Australie: scandale avec la diffusion de vidéos d'actes sexuels au sein du Parlement

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La ministre australienne de la Défense Linda Reynolds, le 28 juillet 2020 à Washington

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La diffusion de vidéos montrant des employés du gouvernement conservateur australien se livrant à des actes sexuels dans le Parlement, dont un se masturbant sur le bureau d'une députée, a fragilisé un peu plus mardi l'exécutif, de plus en plus mis en cause pour le sexisme de la classe politique.

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Des manifestants protestent contre les violences sexuelles à Sydney le 15 mars 2021

Le Premier ministre conservateur Scott Morrison, dont la position était déjà ébranlée par sa gestion de plusieurs affaires, parmi lesquelles celle d'une employée accusant un ex-collègue de viol, a dénoncé des comportements "scandaleux".

Les vidéos et photos avaient vraisemblablement été partagées sur un groupe de discussion entre employés du gouvernement conservateur avant d'être révélées par un lanceur d'alerte. Elles ont été montrées lundi soir par le journal The Australian et par la chaîne Channel 10.

Elles ont suscité un tollé, dans le contexte notamment d'une série d'affaires qui ont jeté une lumière crue sur la culture politique australienne et entraîné des manifestations dans tout le pays. 

Le lanceur d'alerte, identifié sous le prénom de Tom, a affirmé aux deux médias que des employés du gouvernement et des députés avaient parfois des relations sexuelles dans une salle de prière du Parlement et que des prostituées avaient pu être amenées dans le bâtiment "pour le plaisir de députés de la coalition".

"Moralement, ils sont cuits" 

Il a aussi expliqué que des employés s'échangeaient des photos d'eux-mêmes à caractère pornographique, que lui-même en avait reçu tellement qu'il était "devenu immunisé".

Il a fait état d'une "culture d'hommes qui pensent qu'ils peuvent faire ce qu'ils veulent". Tout en estimant que ces employés n'avaient probablement enfreint aucune loi, il a ajouté: "Moralement, ils sont cuits." 

Un conseiller a d'ores et déjà été limogé et le gouvernement a promis de sévir davantage.

La ministre des Femmes Marise Payne, qui est aussi la ministre des Affaires étrangères, a déclaré aux médias que ces révélations étaient "plus que consternantes" et qu'elles renforçaient la nécessité de l'enquête qui a été ordonnée par le gouvernement sur la culture de travail au Parlement.

Mardi, la sénatrice Verte Lidia Thorpe a affirmé avoir été victime à quatre reprises de faits de harcèlement sexuel depuis qu'elle a pris ses fonctions il y a six mois.

Elle a expliqué au Canberra Times que ces faits incluaient des propos "suggestifs" ou encore des contacts subis contre son gré.

"Ce sont les hommes qui écrivent nos lois, des hommes qui devraient savoir", a-t-elle dit. "Cela me rend malade."

De nombreuses voix dénoncent de longue date la culture sexiste de la classe politique australienne. 

Mi-mars, des dizaines de milliers de personnes ont participé à une campagne de manifestations nommée "#March4Justice" (Marche pour la justice) pour dénoncer les violences sexuelles et demander l'égalité entre les sexes.

La ministre de l'Industrie Karen Andrews a dit en avoir "totalement assez" avec le sexisme et ajouté que sa "conscience ne l'autorisait plus à se taire".

Accusations de viol 

Elle a déclaré à la presse à Canberra que le Parti libéral au pouvoir, auquel elle appartient, devait envisager des quotas quant aux postes électifs.

Deux retentissantes affaires impliquant deux ministres ont éclaboussé ces derniers temps le gouvernement de centre-droit.

Il y a d'abord eu les accusations d'une ancienne employée du gouvernement. Brittany Higgins a affirmé le mois dernier avoir été violée en 2019 par un collègue dans le bureau au Parlement de Linda Reynolds, qui était à l'époque ministre de l'Industrie de défense.

Devenue ministre de la Défense, cette dernière a été depuis critiquée pour la façon dont son cabinet aurait à l'époque accueilli les accusations de la jeune femme.

Début mars, l'"Attorney general" Christian Porter, qui est le principal conseiller juridique du gouvernement, a vigoureusement démenti avoir violé en 1988 une adolescente de 16 ans avec qui il étudiait. Cette dernière est décédée l'année dernière.

Il a engagé des poursuites en diffamation contre la chaîne publique ABC, la première à avoir fait état de ces accusations.

L'opposition travailliste, qui a un système de quotas, n'est pas épargnée par les accusations de sexisme et de harcèlement, qui ont notamment été compilées sur un groupe Facebook dédié.