L’Alhambra d’Edhem Eldem, une histoire qui commence à l’Académie du Royaume…

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L’Alhambra, la huitième merveille du monde

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Une photographie datée de 1912, représentant un Arabe dans son costume traditionnel posant dans le coin d’une salle ou d’une cour de style mauresque, est à l’origine cet ouvrage d’Edhem Eldem*. Au départ, si l’image « et son contexte provoquèrent » l’intérêt et la curiosité de l’auteur, elle fut apparemment insuffisante pour le décider à se lancer dans une recherche systématique susceptible d’approfondir le sujet.

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Edhem Eldem à l’Académie du Royaume du Maroc

Ce qui le décida quelques années plus tard à poursuivre de manière sérieuse et systématique l’enquête sur les aventures andalouses de Khalīl Djawād al-Khālidī, l’homme de la photo, c’est la découverte grâce à une collègue que cette photo était un vrai-faux. Le collègue et ami, Avinoam Shalem, historien de l’art, lui démontra qu’il ne « s’agissait pas d’un coin de l’Alhambra mais du décor d’un studio de photographe, ainsi que le prouvaient les cheminées au-dessus de l’auvent », mitoyen du site.  

La deuxième découverte qu’il fit « et dont l’impact s’est ressenti encore plus fortement sur la tournure que devaient prendre [ses] recherches était tout à fait dans [son] registre, puisque essentiellement textuelle. Khālidī ayant clairement indiqué [sur le dos de sa photo] qu’il avait inscrit son poème dans le ‘’registre des visiteurs de l’Alhambra’’ ». Edhem Eldem se mit en quête de ce document qu’il a pu exploiter, pour le bonheur des lecteurs, avec le miracle que peut produire Internet quand il contient l’information recherchée.

Mais il n’en résulta qu’une « série d’articles qui, par des angles légèrement différents, abordaient la question dans un cadre essentiellement ottomane. C’est à l’invitation qui lui « fut faite en 2018 par l’Académie du Royaume du Maroc [qu’il doit] la chance et l’encouragement d’avoir poussé ce projet au-delà de ses limites ottomanes. J’avais été invité pour présenter les travaux que je venais de publier, écrit-il, portant donc sur la dimension ottomane de la question ; j’en profitai pour évoquer la présence fort importante de visiteurs maghrébins, surtout marocains, phénomène que je n’avais fait qu’effleurer dans mes articles. Le fait de parler de ce sujet dans une institution chérifienne, devant un public majoritairement marocain et sous une magnifique coupole andalouse me convainquit de ce que je ne pouvais désormais plus passer à côté de l’occasion d’élargir mon enquête afin de la rendre aussi inclusive et exhaustive que possible. »

L’encouragement de Abdejlil Lahjomri, Secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume, qui « m’incita à élargir ma perspective, écrit-il, pour atteindre les proportions que l’on voit et qui, au lieu de se contenter du texte de ma conférence, accepta de s’engager dans une coédition de cet ouvrage avec les Belles Lettres ». 

Le soutien logistique de cet institution tant au niveau de la recherche que de l’édition, a donc débouché, sur cet ouvrage de 542 pages qui revient dans une approche originale sur l’histoire de l’Alhambra, redonnant vie à la fascination que le monument nasride, une merveille architecturale qui enflamma les esprits, exerça profondément sur les historiens, les romanciers et les architectes.

*Edhem Eldem, né le 2 mars 1960 à Genève est un historien turc spécialisé en histoire ottomane et turque. Il tient une chaire d’histoire dans cette discipline au Collège de France

L’Alhambra à la croisée des histoires, Ed. Les Belles Lettres

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