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La Chine achève ses exercices militaires et réaffirme l'option de ''la force'' pour conquérir Taïwan
Le commandement du théâtre oriental de l'Armée populaire de libération (APL) de la Chine a publié une carte indiquant les emplacements des exercices militaires « Joint Sword-2024B » menés par la Chine autour de Taïwan. (Photo by Handout / The Eastern Theatre Command of China's People's Liberation Army / AFP)
La Chine a réaffirmé lundi, à l'issue d'une journée de manœuvres militaires d'encerclement de Taïwan avec ses avions et navires de guerre, qu'elle n'abandonnera "jamais" l'option du "recours à la force" pour conquérir l'île.
Ces exercices ont été présentés par l'armée chinoise comme un "avertissement" aux "séparatistes", un message adressé aux autorités taïwanaises, régulièrement accusées par Pékin de militer pour l'indépendance du territoire insulaire.
La Chine considère Taïwan comme l'une de ses provinces, qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.
"Nous sommes prêts à œuvrer pour une réunification pacifique avec la plus grande des sincérités et avec tous nos efforts", a indiqué Wu Qian, un porte-parole du ministère chinois de la Défense, dans un communiqué diffusé à l'issue des manœuvres.
"Mais nous ne promettrons jamais de renoncer au recours à la force et nous ne laisserons jamais le moindre espace à ceux qui militent pour l'indépendance de Taïwan", a-t-il souligné.
Les exercices de lundi, nommés Joint Sword-2024B ("Epées tranchantes unies-2024B") se sont notamment déroulés dans des zones situées au nord, au sud et à l'est de Taïwan, selon l'armée chinoise.
125 avions chinois
Elle avait dit avoir déployé des chasseurs, bombardiers, destroyers, frégates ainsi que le porte-avions Liaoning. Les garde-côtes chinois ont également été mobilisés.
La Chine a "terminé avec succès" ces manœuvres, qui ont permis de "tester pleinement les capacités d'opérations conjointes intégrées de ses troupes", a indiqué en début de soirée Li Xi, un porte-parole de l'armée chinoise.
Ces exercices comprenaient notamment "des patrouilles de préparation au combat mer-air, le blocus de ports et zones clés" ou encore "l'assaut de cibles maritimes et terrestres", avait-il indiqué dans la journée.
Taïwan a détecté lundi un total de 125 avions chinois près de l'île, a déclaré un haut-responsable du ministère taïwanais de la Défense, qui a évoqué un "record pour une seule journée".
Les Etats-Unis avaient dénoncé des opérations "injustifiées". Depuis 1979, Washington reconnaît Pékin au détriment de Taipei comme seul pouvoir chinois légitime, mais reste l'allié le plus puissant de Taïwan et son principal fournisseur d'armes.
L'Union européenne avait de son côté appelé lundi toutes les parties à "faire preuve de retenue".
L'armée chinoise avait qualifié ces exercices de "sérieux avertissements" face aux "actions séparatistes" et d'une "opération légitime et nécessaire pour sauvegarder la souveraineté de l'Etat".
"Comportement irrationnel" -
Ces manœuvres sont intervenues quelques jours après un discours du président taïwanais Lai Ching-te.
Il s'était engagé jeudi à "résister à l'annexion" et a indiqué que l'île et la Chine continentale n'étaient "pas subordonnées l'une à l'autre", des propos semblant avoir été interprétés par Pékin comme étant indépendantistes.
"Le gouvernement continuera à défendre le système constitutionnel démocratique et libre, à protéger un Taïwan démocratique et à sauvegarder la sécurité nationale", a affirmé lundi M. Lai sur Facebook après le début de manœuvres chinoises.
"L'indépendantisme taïwanais et la paix dans le détroit de Taïwan (qui sépare le territoire insulaire de la Chine continentale, ndlr) sont deux choses parfaitement incompatibles", avait averti dans l'après-midi Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
De son côté, le ministère taïwanais de la Défense avait dénoncé ces manœuvres, les voyant comme un "comportement irrationnel et provocateur" de Pékin.
Les liens Pékin-Taipei sont exécrables depuis 2016 et l'arrivée à la présidence taïwanaise de Tsai Ing-wen, puis de son successeur Lai Ching-te en 2024.
La Chine les a régulièrement accusés de vouloir creuser la séparation culturelle entre l'île et le continent. En réponse, Pékin a notamment renforcé son activité militaire autour du territoire.
"Vivre en paix"
Avant celles de lundi, la Chine avait organisé trois séries de manœuvres de grande ampleur ces deux dernières années, faisant intervenir son aviation et sa marine pour encercler le territoire insulaire.
Dans la capitale taïwanaise Taipei lundi, la plupart des habitants semblaient toutefois imperturbables.
"Je ne vais pas trop paniquer, parce qu'ils font souvent des manœuvres", a déclaré à l'AFP Benjamin Hsiao, un ingénieur. "J'y suis un peu insensible".
De l'autre côté, à Pingtan, le point de Chine continentale le plus proche de l'île de Taïwan, une habitante, Hu Fengping, a indiqué à sa volonté de "vivre en paix".
"Je ne crois pas qu'il y aura une guerre, la Chine est suffisamment forte désormais pour empêcher cela", a déclaré cette propriétaire d'un restaurant.
Les différends entre Pékin et Taipei remontent à la longue guerre civile qui a opposé les combattants communistes menés par Mao Tsé-toung aux forces nationalistes de Tchang Kaï-chek.
Défaits par les communistes, qui ont fondé la République populaire de Chine le 1er octobre 1949, les nationalistes se sont réfugiés avec de nombreux civils à Taïwan. (AFP)