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Donald Trump condamné à 5 millions dollars, dernier épisode d'une histoire tumultueuse avec les femmes
La chroniqueuse américaine E. Jean Carroll quitte le tribunal fédéral de Manhattan à New York le 9 mai 2023. Un jury new-yorkais a jugé mardi que Donald Trump accusé de l'abus sexuel d'une ancienne chroniqueuse de magazine américaine au milieu des années 1990, ont rapporté plusieurs médias américains.. (Photo par Ed JONES / AFP)
L'ancien président des Etats-Unis Donald Trump, qui espère reconquérir la Maison Blanche en 2024, a été jugé responsable par le jury d'un tribunal civil de New York de l'"agression sexuelle" en 1996 de l'ancienne journaliste E. Jean Carroll, à qui il devra verser 5 millions de dommages-intérêts.
Cette retentissante condamnation au civil de Donald Trump pour une agression sexuelle en 1996 sanctionne une longue série d'épisodes sulfureux vis-à-vis des femmes pour l'ancien président des Etats-Unis. Mais les conséquences politiques pour celui qui reste le favori des républicains sont difficiles à prédire.
Au lendemain de ce verdict d'un jury citoyen qui le condamne à verser cinq millions de dollars de dommages et intérêts à la plaignante, E. Jean Carroll, Donald Trump a redoublé d'attaques contre cette ancienne journaliste, qu'il a qualifiée de "tarée" et qu'il a tournée en dérision lors d'une émission sur CNN, devant des partisans hilares qui l'applaudissaient.
Le jugement a fait la Une de toute la presse américaine mercredi, y compris dans les médias conservateurs.
"Attrapez-le par le portefeuille", a ironisé le New York Post, l'un des quotidiens du magnat australo-américain des médias Rupert Murdoch. Une référence à une fameuse vidéo, où l'on entend en 2005 l'ancien président se vanter de manière vulgaire d'"attraper" les femmes "par la chatte".
Diffusé par le Washington Post un mois avant la présidentielle de 2016, le clip n'avait pas empêché le candidat républicain de l'emporter face à Hillary Clinton.
Marche des femmes
Au lendemain de son investiture du 20 janvier 2017, plusieurs millions de manifestantes avaient marché dans tout le pays pour manifester leur opposition au 45e président des Etats-Unis.
Six ans plus tard, plusieurs femmes sont sorties du silence et ont accusé Donald Trump de les avoir agressées sexuellement dans le passé, dont deux, Jessica Leeds et Natasha Stoynoff, ont témoigné contre lui au procès à New York.
Le milliardaire républicain a toujours démenti mais pour la première fois, mardi, il en a payé les conséquences judiciaires. Selon le verdict rendu à l'unanimité par un jury de neuf citoyens, Donald Trump s'est rendu responsable d'une "agression sexuelle" sur E. Jean Carroll dans une cabine d'essayage d'un grand magasin new-yorkais en 1996.
Il y a un mois, il avait déjà été inculpé pour 34 fraudes comptables et fiscales liées à des paiements pour étouffer des affaires embarrassantes avant la présidentielle de 2016, dont une relation sexuelle avec une star de films X, Stormy Daniels.
Il faut cependant rester prudent sur l'impact politique qu'auront ces affaires, selon Debbie Walsh, la directrice du Centre pour les femmes américaines en politique (CAWP), de l'université Rutgers.
"Je me demande si nous ne nous sommes pas habitués à ce comportement de sa part (Donald Trump), ce qui est assez choquant", s'interroge-t-elle.
"Avec ce dont il a été accusé au fil des ans, et le soutien que Donald Trump maintient auprès de sa base, je me demande si ce verdict aura un impact" sur ces partisans, ajoute-t-elle auprès de l'AFP.
Impact
"Je pense que cela pourra avoir un impact s'il est le candidat" désigné des républicains à l'élection présidentielle de 2024, auprès d'un électorat plus modéré, explique en revanche la directrice du CAWP, en soulignant que Donald Trump a fait perdre aux républicains des voix chez les "femmes blanches diplômées".
En 2018, le sénateur républicain Lindsey Graham avait tiré la sonnette d'alarme sur le "problème" de son camp vis-à-vis des femmes de la classe moyenne vivant dans les zones pavillonnaires des grandes villes.
Quatre ans plus tard, lors des élections de mi-mandat de novembre 2022, Donald Trump promettait une vague rouge qui n'a pas eu lieu. La conséquence, selon de nombreux observateurs, d'une mobilisation de l'électorat démocrate et d'une partie des indépendants pour protéger le droit à l'avortement, remis en cause par la Cour suprême, dont trois membres conservateurs ont été nommés par Donald Trump.
Selon une étude du Pew Research Center sur le vote à la présidentielle de 2020, Joe Biden avait largement amélioré le score des démocrates chez les électeurs indépendants (de 42% en 2016 à 52% en 2020), et devancé Donald Trump pour le vote des femmes.
"Ses rivaux républicains seront en droit de souligner que partout où ira Trump, un nuage de vilaines allégations le suivra", affirme mercredi le New York Post dans un éditorial.
Gouverneur de l'Arkansas et petit candidat à la primaire républicaine, Asa Hutchinson a vu dans le verdict "un nouvel exemple du comportement indéfendable de Donald Trump".
Mais ses rivaux plus sérieux, comme le gouverneur de Floride Ron DeSantis ou l'ancienne gouverneure de Caroline du Sud Nikki Haley, ne se sont risqués à aucun commentaire. (AFP)