait partie des 45 nouvelles candidatures examinées lors des travaux de cette 18ème session du Comité, indique un communiqué de la délégation permanente du Maroc auprès de l’UNESCO.

Son inscription sur la liste du Patrimoine Culturel Immatériel constitue “une reconnaissance par la Communauté internationale des efforts déployés par le Royaume, conformément aux orientations royales, pour la préservation et la promotion du Patrimoine culturel marocain, avec la contribution active des communautés d’artistes marocains ayant œuvré à la transmission de génération en génération de cette forme d’expression artistique poético-musicale populaire marocaine séculaire”.

Grâce aux sagesses transmises par ses poèmes, le Malhoun constitue la mémoire qui construit l’histoire du Maroc et le trait d’union entre son passé et son présent, rendant nécessaire voire primordiale sa promotion continue et future en le considérant comme point de départ d’un parcours intellectuel reliant les différentes époques du Royaume, relève le communiqué.

La célébration de l’inscription du Malhoun a été marquée par la remise à l’UNESCO par la Délégation marocaine d’un coffret de l’anthologie du Malhoun qui inventorie l’élément sur toutes les régions du Maroc, note-t-on de même source.

Elle a été agrémentée par une prestation en live de la célèbre chanteuse marocaine, Majda El Yahyaoui, à la tête d’une troupe d’artistes marocains qui a également animé un imposant side-event auquel ont pris part de nombreux participants, ajoute le communiqué.

Outre ce side-event, les différents chefs de délégations, experts internationaux et participants ont pu également apprécier durant toute la période de la session le stand marocain accueillant une exposition vivante du savoir-vivre et savoir-être marocains : cérémonie de thé à la menthe en continue, gâteaux traditionnels marocains, habits traditionnels, éléments de décorations reflétant les savoir-faire marocains, gastronomie marocaine, etc. En somme, des éléments de l’hospitalité marocaine qui puise dans les valeurs et les connaissances du patrimoine culturel immatériel du Maroc.

Une deuxième consécration du patrimoine immatériel marocain a également marqué les travaux de la 18ème session du Comité avec l’inscription d’un autre élément présenté en dossier commun avec les Etats arabes, à savoir «Les arts, savoir-faire et pratiques associés à la gravure sur métaux (or, argent et cuivre)» dont le Royaume fait partie des Etats soumissionnaires.

“Le Malhoun est un patrimoine traditionnel ancien mais il a su très bien s’adapter aux changements de la société marocaine. Je suis sûr qu’avec cette inscription il y aura un regain d’intérêt pour ce genre musical et que les plus jeunes, en particulier, s’y intéresseront et lui donneront un élan nouveau, ce qui ne pourra qu’en assurer la sauvegarde durable”, a déclaré Eric Falt, Directeur du Bureau de l’UNESCO pour le Maghreb, dans une vidéo sur le réseaux social X.

“Félicitations chaleureuses à tous ceux qui ont porté ce dossier d’inscription auprès de l’UNESCO”, a-t-il dit.

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