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Espagne: Face au risque pour le PSOE de de perdre le pouvoir, Sánchez affiche son ambition internationale
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez pose avec les astronautes espagnols Sara Garcia Alonso (à gauche) Pablo Alvarez Fernandez (à droite), à côté de la ministre espagnole des Sciences et de l'Innovation Diana Morant (à gauche) au palais de La Moncloa à Madrid, le 24 novembre 2022. (Photo de Pierre-Philippe Marcou / AFP)
Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez prendra vendredi les rênes de l'Internationale socialiste (IS), un poste peu en vue mais qui pourrait servir de tremplin à ce dirigeant au profil international, une fois sa carrière politique en Espagne terminée, estiment certains analystes.
A un an des élections législatives dans son pays - où le Parti socialiste qu'il dirige risque de ne pas se maintenir au pouvoir, selon les enquêtes d'opinion -, M. Sánchez est le seul candidat pour prendre la tête de l'IS, organisation rassemblant 132 partis socialistes ou sociaux-démocrates à l'issue de son congrès qui se tient de vendredi à dimanche à Madrid.
Il succédera à l'ancien Premier ministre grec George Papandreou.
"Bien qu'il soit symbolique, ce poste peut être un moyen (pour Sánchez) de récupérer du crédit auprès des électeurs en se présentant comme influent au niveau mondial, mais il se peut aussi qu'il pense à capitaliser sur le réseau de contacts" qu'offre l'IS, en vue de "jouer un autre rôle prépondérant ensuite" à la tête d'une organisation internationale, estime Pablo Simón, professeur de sciences politiques à l'université Carlos III de Madrid.
Avant lui, l'ancien Premier ministre portugais Antonio Guterres a dirigé l'IS avant de devenir ensuite chef de l'UNHCR, l'agence de l'ONU pour les réfugiés (2005-2015), puis secrétaire général des Nations unies depuis 2017.
"Tous les Premiers ministres qui aiment l'international ont tendance à rechercher un poste international, pour s'assurer une carrière post-gouvernementale", note de son côté Antonio Barroso, analyste au cabinet de conseil Teneo.
Poids grandissant de l'Espagne
Dès son arrivée au pouvoir, en juin 2018, Pedro Sánchez a montré l'importance qu'il accordait aux questions internationales, contrairement à son prédécesseur conservateur Mariano Rajoy, et affiché sa volonté d'accroître la visibilité de l'Espagne sur la scène européenne.
Il avait ainsi voulu marquer les esprits en acceptant d'accueillir les migrants du bateau humanitaire Aquarius, dont personne ne voulait en Europe.
A l'aise en anglais, ce socialiste de 50 ans a travaillé dans sa jeunesse au Parlement européen et au sein du cabinet du Haut-représentant de l'ONU en Bosnie pendant la guerre du Kosovo.
Fort de sa bonne entente avec Paris et Berlin, il a fait de l'Espagne l'un des "pays moteurs de la politique européenne", juge Pablo Simón, en citant notamment les discussions autour de la crise énergétique entraînée par la guerre en Ukraine.
Il est également parvenu à placer fin 2019 un Espagnol, son ministre des Affaires étrangères Josep Borrell, à la tête de la diplomatie européenne.
"L'Espagne a beaucoup plus de poids dans le débat européen qu'il y a dix ans", abonde Antonio Barroso, selon qui M. Sánchez a su "renforcer la crédibilité" de son pays "auprès de ses partenaires européens".
Au-delà de l'UE, Pedro Sánchez a été l'hôte en juin d'un sommet crucial de l'Otan, quatre mois après le début de l'invasion russe de l'Ukraine, et a "reconnecté avec une Amérique latine qui connaît un cycle plus à gauche en ce moment", poursuit Pablo Simón.
Avec Biden et Macron
Il a voulu faire passer lui-même le message que l'Espagne comptait désormais sur la scène internationale en publiant sur son compte Twitter, lors du récent G20 de Bali, une photo qui a été largement moquée sur les réseaux sociaux.
On le voit, l'air grave et concentré, aux côtés du chancelier allemand Olaf Scholz, du président français Emmanuel Macron, du Premier ministre britannique Rishi Sunak et du président américain Joe Biden.
Chercheur à l'Institut Real Elcano, un centre d'études basé à Madrid, Ignacio Molina veut, lui, relativiser les hypothèses autour de l'avenir international de Pedro Sánchez, y voyant la main de l'opposition de droite, qui a "répandu l'idée selon laquelle il se sert des rendez-vous internationaux pour se bâtir un avenir en cas de défaite électorale l'an prochain".
Cet expert croit surtout que le chef du gouvernement espagnol est "à l'aise en matière de politique européenne, car il doit y affronter moins d'opposition" qu'en Espagne, et insiste sur le fait que sa priorité est avant tout de rester Premier ministre à l'issue des prochaines élections. (AFP)