La bataille de l’information - Par Samir Belahsen

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Un manifestant brandit une affiche avec une image du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d'un rassemblement de soutien aux Palestiniens pendant le « Arrest Netanyahu at the White House Rally » (Arrêter Netanyahu) lors du rassemblement devant la Maison Blanche le 4 février 2025 (Photo AFP)

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« Certains médias sont spécialistes des fausses informations. »

Donald Trump

« Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. […] Que pouvait-on jeter sur un tel tableau ? Un voile ou un peu de lumière. À d’autres le voile ! »

Albert Londres

Terre d’ébène, 1929 

La question de la guerre de l'information et des récits médiatiques dans le contexte du génocide perpétré à Gaza est complexe et hautement sensible.

Ce qui se passe aujourd’hui en Cisjordanie suit le même cheminement génocidaire que Gaz avec la particularité que ces crimes passent au deuxième plan, Le Conquistador  Trump  mobilisant et monopolisant l’essentiel des médias et des réseaux.    

Elle est complexe car comme le conflit, lui-même, cette bataille n’a pas commencé le 7 octobre. Elle est sensible car comme dans tout conflit moderne médiatisé, les enjeux de communication, de désinformation et de propagande jouent un rôle crucial dans la manière dont les événements sont perçus internationalement. 

Les batailles narratives

Les guerres contemporaines s'accompagnent le plus souvent d'une "bataille narrative", où les parties cherchent à légitimer leurs actions pour influencer l'opinion publique locale et internationale. 

Cela inclut parfois la diffusion de fausses nouvelles, d'informations partiales, partielles ; parfois en limitant ou en interdisant l'accès aux zones de combat pour les journalistes indépendants. Cela inclut de plus en plus la création de brigades spécialisées dans la propagande qui alimentent aussi bien les médias classiques que les réseaux sociaux. 

La désinformation est largement définie comme une information qui est fausse, et la personne qui la diffuse sait qu’elle est fausse. C’est un mensonge voulu, délibéré et intentionnel, qui montre que les gens sont activement désinformés par des acteurs malveillants et souvent intéressés. La désinformation consiste donc à propager délibérément des informations fausses pour influencer une opinion et affaiblir un adversaire.

La mésinformation est définie comme une information qui est fausse, mais la personne qui la diffuse pense qu’elle est vraie. De nos jours, surtout sur les réseaux, combien relayent des informations biaisées sans le savoir…par simple partage innocent et inconscient, en quelques clics…

Les gros mensonges 

 Plusieurs allégations jamais prouvées ont fait l'objet de débats. Les premières concernaient l'utilisation d'infrastructures civiles (hôpitaux, écoles de l’UNRWA) à des fins militaires. Ces allégations devaient justifier les bombardements qui allaient suivre de ces institutions, ils ont fait des milliers de victimes civiles.

Rappelons-nous des accusations israéliennes concernant le fameux "centre de commandement Hamas" sous l'hôpital Al-Shifaa à Gaza !

Rappelons-nous les 40 bébés soi-disant décapités lors de l’attaque !

Rappelons-nous des viols en série dont on a accusé le Hamas ! Pas un seul n’a été étayé devant les procureurs Israéliens, à ce jour.

Elles ont été contestées par des ONG et par certains médias. A ce jour il n’y a aucune preuve concluante accessible au public. 

Les mensonges insidieux

Le premier mensonge insidieux consistait à dater le conflit par l’attaque du 07 octobre. De grands journaux, particulièrement occidentaux, soi-disant respectables ont brillé par l’absence de toute contextualisation historique. Jour après jour, article après article, dépêche après dépêche, ils se sont échinés à répéter cette phrase : « L'offensive israélienne de représailles de l'attaque du 7 octobre 2023, perpétrée par le Hamas sur le sol israélien, a entraîné la mort de 1.210 personnes côté israélien, en majorité des civils » etc.

 Le second était de considérer qu’il s’agissait d’une attaque du Hamas et d’oublier que des formations palestiniennes laïques y ont pris part. Hamas est censée être un mouvement religieux donc terroriste donc « Israël est en droit de se défendre et de défendre ses citoyens ». Par ses citoyens on désignait en fait des colons installés dans les colonies encerclant Gaza.  

 Face à cette désinformation organisée, il est essentiel de recouper les informations avec des sources diversifiées : médias indépendants, ONG comme Amnesty International ou Human Rights Watch, rapports de l'ONU et de garder à l'esprit le principe de proportionnalité et de droit international humanitaire pour évaluer les actions des parties.

La désinformation est un outil récurrent dans les conflits, et son décryptage exige une vigilance constante surtout dans les conflits clivants où les médias sont en service commandé et où les réseaux sous l’influence de la nouvelle ploutocratie planétaire. Ce qui nécessite une puissance de feu médiatique considérable pas à la portée de tous.

Dans cette bataille de l’information, il y avait aussi un grand travail de la résistance palestinienne pour documenter, expliquer et légitimer aux yeux des opinions publiques.

Une remarque, enfin, pendant toute cette bataille il y avait un grand absent institutionnel enterré par tous, il s’agit de l’autorité palestinienne.

Une approche modérée face à la désinformation consiste à reconnaître les souffrances des populations civiles tout en exigeant des preuves tangibles pour toute allégation, qu'elle émane d'un camp ou de l'autre et de ne jamais oublier le contexte historique dans un conflit.

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