Algérie: marche du Hirak empêchée et nombreuses arrestations, dont des journalistes

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Les manifestants revendiquant un Etat civil et non militaire

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La police algérienne a empêché vendredi la marche hebdomadaire du mouvement pro-démocratie du Hirak à Alger et procédé à de nombreuses arrestations de militants, opposants et journalistes.

Des manifestants, qui s'apprêtaient à participer au rassemblement du Hirak dans le centre de la capitale ont été bousculés et interpellés, a-t-on constaté un journaliste sur place. 

Le CNLD a fait état de nombreuses arrestations dans le pays, parmi lesquelles des figures du Hirak, des avocats et des opposants, comme le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, et l'ancienne détenue et militante du Hirak Dalila Touat.

Comme chaque vendredi à Alger, des hirakistes se sont rassemblés après la prière du vendredi mais les forces de police, en grand nombre, ont encerclé la mosquée Errahma, point de départ de la marche, et ont dispersé la foule sans ménagement.

Des dizaines de personnes ont ensuite été interpellées, selon des témoins. 

Quelque dizaines de manifestants ont néanmoins réussi à marcher, en scandant "Etat civil et non militaire", un slogan phare de la contestation. "Nous ne nous arrêterons pas, quoi que vous fassiez", ont crié les protestataires à l'adresse des autorités. 

Certains se sont dirigés vers Bab El Oued, un bastion du Hirak, où plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées. La police les a empêchés de marcher.

Ailleurs, en province, des marches se sont déroulées à Oran, Mostaganem (nord-ouest), Jijel (est) et en Kabylie, à Béjaïa (nord-est) et Tizi Ouzou (est), au lendemain de la fête de l'Aïd El Fitr, marquant la fin du mois de jeûne du ramadan.

Arrestation en masse des journalistes

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Dans une manifestation à Alger, le 2 avril 2021

Un photographe de l'AFP, Ryad Kramdi, a été interpellé dans le quartier populaire de Bab El Oued, fief de la contestation, et conduit dans un poste de police local.

Il a été relâché dans la soirée, sans explication, après avoir été retenu pendant huit heures. Au moins une dizaine d'autres journalistes et photographes ont été arrêtés, dont Khaled Drareni, correspondant en Algérie pour la chaîne francophone TV5, Kenza Khatto, journaliste à Radio M, et un vidéaste de l'agence internationale Reuters, selon des sites d'information indépendants.

M. Drareni, directeur du site d'information Casbah Tribune, a été remis en liberté dans la soirée, selon ce média en ligne.

Le correspondant en Algérie de Reporters sans frontières (RSF) est devenu un symbole du combat pour la liberté de la presse après avoir été incarcéré pendant dix mois pour avoir couvert une manifestation du Hirak en mars 2020.

"Plusieurs journalistes ont été interpellés et empêchés de couvrir la 117e manif des vendredis du Hirak tandis que d'autres ont été molestés par les forces de l'ordre", a tweeté RSF.

Un groupe de journalistes a été relâché en fin d'après-midi, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association d'aide aux prisonniers d'opinion.

Briser le Hirak 

A l'approche des élections législatives anticipées du 12 juin, rejetées par le Hirak, la répression s'accroît en Algérie, selon les organisations de défense des droits humains.

Plus de 70 personnes sont actuellement incarcérées, poursuivies pour des faits en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles, d'après le CNLD.

Le régime paraît déterminé à briser le mouvement de protestation afin d'appliquer sa "feuille de route" électorale, sans tenir compte des revendications de la rue (Etat de droit, transition démocratique, justice indépendante...) et de la non participation des principaux partis d'opposition.

Le ministère de l'Intérieur a ainsi décidé cette semaine d'obliger les organisateurs des marches du Hirak - mouvement pacifique et sans véritable leadership - à "déclarer" au préalable les manifestations auprès des autorités. 

"Une répression disproportionnée et injustifiée à été exercée contre le Hirak pacifique", a dénoncé vendredi la Ligue Algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH) dans un communiqué.

"La LADDH rappelle au pouvoir ses obligations de respect des droits humains et exige l'arrêt de la répression et la libération de l'ensemble des prévenus, des détenus d'opinion et des journalistes", selon le communiqué.

Né en février 2019 du rejet massif d'un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, qui a démissionné peu après, le Hirak réclame un changement radical du "système" politique en place depuis l'indépendance en 1962.