International
L’ANC ne peut plus continuer à monopoliser la politique étrangère de l’Afrique du Sud, affirme l’Alliance démocratique

Le chef de l'Alliance démocratique John Steenhuisen (à g.) et le président Cyril Ramaphosa (à dr.) au Parlement sud-africain.
L’Alliance démocratique (DA), désormais partenaire au gouvernement sud-africain, conteste le monopole de l’ANC sur la politique étrangère du pays. Face aux tensions croissantes avec les États-Unis et aux récentes crises diplomatiques, la DA exige une approche plus équilibrée, axée sur les intérêts nationaux, et appelle à une révision des orientations diplomatiques de Pretoria.
Johannesburg - Le Congrès National Africain (ANC), parti au pouvoir en Afrique du Sud depuis la fin de l’apartheid en 1994, ne peut plus continuer à monopoliser l’orientation de la politique étrangère du pays, surtout après les récentes «débâcles diplomatiques», a indiqué jeudi l’Alliance démocratique (DA), partenaire au gouvernement.
L’Alliance démocratique, qui était le principal parti de l’opposition en Afrique du Sud mais qui fait désormais parti du gouvernement d’unité nationale formé après les élections de mai dernier, estime qu’à la lumière des tensions accrues avec les États-Unis, un examen formel de la politique étrangère de Pretoria doit être organisé au niveau de l’exécutif.
La semaine dernière, les Etats-Unis ont expulsé l’ambassadeur d’Afrique du Sud à Washington, Ebrahim Rasool, qui a été déclaré "persona non grata" par le Secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio.
«L’ANC, qui ne dispose que de 39 % des sièges au Parlement, ne bénéficie plus d’une majorité absolue et n’est donc plus libre de déterminer seul l’agenda de la politique étrangère de l’Afrique du Sud sans consulter ses partenaires au gouvernement», a déclaré Emma Louise Powell, députée et porte-parole du DA pour les relations internationales et la coopération.
Elle a expliqué que certaines sections de la déclaration d’intention du gouvernement d’unité nationale précisent que les décisions de l’exécutif national doivent être prises sur la base d’un «consensus suffisant».
«La politique étrangère de l’Afrique du Sud doit désormais être guidée par un engagement indéfectible envers la croissance intérieure de notre pays, plutôt que d’être dictée par les allégeances historiques et fraternelles du Congrès national africain», souligne la DA.
Par ailleurs, l’Alliance démocratique a également déclaré que sa récente visite aux États-Unis était une tentative de présenter des faits à l’Administration américaine, afin de tenter de sauver l’accord sur la croissance et les opportunités en Afrique (Agoa) qui semble être en danger en raison des «frictions» entre les deux pays.
Le ministre sud-africain des Relations internationales et de la Coopération, Ronald Lamola, a exprimé sa déception face à la récente visite «silencieuse» d’une semaine de responsables de la DA aux États-Unis.
Cette visite intervient après que des groupes de pression représentant les Afrikaners, notamment AfriForum et Solidarity, s’étaient entretenus à Washington avec des responsables américains, suite à la décision du Président Donald Trump d’offrir aux Sud-afrikaners l’asile aux États-Unis.
Le Président américain avait auparavant accusé le gouvernement sud-africain de cibler les citoyens blancs, en adoptant une loi sur l’expropriation des terres. Selon M. Trump, cette loi impose une «discrimination raciale injuste» contre les agriculteurs afrikaners blancs.
Il a publié sur sa plateforme Truth Social que «tout agriculteur d’Afrique du Sud, cherchant à fuir ce pays pour des raisons de sécurité, sera invité aux États-Unis d’Amérique avec une voie rapide vers la citoyenneté».