Culture
Le féminisme africain de la diaspora se démarque du ‘’féminisme blanc’’ au Festival du livre africain de Marrakech
L’écrivaine et militante ivoirienne spécialisée dans les études afro-américaines, Maboula Soumahoro
Marrakech - Le féminisme traditionnel en France "comportait une dimension raciste et classiste", puisqu’il est analysé comme un "féminisme blanc" et un "féminisme bourgeois". C’est probablement l’un des constat fort de la rencontre au Festival du livre africain de Marrakech (FLAM) sur les enjeux et défis du mouvement féministe en Afrique .
Avec la participation d’éminentes personnalités, cette rencontre s’est d’abord concentrée sur les enjeux et les défis du mouvement féministe africain, à travers les diverses approches de chercheurs, d’écrivains et de militants engagés dans la lutte pour l’égalité et la représentation des femmes d’ascendance africaine.
L’écrivaine et militante ivoirienne spécialisée dans les études afro-américaines, Maboula Soumahoro, a souligné que le mouvement féministe africain en France est un mouvement relativement récent, ayant émergé au cours des dix dernières années, notant que ce mouvement s’est cristallisé de manière proéminente depuis 2014 lorsque les femmes françaises d’ascendance africaine et d’autres des territoires d’outre-mer ont participé à une marche féministe qui s’est déroulée dans les rues de Paris.
Mme Soumahoro a expliqué que ces femmes ont constaté que le féminisme traditionnel en France "comportait une dimension raciste et classiste", puisqu’il est analysé comme un "féminisme blanc" et un "féminisme bourgeois", ce qui les a incitées à présenter une nouvelle vision de la lutte féministe qui prend en compte les questions raciales et sociales.
La militante a ajouté que le mouvement féministe africain en France cherche à former un mouvement inclusif qui prend en compte les problèmes des femmes, des pauvres et des marginalisés, sans aucune discrimination raciale ou de classe.
L’ancienne ministre française et présidente de l’association France Terre d’Asile, d’origine marocaine, Najat Vallaud-Belkacem, a affirmé que le mouvement féministe africain se démarque du féminisme occidental traditionnel en ce qu’il reconnaît les réalités croisées des femmes, soulignant que le concept de féminisme africain ne se limite pas au continent africain, mais inclut également les expériences des femmes migrantes en Europe.
Mme Belkacem a expliqué que les mouvements féministes qui prônent l’égalité des sexes doivent tenir compte des conditions qui affectent les femmes, telles que la classe sociale et l’identité ethnique, estimant qu’ignorer ces facteurs rend la lutte pour les droits des femmes incomplète.
Devenu un rendez-vous culturel incontournable, la 3ème édition du FLAM vise à contribuer au rayonnement culturel et artistique de l’Afrique tout en mettant en lumière la richesse de ses littératures et de ses arts.