Covid-19: Poussée de fièvre autour de l'OMS qui a pour agent ''DT'' pour Donald Trump

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Genève - En pleine lutte contre la nouvelle pandémie du coronavirus (COVID-19), l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui coordonne le combat international contre la maladie, s'est retrouvée sur la sellette de l'administration américaine, son premier bailleur de fonds qui a annoncé le gel de ses contributions au budget de l'agence de l'ONU, une décision aux conséquences potentiellement lourdes pour la santé publique mondiale.

Avec un budget qui stagne depuis des années, l'Organisation mondiale de la santé focalise tous les regards depuis le début de l’éclosion de COVID-19, notamment en fédérant l’information des quatre coins du monde et en émettant des recommandations pour permettre à ses 177 pays membres de gérer la pandémie, tout en gardant un œil sur les autres pathologies qui menacent la santé publique à travers la planète entière.

En 2018-2019, le "budget programme" total de l'OMS était de 4,4 milliards de dollars sur deux ans, dont 805 millions de dollars dédiés aux programmes de lutte contre les maladies transmissibles. Près de 69 millions de dollars sont dédiés à la gestion des situations d'urgence sanitaire, à l'image de la crise actuelle du Covid-19.

Le "budget programme" de l'OMS se répartit entre des contributions fixes annuelles, dues au 1er janvier de chaque année (956,9 millions de dollars en 2018-2019), et les contributions dites "volontaires", flexibles, largement majoritaires dans le budget de l'organisation (3,46 milliards de dollars).

Les Etats-Unis constituent, de loin, le premier contributeur de l'agence sanitaire, finançant à eux seuls 22% de ces contributions, loin devant la Chine (7,9%), l'Allemagne (6,3%), la France (4,8%) et le Royaume Uni (4,4%).

Au cours des dernières années, les moyens financiers de l'OMS ont été marqués par la montée en puissance des contributeurs privés, dont des laboratoires pharmaceutiques et des fondations. La fondation Bill & Melinda Gates s'est ainsi hissée au second rang des contributeurs, derrière les Etats-Unis.

Pour faire face à la pandémie de Covid-19, l'organisation avait lancé le 13 mars dernier un "Fonds de solidarité pour lutter contre le COVID-10", destiné à recueillir les dons de personnes privées, d’entreprises et d’institutions pour assurer le suivi de la propagation du virus et l'évaluation des besoins en équipements dans les pays les plus touchés, de piloter les programmes de prévention de base contre la pandémie et de financer la recherche d'un vaccin.

A ce jour, elle a récolté près de 150 millions de dollars, auprès du secteur privé, de célébrités comme Lady Gaga ou de particuliers.

Habitué des critiques virulentes à l'égard des organisations multilatérales internationales, le président américain a "ordonné la suspension du financement pendant qu'une étude est menée pour examiner le rôle de l'organisation dans la mauvaise gestion et la dissimulation de la propagation du virus". L'étude en question pourrait durer "60 à 90 jours".

Le président américain a précisé que les Etats-Unis contribuaient actuellement à hauteur de 400 à 500 millions de dollars annuels à l'OMS, qui pilote plusieurs programmes de la santé dans le monde.

Cette décision a suscité un torrent de réactions inquiètes à travers le monde. Pour le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, ce "n'est pas le moment de réduire le financement des opérations de l'OMS ou de toute autre institution humanitaire". En effet, il sera toujours temps d'étudier par la suite "comment ont réagi tous ceux qui ont été impliqués dans la crise", a-t-il dit.

Mercredi soir, le directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus a réitéré l'engagement de l'Organisation à servir tous les peuples du monde sans crainte ni faveur.

"Notre engagement envers la santé publique, la science et au service de tous les peuples du monde sans crainte ni faveur reste absolu", a déclaré M. Tedros au cours d'une conférence de presse en ligne depuis Genève.

Il a dit regretter "la décision du Président des États-Unis d’interrompre le financement" de l’OMS. "Avec le soutien du peuple et du gouvernement des États-Unis, l’OMS s’efforce d’améliorer la santé de nombreuses personnes parmi les plus pauvres et les plus vulnérables du monde", a-t-il dit.

"L'OMS ne combat pas seulement COVID-19. Nous nous efforçons également de lutter contre la polio, la rougeole, le paludisme, le virus Ebola, le VIH, la tuberculose, la malnutrition, le cancer, le diabète, la santé mentale et de nombreuses autres maladies et affections", a-t-il rappelé.

"Nous travaillons également avec les pays pour renforcer les systèmes de santé et améliorer l'accès aux services de santé vitaux", a-t-il expliqué.

L'OMS, selon son directeur général, "examinera l'impact de tout retrait de financement américain et collaborera avec ses partenaires pour combler les lacunes financières auxquelles est confrontée pour garantir que son travail se poursuit sans interruption".

"Le moment venu, les résultats de l’OMS dans la lutte contre cette pandémie seront examinés par les États Membres et les organes indépendants mis en place pour garantir la transparence et la responsabilité. Cela fait partie du processus habituel mis en place par nos États membres", a affirmé le patron de l'agence onusienne.

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