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Dans le plus grand pays musulman, des fresques murales pour combattre le virus
Monstre sanguinaire armé d'une faux ou dinosaure détruisant tout sur son passage, le coronavirus a des visages multiples sur les fresques murales dessinées par des artistes indonésiens pour informer le public et lutter contre la pandémie.
Voyant les commandes se tarir à cause de la crise du coronavirus, des artistes de la région de Jakarta ont utilisé leur temps libre pour illustrer les murs de leur quartier et faire passer les messages de prévention.
Quand les deux premiers cas de Covid-19 du pays ont été détectés à Depok, ville en périphérie de la capitale indonésienne, les habitants ont paniqué et certains s'en sont pris aux victimes.
"Cet accès de panique injustifié m'a poussé à faire ces murs peints. Je voulais redonner le moral aux gens pour qu'on ait de l'énergie positive pour combattre le virus", a expliqué Sulis Listanto, un habitant.
Et "il est plus facile d'informer les gens avec des images".
Le jeune homme a imaginé une fresque montrant un globe attaqué par le virus avec le message: "Save the world".
D'autres fresques de cette campagne ont une tonalité plus sombre pour souligner les dangers du virus, comme un monstre-chat aux dents ensanglantées et armé d'une faux qui porte l'inscription "Covid-19", ou un dinosaure qui émerge d'un pan de mur détruit.
Un autre artiste, Yahya, a choisi une juxtaposition de motifs colorés pour encourager les gens à se confiner.
"Avant, nous peignions des murs d'écoles ou de cafés, mais comme nous n'avons plus de boulot nous avons pensé que c'était le meilleur moment pour informer le public", souligne le jeune homme qui comme de nombreux Indonésiens ne porte qu'un nom.
"A travers ces peintures, nous encourageons les gens à rester chez eux et à rendre hommage aux professionnels de santé".
Le collectif d'artistes pense que leurs mises en garde en images auront plus d'effet que les messages de santé publique.
"On a essayé de faire des murs peints de couleurs vives pour qu'ils irradient un message positif et aident les gens à rester optimistes dans cette période difficile", relève Yahya.
Le coronavirus a fait 459 morts et contaminé près de 5.000 personnes en Indonésie, selon les autorités, soit le bilan le plus lourd d'Asie après la Chine.
Mais ces statistiques sont considérées comme probablement très sous-estimées dans un archipel de plus de 260 millions d'habitants qui n'a effectué qu'un nombre très limité de tests.
Les autorités indonésiennes ont choisi de ne pas imposer de confinement très strict dans la capitale, où sont concentrés la moitié des cas.