Israël: Hallel, détenue quatre fois pour refus de servir dans l'armée, puis libérée

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Hallel Rabin, une israélienne de 19 ans qui refuse de faire son service militaire obligatoire, après sa libération de la prison d'Atlit, dans nord d'Israël, le 20 novembre 2020.

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A la porte d'une prison militaire du nord d'Israël, Hallel Rabin se dit "la personne la plus heureuse au monde". La jeune Israélienne, emprisonnée à quatre reprises car elle refuse de faire son service militaire, vient d'être libérée.

A 19 ans, elle aurait pu rempiler pour 80 jours dans la prison militaire "numéro 6" d'Atlit, où elle a déjà passé au total les 56 jours "les plus longs du monde" depuis août.

Après l'avoir interrogée lors de quatre audiences, l'armée a finalement considéré que son pacifisme était sincère et non mu par une opposition à la politique israélienne, ce qui aurait pu lui valoir un autre séjour en détention. Parce que s’opposer à la politique israélienne est un délit en Israël.

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Hallel Rabin, avec sa mère, devant la prison d'Atlit, dans nord d'Israël, le 20 novembre 2020.

En Israël état militariste, l'armée joue un rôle central dans la société et tous les jeunes hommes et femmes sont tenus d'effectuer au moins deux ans de service militaire, à l'exception de certains juifs ultra-orthodoxes et des Arabes israéliens bien sûr.

"L'armée est l'une des choses les plus évidentes en Israël: on grandit en se disant qu'un jour on sera soldat, qu'on se taira et qu'on fera son travail", explique Hallel, tombée dans les bras de sa mère vendredi peu après avoir passé le pas de la porte du centre de détention.

Pour échapper au service militaire, certains prétendent fréquenter à temps plein une yeshiva --une école talmudique--, ce qui est un motif d'exemption, d'autres plaident carrément la folie.

«  la situation en Israël qui est folle »

Hallel Rabin a, elle, choisi d'assumer ses convictions pacifistes et de refuser de participer à un "système de violence", car elle pense qu'il y a "beaucoup d'autres façons de s'engager pour la société".

"Je ne pouvais pas choisir la facilité et dire que j'étais folle", raconte la jeune femme aux yeux clairs et à la queue de cheval nouée à la hâte. "Je ne suis pas folle, c'est la situation ici qui est folle."

Malgré les insultes pour "trahison" ou les menaces reçues sur les réseaux sociaux, Hallel n'a pas fléchi : "J'ai décidé de ne pas me laisser affecter par leur haine".

En 2019, cinq objecteurs de conscience -les "refuzniks"- ont été détenus militairement, d'après l'association pacifiste Yesh Gvul.  

Sollicitée par l'AFP, l'armée israélienne n'a pas commenté le dossier de Hallel Rabin mais indiqué que les objecteurs pouvaient "faire valoir leur raison (de ne pas vouloir servir) devant un comité", qui, lui, émettra une "recommandation" à la centrale de recrutement.

Quand les membres du comité militaire chargé de statuer sur son exemption lui ont demandé: "+Tu sais que l'Iran va se doter d'une bombe atomique, tu crois qu'il faut laisser faire?+", elle n'a pu s'empêcher de leur rire au nez et de répondre que ce n'était pas à elle de résoudre ce problème, raconte-t-elle.

- "Aucune armée au monde" -

Et si elle était née dans un autre pays, aurait-elle également dit non?

"Je ne servirais dans aucune armée du monde, mais la situation dans les Territoires palestiniens renforce ma conviction", rétorque-t-elle.

Maintenant qu'elle est officiellement exemptée de service militaire, elle va réaliser un service civique et souhaite aider, par exemple, des enfants en difficulté.

En 2002, la Cour suprême a indiqué qu'il était possible d'exempter une personne pour pacifisme, mais a aussi fait une distinction entre le pacifisme et "l'objection de conscience sélective" qui risque "d'affaiblir les liens qui nous unissent en tant que nation".

En clair: une personne peut refuser de faire son service militaire par opposition à la guerre en général mais pas par seule opposition, par exemple, à la politique israélienne dans les Territoires palestiniens.

"Israël ne veut pas entendre des voix différentes", regrette la mère d'Hallel, Irit Rabin, qui a elle-même, plus jeune, servi dans l'armée.

"Nous ne lui avons pas dit quoi faire, nous lui avons seulement dit qu'elle avait un droit naturel de choisir sa propre voie", explique-t-elle, fière de sa fille. "Tu as contribué à ton pays d'une façon très particulière", dit-elle en enlaçant sa "Wonderwoman".