Chine : La valse à deux temps des Américains

5437685854_d630fceaff_b-

Le ministre américain de la Défense Mark Esper lors d'un briefing à la Maison Blanche à Washington, le 1er avril 2020

210
Partager :

Alors que le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a appelé mardi le monde à tenir tête à la Chine après s'être entretenu à Londres avec le gouvernement britannique, le chef du Pentagone Mark Esper a annoncé mardi son intention de se rendre en Chine avant la fin de l'année pour établir des canaux de communication entre militaires, espérant désamorcer les tensions avec Pékin.

A Londres, le chef de la diplomatie américaine n’a pas hésité à déclarer "que le monde entier doit collaborer pour s'assurer que tous les pays, la Chine y compris, se comportent (...) d'une manière qui soit en adéquation avec l'ordre international", c’est-à-dire conforme à la domination unilatérale américaine. A Washington son collègue à la Défense a assurer espérer ,"avant la fin de cette année, visiter la Chine pour la première fois en ma qualité de ministre de la Défense afin d'améliorer la coopération dans les secteurs où nous avons des intérêts communs et d'établir de nécessaires systèmes de communication de crise", a déclaré M. Esper lors d'un séminaire en ligne organisé par de l'Institut international d'études stratégiques (IISS).

C:\Users\Naïm Kamal\AppData\Local\Temp\Temp1_httpdoc.afp.com1VJ9IR-MultimediaVersion.zip\urn_newsml_afp.com_20200721_61dba61c-55f1-47be-b07b-8cb3a1bde80a_mmdHighDef.jpg

Photo distribuée par l'US Navy des porte-avions USS Nimitz (d) et USS Ronald Reagan (g) croisant dans la région Indo-Pacifique le 6 juillet 2020

Les Etats-Unis "ne cherchent pas le conflit" avec Pékin, a-t-il souligné. Washington veut "des relations positives et productives avec la Chine" et souhaite "ouvrir des lignes de communication et de réduction des risques". 

Mais "la Chine n'a pas le droit de faire des eaux internationales une zone d'exclusion pour son propre empire maritime", a-t-il poursuivi.

Dans cette valse à deux temps, soufflant le chaud et le froid, M. Esper reprenait ainsi un terme utilisé la semaine dernière par le chef de la diplomatie Mike Pompeo, lorsqu'il a annoncé que les Etats-Unis considéraient désormais les revendications territoriales de Pékin en mer de Chine méridionale comme "illégales".

Les Etats-Unis rejettent depuis longtemps les revendications de la Chine sur la quasi-totalité des îlots et récifs de la mer de Chine méridionale face aux pays riverains (Malaisie, Vietnam, Philippines, Bruneï).

Washington insiste sur la liberté de navigation, et M. Pompeo a explicitement pris partie il y a une semaine pour les Etats riverains de la Chine.

Le secrétaire d'Etat a rappelé qu'un tribunal de la cour permanente d'arbitrage de La Haye avait jugé en 2016 que la Chine n'avait pas de base légale pour revendiquer des "droits historiques" sur cette zone. Mais Pékin qui connait la soumission de cette cour à l’ordre international revu et corrigé par Washington n’en a cure.

"Risque d'incident" 

En ce qui concerne la Chiane, M. Esper a énuméré une série de ce qu’il appelle  "mauvais comportements" en mer de Chine méridionale ces derniers mois, accusant l'armée chinoise d'avoir coulé un bateau de pêche vietnamien, "harcelé" des sociétés d'exploration pétrolières malaisiennes et escorté des bateaux de pêche chinois dans la zone économique exclusive de l'Indonésie.

En même temps, il a affirmé que même si Pékin protestait régulièrement contre les opérations de ce qu’il nomme "liberté de navigation" que les Etats-Unis mènent dans cette zone maritime « cruciale pour le commerce mondial », Washington continuerait à envoyer des porte-avions en mer de Chine méridionale.

"Personne ne nous en empêchera", a-t-il assuré.

Deux porte-avions américains, l'USS Nimitz et l'USS Ronald Reagan ont ainsi mené début juillet des exercices en mer de Chine méridionale.

Un haut responsable chinois s'est inquiété fin juin du risque d'incident entre les marines des deux pays, en raison de ce qu'il avait qualifié de déploiement militaire américain "sans précédent" dans la région Asie-Pacifique.

"La possibilité d'un incident militaire ou d'un tir accidentel est en train d'augmenter", déclarait Wu Shicun, directeur de l'Institut chinois pour l'étude de la mer de Chine méridionale, contrôlé par le ministère des Affaires étrangères.

M. Esper a prévenu que l'US Navy continuerait aussi à naviguer dans le détroit de Taïwan, et que Washington continuerait à vendre des armes à ce territoire que Pékin considère comme une de ses provinces.

"Nous restons engagés envers la paix et la sécurité dans la région. Nous respecterons nos engagements envers Taïwan", a-t-il déclaré. 

Taïwan est dirigée par un régime mini-rival qui s'y était réfugié après la prise du pouvoir des communistes sur le continent en 1949, à l'issue de la guerre civile chinoise.

L'île et le continent sont gouvernés séparément depuis 1949 mais Pékin revendique sa souveraineté sur Taïwan, qu'il n'exclut pas de prendre par la force.