L'Afrique pourrait être touchée de manière disproportionnée par le COVID-19

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Addis-Abeba – L’Afrique pourrait être touchée de manière disproportionnée par le COVID-19 compte tenu des vulnérabilités sous-jacentes de la région, a relevé le Bureau de la sixième session du Forum régional africain pour le développement durable (ARFSD).

«Il est probable que l’Afrique soit touchée de manière disproportionnée par la pandémie compte tenu des vulnérabilités sous-jacentes de la région», a noté ARFSD dans un communiqué publié mardi par la Commission économique des Nations Unies (CEA-Onu), basée à Addis-Abeba.

Avec la pandémie de coronavirus qui fait rage sur le continent, les membres du bureau, présidé par le Zimbabwe et composé du Maroc, de la République démocratique du Congo, l’Ouganda et le Libéria, reconnaissent les défis graves et sans précédent causés par le COVID-19 et font remarquer avec une profonde préoccupation, la perte croissante de vies humaines et les énormes impacts économiques et sociaux négatifs de la crise sur le continent.

L’analyse récente de la CEA-ONU sur l’impact de la pandémie estime que la croissance économique sur le continent passera de 3,2 pc à 1,8 pc.

En mars 2020, une baisse de 1,4 point de pourcentage est attendue, due aux effets de COVID-19. Les ministres des finances africains appellent à un premier plan de soutien de 100 milliards de dollars us en 2020 pour protéger leurs pays des effets de la pandémie, rappelle la CEA-ONU.

Gros risques pour la fragile stabilité au Sahel

Le Coronavirus risque de compromettre l'équilibre déjà fragile que les États Ouest-africains et l'ensemble de la communauté internationale ont pu instaurer au Sahel ces dernières années, souligne de son coté un récent article du think-tank marocain Policy Center for the New South (PCNS) intitulé « Le Coronavirus n’épargnera pas l’Afrique de l’Ouest et devrait exacerber les tensions ».

Dans ce contexte de crise, la vulnérabilité de la population affectée par les conflits est une préoccupation majeure, écrit l'auteur de l'article, Hamza M'Jahed, Assistant de recherche en relations internationales au PCNS.

« En Afrique de l'Ouest, la pandémie, si elle n'est pas maîtrisée, risquerait d’affaiblir davantage les États, déjà confrontés à des défis politiques, économiques et humanitaires majeurs », souligne-t-il, notant que l’année 2020 est «cruciale pour cette région où les échéances électorales dans cinq pays approchent à grands pas, à savoir le Burkina-Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée et le Mali ».

La non tenue de ces élections, perçues par les populations comme une opportunité pour évoquer leurs attentes de sécurité, de stabilité et de prospérité, et l’aggravation de la situation humanitaire si la propagation du virus venait à enregistrer une grande ampleur parmi les populations ouest-africaines, "risqueraient de bouleverser l’équilibre régional", poursuit M. M'Jahed.

Pour lui, il est évident que le Coronavirus va tester la résilience des États d'Afrique de l'Ouest au cours de cette année électorale très cruciale.

« La pandémie a déjà rompu l'élan de plusieurs forces politiques par la suspension des manifestations publiques, dont des rassemblements et meetings, pendant des semaines, comme en Côte d'Ivoire et au Ghana », fait-il observer, ajoutant que «si les Etats Ouest-africains ne parviennent pas à juguler la propagation du virus, les élections ne pourront pas avoir lieu dans les délais ».

Par ailleurs, le chercheur met l'accent sur la perturbation des grands projets de développement, relevant que la dynamique de la croissance économique de certains États Ouest-africains sera figée par les répercussions du Coronavirus sur l’économie mondiale.

La Chine a suspendu l’avancement de certains projets de développement significatifs en Afrique de l’Ouest depuis le début de la pandémie, rappelle-t-il, donnant l'exemple de la suspension de la construction d’infrastructures au Ghana et des retards de réalisation de l'oléoduc Niger-Bénin.

En ce qui concerne les réfugiés et les déplacés internes, il relève que le danger du Coronavirus nécessite la mise en place de nouveaux mécanismes de coopération entre les organisations internationales.

En cas de dégradation sanitaire, M. M'jahed préconise que l’OMS devra coordonner avec les organisations spécialisées des Nations unies, telles que l’Organisation Internationale de la Migration (OIM) et l’Organisation des Nations unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), pour gérer des situations compliquées aux niveaux technique, financier et humain.

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