Algérie: les présidents passe, la coquille du FLN reste

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Le secrétaire général du FLN Abou el-Fadhl Baadji, lors d'une conférence de presse, le 16 juin 2021 à Alger

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Le vieux Front de libération nationale (FLN), réduit à une coquille vide, façade du pouvoir en Algérie, a remporté les élections législatives anticipées du 12 juin, marquées par une abstention record, selon les résultats officiels proclamés mercredi soir par le Conseil constitutionnel. Dans la foulée de cette annonce, Le Premier ministre algérien Abdelaziz Djerad a présenté jeudi sa démission et celle de son gouvernement au président Abdelmadjid Tebboune, au lendemain de la proclamation des résultats officiels des élections législatives, remportées par le Front de libération nationale (FLN) au pouvoir.

Ex-parti unique et principale formation du Parlement sortant, le FLN a obtenu 98 sièges sur 407, devant un groupe disparate d'indépendants (84 élus), a annoncé le président du Conseil constitutionnel Kamel Fenniche, à la télévision publique.

Le premier parti islamiste algérien, le Mouvement de la société pour la paix (MSP), légaliste et conservateur, arrive en troisième position avec 65 élus.

Enfin, l'allié traditionnel du FLN, le Rassemblement national démocratique (RND), décroche 58 sièges.

Ces deux partis constituaient l’ossature de l'ancienne alliance présidentielle créée en 2012 pour soutenir l'ex-président déchu Abdelaziz Bouteflika, chassé du pouvoir début 2019 par le soulèvement populaire du Hirak.

La « victoire » du FLN constitue une fausse surprise pour parti un parti discrédité, suppôt du pouvoir militaire, à bout de souffle, que sa compromission avec M. Bouteflika et son clan n’a pas arrangé. Et pourtant. 

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Des manifestants du Hirak dans les rues d'Alger, le 26 mars 2021

Cette élection avait été rejetée à l'avance par le Hirak et l'opposition laïque et de gauche, dénonçant une "mascarade", sur fond de répression généralisée contre toutes les voix dissidentes.

Le taux de participation a été encore revu à la baisse, à 23%, soit le plus bas de l'histoire de l'Algérie, tous scrutins confondus. 

L'abstention historique témoigne de la désaffection et de la défiance des Algériens vis-à-vis d'une classe politique largement discréditée. L'électorat avait déjà massivement boudé les urnes lors de la présidentielle de 2019 et du référendum constitutionnel de 2020 (60% et 76% respectivement).

Lors des dernières législatives de 2017, la participation avait atteint 35,70%.

Toutefois, le président Abdelmadjid Tebboune a d'ores et déjà choisi d'ignorer le faible taux de participation, le qualifiant de "pas important".

Le pouvoir est en effet déterminé à reprendre la main après le séisme du Hirak, en ignorant les revendications de la rue: Etat de droit, transition démocratique, souveraineté populaire, justice indépendante. 

Les prochaines étapes sont l'inauguration de la nouvelle Assemblée populaire nationale (APN), d'ici la fin du mois, puis la désignation d'un Premier ministre et la formation d'un gouvernement qui devra tenir compte de la nouvelle carte politique. Le futur chef de gouvernement devra appliquer la feuille de route de M. Tebboune, à commencer par des élections locales d'ici la fin de l'année.

L'assemblée qui se dessine pourrait déboucher sur une coalition rassemblant les deux partis traditionnels (FLN et RND), les indépendants et les islamo-conservateurs.

Elle sera presque uniquement masculine puisque 35 femmes seulement ont été élues (sur 8.000 candidates), contre 146 précédemment, en raison de la suppression d'un système de quotas instauré en 2012.

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