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Blessés par centaines, blocages, réquisitions, visite de Charles III annulée: le point sur la mobilisation en France
Un employé en grève fait un geste près de végétation en feu lors d'une manifestation devant le dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer dans le cadre d'une journée nationale de grèves et de protestations, une semaine après que le gouvernement français a fait passer une réforme des retraites au parlement sans vote, en utilisant l'article 49.3. (Photo NICOLAS TUCAT / AFP)
Réquisitions de personnels et interventions des forces de l'ordre dans l'énergie, vols annulés, la visite du roi Charles III "reportée": le point sur la mobilisation contre la réforme des retraites, qui continue vendredi, une semaine après son adoption.
Blessures et dégradations
Plusieurs incidents ont émaillé jeudi la 9e journée de manifestations contre la réforme des retraites. Onze manifestants ont été blessés dont une gravement au pouce.
Au total, 441 policiers et gendarmes auraient été blessés et 457 personnes interpellées, selon Gérald Darmanin.
Le ministre de l'Intérieur a affirmé en outre qu'il y avait eu "903 feux de mobiliers urbains ou de poubelles" jeudi à Paris.
Onze enquêtes judiciaires sur des violences policières ont été confiées à l'Inspection générale de la police nationale depuis une semaine, a également annoncé M. Darmanin.
La visite du roi "reportée" -
La visite officielle du roi Charles III - la première du souverain à l'étranger -, qui devait initialement se dérouler de dimanche soir à mercredi à Paris, à Versailles et à Bordeaux est "reportée", "compte tenu de l'annonce d'une nouvelle journée d'action nationale contre la réforme des retraites" mardi 28 mars, a annoncé l’Élysée.
La décision a été "prise par les gouvernements français et britannique, après un échange téléphonique entre le Président de la République et le Roi ce matin", écrit la présidence française dans un communiqué.
Cette visite était vivement critiquée par des élus de gauche à l'instar de la députée écologiste Sandrine Rousseau, qui en avait demandé l'annulation.
Réquisitions et déblocages dans l'énergie et les déchets
L'approvisionnement du bassin parisien en carburants, et notamment en kérosène, par la grande raffinerie TotalEnergies de Gonfreville-L'Orcher en Normandie a repris vendredi après une intervention des forces de l'ordre et la réquisition de quatre salariés.
"Le pompage a redémarré" et "cela permet d'approvisionner l'Ile-de-France", a déclaré la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher. L'oléoduc Le Havre-Paris alimenté depuis la raffinerie dessert aussi les aéroports parisiens, qui "sont à sec", selon Eric Sellini, coordinateur national CGT Chimie.
Les forces de l'ordre sont aussi intervenues pour débloquer deux dépôts pétroliers : à Port-la-Nouvelle (Aude), qui était bloqué depuis le 16 mars, et à Frontignan (Hérault).
Trois salariés de la raffinerie TotalEnergies de Donges (Loire-Atlantique), en grève depuis le 7 mars, ont été réquisitionnés selon la CFDT "pour envoyer du carburant par pipeline à Vern-sur-Seiche", un dépôt de carburant près de Rennes.
Environ 15% des stations-service étaient en rupture d'au moins un carburant ce vendredi matin, selon des données publiques analysées par l'AFP.
Dans les neuf départements les plus touchés, entre deux et cinq stations-service sur dix sont à sec. Il s'agit de la Loire-Atlantique, du Morbihan, de la Mayenne, du Maine-et-Loire, de l'Ille-et-Vilaine, de l'Ariège, des Bouches-du-Rhônes, de l'Hérault et du Var, selon ces données.
Deux des trois d'usines d'incinération traitant les déchets de Paris ont rouvert vendredi matin après deux semaines et demie de grève , les agents ayant décidé la fin du mouvement. "Les salariés de Saint-Ouen et d'Issy ont voté la fin du mouvement social et les usines sont débloquées", selon le syndicat métropolitain Syctom.
Trafic aérien perturbé
La Direction générale de l'Aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies d'annuler à nouveau 30% de leurs vols à Paris-Orly et 20% dans d'autres aéroports en raison de la grève de contrôleurs aériens.
Les aéroports concernés en région par la suppression d'un vol sur cinq sont Marseille-Provence, Bordeaux-Mérignac et Lyon-Saint-Exupéry.
Blocages
A Lorient (Morbihan), des militants de la CGT ont empêché d’accoster un pétrolier contenant 30.000 m3 de gasoil.
A Bègles, dans la banlieue de Bordeaux, un collectif de syndicats, militants et gilets jaunes a empêché les camions d’entrer et de sortir de la plateforme logistique de produits frais et surgelés STEF, où ils récupèrent habituellement des commandes pour servir la grande distribution.
A Amiens, des militants ont organisé à la mi-journée une opération escargot sur la rocade, avec une quarantaine de véhicules ralentissant la circulation.
Côté universitaire, à la fac de Lyon 2, les cours ont été annulés sur l'un des campus en raison d'un blocage.
Permanence d'élu ciblée
En Savoie, la CGT a revendiqué la construction d'un muret devant la porte d'entrée de la permanence du député (LR) Vincent Rolland à Albertville.
"+Les murs renversés deviennent des ponts+ et considérez ce mur comme une possibilité de renouer le contact avec le Peuple", clame la CGT sur le site de l'union départementale de Savoie, appelant les parlementaires à exiger le retrait de la réforme. (Quid avec AFP)