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Après le verdict de l'affaire George Floyd, juste un petit pas…
Un manifestant porte une veste montrant les visage d'Afro-américains tués ou blessés par la police, lors d'un rassemblement à Minneapolis, dans le Minnesota, avant l'ouverture du procès de Derek Chauvin, le 8 mars 2021
Le jugement historique d'un policier blanc déclaré coupable du meurtre de George Floyd suscitait mercredi aux Etats-Unis une vague d'espoir chez les Afro-Américains, mais la mort d'une adolescente noire abattue par la police juste avant ce verdict montre que le chemin vers le changement reste long. Après le soulagement, les voix se sont rapidement élevées pour souligner que ce dénouement restait un fait isolé.
"Justice!", un "tournant dans l'Histoire": chez l'avocat de la famille Floyd, Ben Crump, comme chez les manifestants rassemblés devant le tribunal à Minneapolis mardi, l'annonce du verdict contre le policier Derek Chauvin a provoqué une explosion d'optimisme.
Désormais, "on peut enfin commencer à respirer", répétait des habitants, des politiques, mais aussi les frères de George Floyd, en écho aux derniers mots de cet Afro-Américain, mort à 46 ans en mai 2020.
Des habitants saluent le verdict condamnant Derek Chauvin pour le meurtre de George Floyd, le 20 avril 2021 à Minneapolis
"Je ne peux pas respirer", avait-il supplié à plusieurs reprises, pendant que Derek Chauvin maintenait son genou sur son cou, pendant plus de neuf minutes.
Une plainte résonnant comme un cri de ralliement mondial contre le racisme et les abus des forces de l'ordre.
A l'issue de trois semaines d'un procès sous haute tension dans cette ville du nord des Etats-Unis, les 12 jurés ont conclu, en moins de 24h00, que l'accusé était coupable des trois chefs d'accusation qui le visaient.
Déjà renvoyé des forces de l'ordre, l'agent de 45 ans n'a pas montré d'émotion à l'énoncé du verdict. Immédiatement menotté, il a été écroué.
Un verdict et une image peu fréquents dans un pays où les policiers sont rarement condamnés.
"Continuer à nous battre"
Et après le soulagement, les voix se sont rapidement élevées pour souligner que ce dénouement restait un fait isolé.
"Nous devons continuer à nous battre pour toutes les minorités marginalisées qui ont perdu leurs vies à cause des brutalités policières", a tweeté l'avocat de la famille Floyd, Ben Crump.
Pour Joe Biden, ce verdict pourrait marquer "un pas de géant vers la justice en Amérique" et mener vers un "changement significatif".
"Les Américains noirs, particulièrement les hommes noirs, ont été traités à travers ce pays comme s'ils n'étaient pas des hommes", a souligné Kamala Harris, à ses côtés lors d'une allocution solennelle.
"Nous devons encore réformer le système", a martelé la première vice-présidente noire de l'histoire des Etats-Unis.
Illustration funeste de leurs propos, une adolescente noire âgée de 16 ans était abattue par un policier à Columbus, dans l'Ohio, juste avant le verdict.
Selon la police qui répondait à un appel d'urgence, elle paraissait attaquer une autre personne avec un couteau.
D'autres cas ont provoqué une indignation d'autant plus forte qu'ils ont été découverts pendant le procès de Derek Chauvin, comme la vidéo d'un mineur hispanique de 13 ans, Adam Toledo, abattu par un policier à Chicago. Des images "insoutenables" selon la maire de la ville.
Et en banlieue même de Minneapolis, Daunte Wright, un jeune Afro-Américain de 22 ans, a été tué par une policière blanche lors d'un banal contrôle routier le 11 avril.
Avec sa mort, la tension s'était accrue dans la ville déjà barricadée pour le procès. Ses funérailles sont prévues jeudi dans une église de la ville.
Le ministère américain de la Justice a annoncé mercredi ouvrir une enquête sur la police de Minneapolis.
Distincte de celle en cours sur la mort de George Floyd, elle vise à déterminer si la police fait systématiquement un usage excessif de la force, y compris lors de manifestations légales, a annoncé le ministre de la Justice Merrick Garland.
Sentence dans huit semaines
Nous "savons que la vraie justice va bien plus loin qu'un seul verdict dans un seul procès", a souligné Barack Obama mardi soir, en appelant à poursuivre "le combat" pour lutter contre le racisme et les violences policières.
"On ne peut pas s'arrêter là", a exhorté le premier président noir des Etats-Unis.
Joe Biden comme Kamala Harris ont exhorté les parlementaires à agir au plus vite. Mais républicains et démocrates semblent encore loin d'une action commune.
Près d'un an après la mort de George Floyd, un projet de loi pour réformer la police, portant son nom, languit toujours au Capitole, faut de soutiens suffisants chez les républicains.
Pour la famille de George Floyd, le "combat" se poursuit aussi avec l'attente de la sentence de Derek Chauvin, attendue dans huit semaines. Il encourt 12 ans et demi de prison mais sa peine pourrait être rallongée si le magistrat conclut à l'existence de circonstances aggravantes.
Les proches de l'Afro-Américain attendent également le jugement pour "complicité" des trois autres policiers qui avaient participé à l'arrestation, prévu en août.
"Ils doivent être jugés pour les mêmes charges et déclarés coupables des mêmes charges", a dit à l'AFP l'un de ses frères, Rodney Floyd.