G7 : Reconstruire le monde ''en mieux'', mais pour qui ?

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Les dirigeants des pays du G7 posent pour la "photo de famille" à l'ouverture du sommet de Carbis Bay, en Cornouailles anglaises, le 11 juin 2021

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Les dirigeants des grandes puissances du G7 ont donné ce vendredi le coup d'envoi d'un sommet de trois jours ambitionnant de remettre le monde sur pied après la pandémie, notamment en distribuant un milliard de vaccins anti-Covid. Pour l’instant un vœu pieux. 

Pandémie oblige, les chefs d'Etat et de gouvernement se sont salués d'un coup de coude et se sont tenus à distance pour la traditionnelle photo de famille, sur la plage de la station balnéaire anglaise de Carbis Bay, en Cornouailles. Cette rencontre, la première en personne en presque deux ans, permet le retour des réunions de travail mais aussi les discrets apartés pour avancer sur les crises du moment.

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Le « va je ne te hais point » des Français et des Britanniques

"C'est une rencontre qu'il faut vraiment tenir parce que nous devons nous assurer de tirer les leçons de la pandémie et de ne pas répéter certaines erreurs", a déclaré le Premier ministre britannique Boris Johnson. Il a salué une "occasion extraordinaire" pour les grandes puissances de "tirer les leçons de la pandémie" et de "reconstruire en mieux", de manière "plus verte" et "plus juste", a-t-il ajouté. 

Joe Biden avait déjà donné le ton, signalant que le sommet marquait le "retour" des Etats-Unis sur la scène internationale après les années isolationnistes de Donald Trump. "J'ai hâte de renforcer notre engagement envers le multilatéralisme et de travailler avec nos alliés et partenaires pour bâtir une économie mondiale plus juste et inclusive. Au travail", a déclaré sur Twitter le président américain. 

Il cherche à rallier un front uni parmi ses partenaires face à la Russie et la Chine, qui a déjà critiqué la volonté américaine de former des "cliques". Sur ce volet, Paris a fait savoir sa volonté de prendre la tête d’une réticence européenne à cet embrigadement de l’Europe contre la Chine. 

Un milliard de vaccins 

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Répartition du nombre de doses de vaccins anti-Covid-19 administrées entre les 10 pays ayant le plus vacciné et le reste du monde, au 25 mai

Au programme officiel figurent surtout la reprise d'une économie mondiale laminée par la pandémie et le partage plus équitable des vaccins anti-Covid par les pays riches, qui ont accaparé un maximum de doses au détriment des plus pauvres. 

Face à la multiplication des appels à la solidarité, les dirigeants devraient s'accorder pour fournir "au moins un milliard de doses" avec l'objectif de "mettre fin à la pandémie en 2022", selon Downing Street. Une promesse qui n’engage que ceux qui y croient.

Les Etats-Unis ont d'ores et déjà promis de donner 500 millions de doses, et les Britanniques 100 millions, principalement via le dispositif de partage Covax. Des effets d’annonce pour l’instant.

Et largement insuffisant, déplorent des ONG comme Oxfam, soulignant qu'au moins 11 milliards de doses sont nécessaires pour éradiquer la pandémie qui a déjà fait 3,7 millions de morts dans le monde. Elles plaident pour la suspension des brevets sur les vaccins afin de permettre une production de masse. Washington y, en principe, favorable, la France du bout des lèvres, et l'Allemagne s’y oppose.

Le casse-tête chinois 

La lutte contre le réchauffement climatique sera l'autre priorité du sommet, qui se veut neutre en carbone, avant la grande conférence de l'ONU sur le climat (COP26) prévue en novembre en Ecosse.

Le Premier ministre Boris Johnson ambitionne une "révolution industrielle verte", avec en point de mire l'objectif de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030. 

Pour préserver la biodiversité, il souhaite que le G7 s'engage à protéger "au moins 30%" des terres et océans à cette échéance. 

Le club de sept devrait également favoriser les investissements dans les infrastructures vertes dans les pays en développement pour stimuler et décarboner leur économie.  

Autre sujet brûlant figurant en haut de l'agenda, la confrontation avec la Chine et la Russie. 

"La ligne européenne à cet égard est claire : la Chine est un rival systémique, un partenaire sur les enjeux globaux, et un concurrent. Les Européens entendent poursuivre la mise en œuvre de cette stratégie commune et auront l'occasion d'en discuter avec le président Biden lors de ce G7", a indiqué une source à l'Elysée. 

Mais dans une sortie médiatique du président français, rapportée par Le Monde, Emmanuel Macron a eu une autre tonalité en soulignant que « le premier objectif qu’il se fixe, en abordant ces deux rendez-vous diplomatiques, est d’affirmer la souveraineté de l’Union européenne (UE), son refus d’un alignement automatique sur Washington, en particulier dans l’affrontement avec Pékin. M. Macron veut « que nos partenaires reconnaissent cette nouvelle donne européenne et que nous sachions bâtir un nouveau partenariat avec les Etats-Unis, (…) que nous puissions avoir aussi notre voie, communauté de valeurs mais indépendance quand il s’agit de notre stratégie à l’égard de la Chine ». Précisant par la suite sa pensée sur ce point, le président a déclaré que « la ligne » qu’il plaidait « n’est ni d’être vassalisés par la Chine ni d’être alignés sur ce sujet avec les Etats-Unis d’Amérique ».

Face à cette démarcation, l’axe anglo-saxon avait juste avant le début du sommet affirmé sa cohésion. Boris Johnson et Joe Biden avaient affiché jeudi un front uni approuvant une nouvelle "Charte de l'Atlantique" célébrant l'alliance historique entre leurs pays.