Covid-19 : premiers cessez-le-feu dans le monde après un appel de l'ONU

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L'ONU a salué jeudi la proclamation de cessez-le-feu dans plusieurs pays en conflits, après son appel à arrêter les combats face au Covid-19, un mouvement en voie d'être soutenu par des résolutions au Conseil de sécurité et à l'Assemblée générale.

Coup sur coup, des cessez-le-feu ont été évoqués ces derniers jours aux Philippines, au Cameroun et au Yémen. 

Lundi, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait lancé un appel solennel "à un cessez-le-feu immédiat, partout dans le monde" afin de préserver, face à la "furie" du Covid-19, les civils les plus vulnérables dans les pays en conflit.

Selon un diplomate requérant l'anonymat, "un projet de résolution a circulé entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité relatif à l'impact du Covid-19 sur les situations de paix et sécurité à l'agenda du Conseil de sécurité".

"Certains pays à l'ONU pensent à un texte visant à soutenir l'appel de Guterres", a confirmé jeudi à l'AFP une autre source diplomatique. La France serait à l'origine de l'initiative.

Lundi, un projet de "déclaration" sur le Covid-19, porté par l'Estonie, s'était heurté à un mur, faute de consensus entre les 15 membres du Conseil de sécurité. Le même jour, la présidence de la Tunisie, membre non permanent depuis janvier, avait évoqué dans un tweet un projet de "résolution du Conseil de sécurité" sur la coordination des actions mondiales face au Covid-19.

"Le président Kais Said a parlé avec le président français Emmanuel Macron de l'épidémie de coronavirus. Les deux présidents (...) ont parlé des efforts de la Tunisie pour rédiger une résolution", indiquait le tweet sans autre précision.

Entre la Russie réticente à ce que le Conseil de sécurité se saisisse d'un sujet de santé et les Etats-Unis qui pourraient insister pour une mention soulignant que le virus vient de Chine, la démarche s'avère délicate pour l'adoption d'une résolution au sein d'une enceinte où les divisions sont légion depuis des années.

"Multilatéralisme" et "discrimination" 

Parallèlement à ce processus au Conseil, six pays -- Suisse, Singapour, Norvège, Liechtenstein, Indonésie et Ghana -- ont élaboré un projet de résolution pour l'Assemblée générale des Nations unies, a appris l'AFP de sources diplomatiques.

Ce projet, transmis jeudi à la présidence de l'Assemblée, vise surtout à insister sur l'importance du "multilatéralisme et de la coopération internationale" pour faire face au Covid-19, selon des diplomates.

A la différence du Conseil de sécurité, les résolutions adoptées par l'Assemblée générale (193 membres) ne sont pas contraignantes mais ont une forte valeur politique en fonction du nombre de pays qui les approuvent. 

En dénonçant "toute forme de discrimination, de racisme ou de xénophobie dans la réponse à la pandémie", le texte proposé par les six pays souligne aussi le rôle central de l'ONU et, à ce titre, pourrait soutenir implicitement l'action de son chef pour faire taire les armes.

Dans un communiqué jeudi, Martin Griffiths, l'émissaire de l'ONU au Yémen, pays ravagé par la guerre depuis plus de cinq ans, a salué les "réponses positives" des rebelles Houthis et du gouvernement yéménite en faveur d'un cessez-le-feu afin de mieux lutter contre le Covid-19 et de permettre une pause humanitaire.

Il a réclamé qu'ils participent à une "réunion urgente" pour le concrétiser.

"Nous accueillons favorablement le cessez-le-feu temporaire annoncé le 25 mars par les Forces de défense camerounaises du Sud (Socadef)", a déclaré pour sa part à New York le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric. La veille, il s'était déjà félicité du cessez-le-feu temporaire annoncé le 24 mars par le Parti communiste des Philippines avec le gouvernement de ce pays.

Antonio Guterres espère que ces cessez-le-feu "vont servir d'exemple dans le monde pour faire taire les armes et réunir les gens face à la menace mondiale du Covid-19", a ajouté le porte-parole.