Israël : sur fond de pandémie, la colère enfle contre Netanyahu et son système de corruption

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Manifestation contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, accusé de corruption, le 25 juillet 2020 à Jérusalem

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"On ne partira pas tant que Bibi ne partira pas !". En Israël, des manifestants crient leur ras-le-bol contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu, accusé de corruption avérée, dans une gronde sociale déclenchée par sa gestion de la pandémie de Covid-19.

A quelques mètres de sa résidence à Jérusalem, ils étaient des milliers dimanche jusque tard dans la nuit à dénoncer un gouvernement "corrompu", qui prend des mesures anticoronavirus "illogiques" et néglige selon eux les plus fragiles. Sans parler de son chef, qui ne "pense qu'à lui". 

Israël s'est d'abord vanté de sa gestion de la pandémie, avec un nombre relativement bas de cas de malades. Mais au fur et à mesure du déconfinement, décidé fin avril pour remettre l'économie sur les rails, les cas d'infection se sont multipliés, forçant le gouvernement à imposer de nouvelles restrictions.

Le pays de neuf millions d'habitants a officiellement enregistré plus de 61.380 cas de personnes contaminées, dont 464 morts, et a récemment fait état de pics de 1.000 voire 2.000 cas recensés par jour.

Le taux de chômage a lui bondi, dépassant les 20% ces derniers mois contre 3,4% en février. Les autorités ont eu beau annoncer des aides aux salariés et travailleurs indépendants, puis à toutes les familles et citoyens de plus de 18 ans, c'est trop peu et trop tard, estiment les manifestants.

 "Pas de plan" 

"Donner 750 shekels (environ 190 euros) à tout le monde est juste une façon de nous faire taire", lance Amit Finkerstin, serveuse de 27 ans que la pandémie a mise au chômage et qui tacle la politique "illogique" du gouvernement.

La semaine dernière a connu des cafouillages dans la gestion de la crise sanitaire: le gouvernement a d'abord ordonné la fermeture des restaurants puis devant le mécontentement du secteur, il a retardé l'entrée en vigueur de sa décision. 

Finalement, le Parlement a tout bonnement annulé le décret, autorisant les restaurants à rouvrir.

"Un jour oui, un jour non", persiffle M. Finkerstin. "Le gouvernement n'a pas de plan, les gens n'ont pas de perspective, ne savent pas quand ils auront de l'argent. Le gouvernement ne se préoccupe que de lui-même".

"Ca a commencé par un cri de victoire prématuré pour avoir vaincu le coronavirus, puis ça s'est transformé en un échec sanitaire et économique, pour finir en une crise de confiance aiguë entre le public et le gouvernement", a résumé ce week-end le journaliste Einav Schiff dans le quotidien Yedioth Aharonoth.

Le dernier large mouvement de contestation sociale en Israël date de 2011, lorsque des dizaines de milliers de personnes s'étaient mobilisées contre la vie chère, sans que la mobilisation n'apporte de changements importants.

"La pandémie, élément déclencheur" 

Pour Tamir Gay-Tsabary, qui vient tous les jours du sud d'Israël pour manifester à Jérusalem avec son épouse, gilet jaune sur le dos, "la pandémie a été l'élément déclencheur : elle a révélé (...) la mauvaise gestion du gouvernement".

"Maintenant, les gens comprennent réellement que Netanyahu ne se préoccupe pas d'Israël, il se préoccupe seulement de lui", affirme le directeur commercial de 56 ans.

"Déconnectés (de la réalité), on en a assez de vous", "Corrompus, on en a assez de vous", "Où sont la morale? Les valeurs ?", pouvait-on lire sur des pancartes brandies dimanche dans le centre de Jérusalem, où les manifestants tapaient sur des casseroles ou soufflaient dans des vuvuzelas. 

Les manifestations des dernières semaines ont parfois dégénéré en affrontements violents avec la police. Dimanche soir, 12 personnes ont été arrêtées à Jérusalem, selon la police.

Au pouvoir sans discontinuer depuis 2009, Benjamin Netanyahu, surnommé "Bibi", a été inculpé en novembre 2019 pour corruption, abus de confiance et malversation dans une série d'affaires. Une première pour un chef de gouvernement israélien en cours de mandat.

Face à la colère qui monte, le Premier ministre dénonce un mouvement mené par des "gauchistes anarchistes" et accuse les médias de "propagande" et diffusion des fausses informations.

"Nous pouvons tous l'entendre, le voir et surtout le sentir : quelque chose est en train de se passer", estime Einav Schiff. Selon le journaliste, il reste à savoir "s'il s'agit d'un véritable tremblement de terre ou d'une simple secousse".