économie
''Atlantic Dialogues'': Les défis du Sud en ''période de tourmente'' décortiqués à Marrakech
Marrakech - Les enjeux et défis majeurs à surmonter par le Sud en "période de tourmente" ont été décortiqués, jeudi à Marrakech, par une pléiade d'experts, chercheurs et politiques à l'occasion de la présentation de la 6ème édition du Rapport annuel "Atlantic Currents" du Policy Center for the New South (PCNS) et ce, à l'ouverture de la 8ème Conférence internationale "Atlantic Dialogues".
Publication phare du PCNS, l"Atlantic Currents" se veut un document de référence, qui anticipe chaque année sur les réflexions engagées dans la Conférence et offre une perspective du Sud sur les enjeux globaux et atlantiques.
Au cours de ce panel, qui a marqué le lancement des travaux de cette 8ème Conférence annuelle des Dialogues Atlantiques (12-14 décembre), initiée sous le thème "Le Sud en période de tourmente", les participants ont livré un tour d'horizon des principaux sujets d'actualité sur les plans économique, commercial et géopolitique en vue d'apporter un éclairage nouveau sur les défis auxquels est confronté l'Atlantique, Nord et Sud, tout en faisant porter les voix du Sud dans le débat géopolitique mondial.
Dans ce sens, Mme Anabel Gonzalez, ancienne ministre du Commerce extérieur du Costa Rica, a mis en relief les enjeux de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), tout en précisant que le commerce mondial se trouve, ces dernières années, dans la tourmente en raison des multiples défis auxquels est confrontée l'Organisation, qui traverse actuellement une véritable crise en raison d'une multitude de restrictions imposées par l'Administration américaine et de l'instabilité économique qui en découle.
Après avoir relevé que chaque litige commercial donne lieu à l'heure actuelle à une guerre commerciale, Mme Gonzalez s'est interrogée sur le rôle que peuvent jouer les économies émergentes face à cette nouvelle donne au niveau mondial, marquée notamment par la croissance fulgurante de l'économie numérique et de la digitalisation.
Elle a, à ce propos, plaidé en faveur d'une gouvernance mondiale renouvelée, tout en insistant sur la nécessité de s'unir pour préserver le système commercial mondial qui fait face à de grands défis à relever dans les années à venir.
De son côté, Mme Len Ishmael (Saint Lucia), ancienne Ambassadrice des Etats des Caraïbes orientales auprès du Royaume de Belgique et de l'UE, a mis en avant l'impact du retrait américain du leadership occidental et ses conséquences pour le Sud, suscitant ainsi les inquiétudes et les préoccupations parmi les alliés traditionnels.
Mme Ishmael, également Senior Fellow au PCNS, a expliqué qu'avec le déplacement du pouvoir dû à cette nouvelle politique protectionniste de l'Administration US qui ne veut plus être le "gendarme" du monde, la voie a été ouverte devant d'autres puissances mondiales, à l'instar de la Chine, pour se positionner et occuper l'espace vide laissé par Washington.
Elle a indiqué que tout porte à croire que le Sud traverse une période de tourmente en raison du changement des dynamiques du pouvoir et de la perception des Etats-Unis et de la Chine non pas comme des partenaires mais en tant que des concurrents, par de nombreux pays qui se trouvent contraints de choisir entre l'un ou l'autre.
Pour sa part, Rida Lyammouri (Maroc), Senior Fellow au PCNS, a mis l'accent dans son intervention sur l'expansion du terrorisme et la prolifération des groupes extrémistes armés dans la région du Sahel.
M. Lyammouri a ainsi expliqué que cette situation instable et préoccupante, qui menace la paix et la sécurité dans l'ensemble des pays de la région, est due à plusieurs facteurs endogènes et exogènes, notamment l'absence de réponses adéquates pour la lutte contre les inégalités sociales et la corruption ainsi que le manque de stratégies efficientes de lutte antiterroriste, ce qui, a-t-il dit, donné lieu à la propagation de différentes formes de trafic illicite (drogue, armes, traite humaine...).
Il a, ainsi, souligné la nécessité de mettre en place une réflexion proprement africaine, de repenser l'africanité et d'être un acteur positif et réactif sur la scène internationale.
Le coup d'envoi des travaux de la 8ème Conférence "Atlantic Dialogues" a été donné, jeudi à Marrakech, avec le lancement de la 6ème édition du Rapport annuel "Atlantic Currents" intitulé "le Sud en période de tourmente".
Placée sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, cette 8ème édition, organisée à l'initiative du Policy Center for the New South (PCNS), connaît la participation de plus de 400 participants issus de 66 nationalités.
Anciennement connu sous le nom d'OCP Policy Center, le Policy Center for the New South est un think tank marocain lancé en 2014 à Rabat, avec 39 chercheurs associés du Sud comme du Nord.
A travers une perspective du Sud sur les enjeux des pays en développement, il vise à faciliter les décisions stratégiques relevant de ses quatre principaux programmes : agriculture, environnement et sécurité alimentaire; économie et développement social; matières premières et finance; géopolitique et relations internationales
Il a, dans la foulée, fait remarquer que face à l'émergence de nouvelles formes de terrorisme, la situation est appelée à s'empirer si des actions concrètes et des réponses appropriées ne sont pas mises en œuvre dans ces zones souvent marginalisées.
Lui emboîtant le pas, Olisaeloka Okocha, un ancien Atlantic Dialogues Emerging Leader (ADEL) du Nigeria, a souligné que l'Afrique fait face à un nouveau contexte économique mondial, marqué notamment par la progression fulgurante de l'économie chinoise.
Cette nouvelle donne offre des opportunités prometteuses au Continent qui dispose de la population la plus jeune au monde, de grandes superficies de terres arables non cultivées et d'énormes ressources naturelles et minières non exploitées, a-t-il fait observer, insistant sur l'impératif de la mise en place de nouvelles politiques à même de garantir l'essor des économies africaines.
A cet égard, M. Okocha, également Managing partner and co-Founder PS Nutraceuticals International, a appelé à consolider l'action commune en Afrique, à promouvoir les liens commerciaux entre les Etats du Continent et à renforcer les relations et les partenariats avec les autres pays de la planète qui constituent le continuum du développement de l'Afrique.
Quant à l'ancienne Première ministre et actuelle présidente du Conseil économique, social et environnemental du Sénégal, Mme Aminata Touré, elle a estimé que le Sud, notamment l'Afrique, traverse, certes, une période de tourmente, mais le Continent a les moyens d'y faire face et d'atténuer cette "tempête" grâce à une collaboration étroite pour relever ensemble les défis qui s'imposent.
Dans ce sillage, elle a mis en exergue l'importance du renforcement de la coopération Sud-Sud, à l'instar de celle exemplaire liant le Maroc et le Sénégal, pour faire face à la vague de repli et de protectionnisme, ainsi que de la promotion de la situation des jeunes et de la lutte contre leur marginalisation, à même de consolider leur engagement citoyen en faveur de la prospérité de leurs pays.
Elle a aussi mis l'accent sur l'impératif de prôner une approche participative afin de réduire le fossé des inégalités entre le Nord et le Sud, plaidant en faveur de la stimulation du commerce intra-africain qui reste en deçà des potentialités dont regorge le Continent et du commerce intra-régional en Europe, en Asie et en Amérique du Nord.
Placée sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, cette 8ème Conférence "Atlantic Dialogues", organisée à l'initiative du Policy Center for the New South, est rehaussée par la participation de plus de 400 participants issus de 66 nationalités.
La thématique retenue, cette année, pour cette Rencontre d'envergure prolonge et complète celle de 2018 consacrée aux "Dynamiques atlantiques : surmonter les points de rupture", un choix dicté par les multiples défis qui interpellent les pays du Sud face à la persistance des conflits et des menaces terroristes, aux faibles taux de croissance non générateurs d'emplois pour les jeunes, à l’urbanisation accélérée et à la dégradation irréversible et à vue d’œil de leur environnement naturel.
Anciennement connu sous le nom d'OCP Policy Center, le Policy Center for the New South est un think tank marocain lancé en 2014 à Rabat, avec 39 chercheurs associés du Sud comme du Nord.
A travers une perspective du Sud sur les enjeux des pays en développement, il vise à faciliter les décisions stratégiques relevant de ses quatre principaux programmes : agriculture, environnement et sécurité alimentaire; économie et développement social; matières premières et finance; géopolitique et relations internationales.