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A Scranton, l'optimisme des Trumpistes et le ''stress'' des démocrates
Un supporteur de Donald Trump arbore un masque à l'effigie du président américain dans les rues de Old Forge, dans la banlieue de Scranton (Pennsylvanie), le 24 octobre
Sur les hauteurs d'Olyphant, banlieue nord de Scranton, M. Mitchko, 53 ans qui fait activement campagne pour le président, balaie d'un revers de la main les sondages donnant cinq points d'avance à Joe Biden dans cet Etat-clé pour l'élection présidentielle.
"Je ne crois pas une seconde aux sondages", explique-t-il calmement, sans masque, entre deux quintes de toux.
"Il y a quatre ans, il n'y avait aucune pancarte Trump dans le coin, c'est une zone démocrate, mais les choses changent. Le soutien pour le président est encore plus massif qu'en 2016", dit-il en affichant le même optimisme qu'en août, lors d'une précédente rencontre avec l'AFP.
Comme pour lui donner raison, un automobiliste klaxonne et lève le poing en passant devant sa maison décorée de larges bannières "Trump 2020".
La région de Scranton, ville de 75.000 habitants, a vu naître Joe Biden il y a 77 ans. Mais elle est aussi emblématique de ces anciennes terres ouvrières et démocrates de Pennsylvanie qui, en 2016, se sont données à Donald Trump.
Nouvelle surprise Trump ?
De l'autre côté de la rue, Matt Malloy est aussi persuadé que le milliardaire va créer, encore une fois, la "surprise", en dépit des prévisions. "Je ne sais pas s'il va gagner (Scranton), mais je pense qu'il va remporter le pays", assure-t-il.
Comme lui, sa compagne Melissa Durkin votera de nouveau pour Donald Trump le 3 novembre. La trentenaire est pourtant inscrite sur les listes électorales en tant que démocrate.
"Ca fait longtemps qu'il n'y a pas eu un bon candidat démocrate", déplore cette thérapeute respiratoire qui arbore sur ton tee-shirt le slogan "Make America Great Again" du président républicain.
Elle n'est pas séduite par Joe Biden, malgré ses visites régulières dans la ville de son enfance, devenue un élément récurrent de ses discours de campagne.
Si Scranton est majoritairement démocrate, ce n'est pas le cas de ses banlieues. Hillary Clinton n'avait remporté le comté de Lackawanna auquel la ville appartient qu'avec une fine marge de 3% en 2016. Mais avait perdu la Pennsylvanie d'un point d'écart.
Traumatisme de 2016
Nick Boyer, croisé à quelques mètres de la boutique de sandwichs "Hank's Hoagies" où Joe Biden venait acheter ses bonbons dans les années 50, glissera un bulletin en faveur de l'enfant du pays, mais sans y croire.
"Je pense que Donald Trump va gagner car il a beaucoup de soutien dans le sud (des Etats-Unis). J'espère que j'ai tort", confie cet étudiant en justice pénale.
Sa petite-amie Logan McCann, 21 ans, qui se rendra aux urnes pour la première fois s'avoue elle aussi "un peu stressée" pour le candidat démocrate. "Hillary Clinton a gagné le vote populaire en 2016 et n'a pas été élue, j'ai peur que ça se reproduise."
"Aucun démocrate en Amérique n'est sûr (de la victoire) parce qu'en 2016 tout le monde a été surpris, même Donald Trump", souligne Bill Burke. Il habite une maison cossue à North Washington, rue où l'ancien vice-président a vécu jusqu'à ses 10 ans.
"La plupart des démocrates voient les bonnes nouvelles, les sondages et tout ça, et ils se demandent frénétiquement : +Ok, où est le danger? Comment (la victoire) va nous échapper?+", résume le professeur d'histoire de 55 ans, aux yeux bleus comme son masque, son tee-shirt et son parti.
Conscient de l'enjeu, Joe Biden est retourné samedi en Pennsylvanie pour la seizième fois depuis juin 2019, selon les calculs de NBC. Donald Trump devrait lui s'y rendre lundi. Chacun espérant ravir les 20 grands électeurs de l'Etat, cruciaux pour arracher la victoire en novembre.