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Faut-il repenser notre modèle économique ?
La pyramide mondiale des âges, sera amenée à bouger : en 2100, la planète pourrait compter plus de 2,37 milliards d’individus de plus de 65 ans, pour seulement 1,7 de jeunes.
La population pourrait décroître avant 2100. C’est un bouleversement des équilibres de la population mondiale qui est projeté par des universitaires américains, dans une vaste étude publiée en juillet 2020 par la revue médicale The Lancet. Selon ce travail, la population mondiale pourrait atteindre son pic en 2064, 19,7 milliards d’individus, et entamer alors un déclin pour redescendre à 18,8 milliards de Terriens à la fin du siècle.
Les chercheurs de l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME, institut de statistiques médicales, eattaché à l’université de l’Etat de Washington, Seattle) anticipent une baisse globale du nombre de naissances par femme, en raison d’un meilleur accès aux moyens de contraception et d’un niveau d’instruction plus élevé.
Ces données différent des projections effectuées tous les deux ans par les Nations Unies (ONU) dans leurs perspectives démographiques, qui prédisent un pic de la population mondiale à la fin du siècle (10 milliards), mais n’ont jusqu’alors pas anticipé de décrue au cours du XXIe siècle. Ces conclusions divergentes s’expliquent par les modèles utilisés.
Les experts de l’ONU s’appuient sur l’évolution passée des indicateurs de mortalité, de fécondité et de migration pour prédire des trajectoires à long terme. L’équipe de l’IHME, institut chargé du programme d’études, Global Burden of Disease, (GBD, qui évalue la mortalité et l’invalidité dues aux principales maladies), a, quant à elle, travaillé à partir de la vaste
base de données du GBD et élaboré différents scénarios, anticipant que certaines politiques, notamment en matière d’éducation et de santé, pouvaient influer la fécondité ou les migrations.
En Afrique subsaharienne en particulier, l’IHME prévoit une chute spectaculaire des taux de fécondité. Au Niger, par exemple, qui enregistrait 7 naissances par femme en 2017, le taux de fécondité descendrait à 1,8 à la fin du siècle.
L’ONU anticipe aussi une baisse importante de la fécondité en Afrique, mais moins rapide. « 2100 est un horizon très lointain, met en garde le démographe Gilles Pison, qui n’a pas participé à l’étude. Autant, pour 2050, dans trente ans, c’est une génération, les projections sont solides. Mais d’ici à quatre-vingt ans, beaucoup de choses peuvent se passer.» Pour le professeur au Muséum national d’histoire naturelle et chercheur associé à l’Institut national d’études démographiques (INED), la baisse anticipée de la population mondiale par l’IHME s’explique par un scénario de convergence des pays vers un taux de fécondité plus bas que celui estimé par l’ONU. Une hypothèse qui reste « spéculative », selon M. Pison. D’après le modèle de l’IHME, 183 des 195 pays étudiés enregistreraient un nombre de naissances par femme inférieur à 2,1 en 2100, en dessous du seuil de remplacement.
Au niveau mondial, le taux de fécondité passerait de 2,37 en 2017 à1,66 en 2100. Seules trois régions verraient leur population augmenter par rapport à 2017 : l’Afrique subsaharienne (de 1 milliard d’habitants aujourd’hui à 3 milliards en 2100), l’Afrique du Nord (978 millions en 2100) et le
Moyen-Orient (600 millions).
Ailleurs, il faut, selon les chercheurs, s’attendre à un déclin. Vingt-trois pays verraient leur population diminuer de moitié, dont le Japon, la Thaïlande et plusieurs pays européens. La population italienne passerait de 61 à 30,5 millions en 2100. L’Espagne connaitrait une trajectoire similaire, de 46 à 23 millions, tout comme le Portugal, de 11 à 5 millions. La Chine, elle, passerait de 1,4 milliard d’individus à 732 millions. Quelques pays, comme le Royaume-Uni ou la France, verraient leur population se maintenir, en raison
d’une fécondité proche du seuil de remplacement et d’un solde migratoire positif.
Plus préoccupant, la pyramide mondiale des âges, sera, elle aussi, amenée à bouger : en 2100, la planète pourrait compter plus de 2,37 milliards d’individus de plus de 65 ans, pour seulement 1,7 de jeunes.
On peut en conclure que l’ensemble de la planète va avoir à régler un problème difficile : baisse des productifs et montée des retraités. C’est le modèle économique qui est à repenser entièrement.
Les nouvelles technologies, l’intelligence artificielle et la robotisation, vont-elles apporter une réponse au vieillissement des populations et contribuer efficacement aux besoins de ces mêmes populations. Seul l’avenir nous le dira.