La Chine réunit sa grand-messe politique annuelle, Hong Kong dans le viseur

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Des assiettes-souvenir à l'effigie du président chinois Xi Jinping (G) et du fondateur du régime communiste Mao Tsé-toung, dans une boutique à Pékin le 2 mars 2021

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Le régime chinois réunit à partir de vendredi sa grand-messe politique annuelle, avec une session parlementaire. Les près de 3.000 députés de l'Assemblée nationale populaire (ANP) vont comme chaque année ratifier les décisions du Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir, dans le cadre solennel du Palais du peuple à Pékin.

Sur fond de drapeaux rouges géants, l'événement devrait être aussi l'occasion de cimenter l'influence du président Xi Jinping, qui dirige la deuxième puissance mondiale depuis huit ans.

La session 2020 -- retardée pour la première fois depuis 40 ans, pour cause d'épidémie -- avait été pour lui l'occasion de proclamer la victoire du pays sur le Covid-19.

La Chine, où le coronavirus a fait son apparition fin 2019, a largement endigué l'épidémie qui s'est répandue à la surface du globe.

Tentant de couper court aux questions sur sa responsabilité, Pékin a fait condamner une journaliste citoyenne qui avait couvert la mise en quarantaine de la ville de Wuhan.

Et malgré l'accalmie virale en Chine, des restrictions très strictes vont encadrer la session parlementaire, que très peu de journalistes pourront couvrir sur place.

Le "rêve" hongkongais 

Les députés en provenance de Hong Kong ont quant à eux été vaccinés contre le coronavirus, a rapporté la presse. 

Leur ville avait été l'an dernier au centre de la session, avec l'adoption d'une loi sur la sécurité nationale qui a largement étouffé la contestation dans l'ancienne colonie britannique.

La région autonome pourrait bien cette année revenir sur le devant de la scène, avec une réforme du système électoral visant à diluer l'influence des conseillers de districts.

Un haut responsable chinois a d'ores et déjà prévenu que Pékin voulait faire en sorte que seuls "des patriotes" puissent être élus à Hong Kong.

La presse chinoise a annoncé que des "brèches" dans le système électoral allaient être comblées. 

Les prochaines élections législatives sont prévues en septembre à Hong Kong, revenue dans le giron chinois en 1997. 

"Si l'ANP adopte un projet de loi pour réformer le système électoral à Hong Kong, Pékin se rapprochera de son rêve : celui d'un contrôle total" de la métropole financière, analyse la politologue Diana Fu, de l'Université de Toronto (Canada).

Un œil sur Washington 

Comme chaque année, la session s'ouvrira vendredi avec le discours du Premier ministre Li Keqiang.

Ce dernier avait pour habitude de révéler à cette occasion l'objectif de croissance économique de l'année en cours, mais il a dû y renoncer l'an dernier du fait des incertitudes liées à la pandémie.

Plusieurs experts s'attendent à ce qu'à nouveau aucun objectif chiffré ne soit annoncé, ni pour 2021 ni pour la période du plan quinquennal 2021-25 qui doit être adopté durant la session. 

Quelques jours plus tard, la conférence de presse annuelle du ministre des Affaires étrangères, Wang Yi, sera scrutée dans le contexte de l'entrée en fonctions de la nouvelle administration américaine, après les affrontements de l'ère du président Donald Trump. 

Pour l'heure, rien ne dit que l'équipe de Joe Biden sera plus accommodante que la précédente vis-à-vis de Pékin, notamment sur les plans technologique et commercial.

La session parlementaire "sera particulièrement importante parce qu'elle va se dérouler dans une tension exceptionnelle : la pandémie et la relation compliquée avec les Etats-Unis", prévoit la sinologue Yuen Yuen Ang, de l'Université du Michigan (Etats-Unis).

"Ce sera l'occasion pour le régime d'exposer sa force et ses projets d'avenir, d'abord à destination intérieure mais aussi internationale".

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