Après un premier livre, voici donc le deuxième. Ilham Azghari, médecin, avait publié "L'internat, Morceaux de vie dans les coulisses du CIH Ibn Sina" (Ed. la Croisée des Chemins, Casablanca, 2022). Elle avait alors décrit un monde particulier, une sorte d'écosystème mettant en relief une certaine vie sociale dans une institution de santé. La voilà aujourd'hui qui change de registre avec cette fois un roman, "Amour c'est Toi" (Ed. Bouregreg, Rabat, 2024, 262 p).

Une vie, des tourments d'une jeune femme Leila. Victime d'une agression un soir, elle se réfugie chez des proches, Ali son cousin et son épouse Lamia. Un Cocon, un sanctuaire affectif pour l'aider à surmonter cette épreuve un choc. Elle mettra des semaines et des semaines à tenter de s'en remettre. Un parcours passablement laborieux, anxiogène aussi. S'opère alors en elle, au-delà de ce fait de violence, un long cheminement de vie intérieure avec ses personnages, ses élans de cœur, ses inhibitions et ses interrogations existentielles. Vivre c'est quoi ? De quoi reprendre à sa manière cette problématique de Camus sur le sens et la portée de notre existence sur terre... Leila se met à nu, si l'on ose dire: elle se réexplore avec comme levier la douleur qu'elle porte en elle et qui ne la quitte pas.

Un livre avec plusieurs facettes: celle d'une société avec ses son référentiel; celle aussi d'un tableau multiforme de psychologie sociale - le couple, le mariage, la famille, etc. Cette introspection va avoir un effet bénéfique: celui de la tirer vers le haut une thérapie dont les ressorts les plus profonds sont finalement dans son for intérieur. C'est la voie de l'apaisement qui lui permet de surmonter son traumatisme. Au fond, Leila c'est la quête permanente de l'amour, comme si était orpheline à cet égard : des portraits défilent dont un en particulier  qui marquent hante ses rencontres. Elle reste au milieu du gué, dira-t-on, aimant sans arriver à exprimer ses sentiments. Elle aime ... 1'amour - il reste platonique dans cet ouvrage; elle se confesse ainsi aux lecteurs, pas à celui qui hante ses jours et ses nuits.

Ce roman recourt à deux types d'écriture: le récit bien sûr, mais également, ponctuant les pages suivant les séquences, une sorte de "voix off" où Leila se laisse aller, se lâche, livrant au plus près ses sentiments sans fard. Et ses émotions… 

Un style élégant, une invitation à partager avec elle un ressenti et un vécu. Et dans tout çà, une vocation littéraire qui s'affirme. Dans sa vie, Ilham Azghari a eu un long parcours professionnel de médecin spécialiste- c'est une facette qui a porté ses fruits. Mais il en est une autre, l'écriture - adolescente, elle tenait déjà un journal. En complément donc à sa vie professionnelle, elle s'épanouit aujourd'hui: elle écrit, elle écrira toujours - c'est le bonheur…