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La démocratie britannique à l’épreuve de la demande d'extradition du lanceur d’alerte Assange
Réclamé par la justice américaine pour avoir publié une masse d'informations classifiées, le fondateur de Wikileaks Julian Assange va s'efforcer à partir de lundi de convaincre la justice britannique de refuser de l'extrader vers les Etats-Unis.
L'Australien de 48 ans a déclaré lors d'une audience préliminaire qu'il refusait de se "soumettre à une extradition pour un travail de journalisme qui a récolté de nombreuses récompenses et protégé beaucoup de gens". Il risque jusqu'à 175 ans de prison aux Etats-Unis.
D'abord poursuivi pour piratage informatique, Assange a vu s'alourdir en mai dernier les charges pesant contre lui lorsque la justice américaine l'a inculpé de 17 chefs supplémentaires, en vertu des lois anti-espionnage. Ses soutiens dénoncent dans ces poursuites un grave danger pour la liberté de la presse.
Les Etats-Unis lui reprochent notamment d'avoir mis en danger certaines de leurs sources en publiant en 2010 sur Wikileaks 250.000 câbles diplomatiques et 500.000 documents confidentiels portant sur les activités de l'armée américaine en Irak et en Afghanistan.
Parmi ces documents figurait une vidéo montrant des civils tués par les tirs d'un hélicoptère de combat américain en Irak en juillet 2007.
La justice britannique va devoir déterminer si la demande d'extradition qui lui est soumise respecte un certain nombre de critères légaux, et notamment si elle n'est pas disproportionnée et surtout si elle est incompatible avec des droits de l'Homme., ce qui est loin d’être le cas.
Julian Assange doit comparaître à partir de ce lundi matin et pour toute la semaine devant la Woolwich Crown Court, à proximité de la prison de Belmarsh, au sud-est de Londres.
L'audience sera ensuite ajournée pour reprendre le 18 mai, pour trois semaines. La décision peut être frappée d'appel.
Julian Assange est incarcéré dans cet établissement pénitentiaire de haute sécurité depuis sa retentissante arrestation en avril dernier dans l'ambassade d'Equateur.
Il y avait trouvé refuge près de sept ans plus tôt, alors qu'il craignait d'être extradé vers les Etats-Unis.
Torture psychologique
Lors d'une ultime audience procédurale mercredi dernier, la défense de Julian Assange a affirmé que le président Donald Trump avait offert au fondateur de Wikileaks de le gracier s'il disculpait la Russie dans une autre affaire de fuite de données, celle des courriels internes du parti démocrate américain. La Maison Blanche a immédiatement démenti.
Dans un document produit pour sa défense, l'avocate de Julian Assange, Jennifer Robinson, a affirmé que la proposition avait été faite par l'ex-député républicain Dana Rohrabacher "sur instruction" du président américain.
Dana Rohrabacher a quant à lui affirmé avoir dit à Assange que s'il "donnait des preuves" pour dire qui était à l'origine de la fuite, il pourrait "appeler le président Trump à le gracier", démentant en revanche avoir fait une quelconque offre au nom du président américain.
Wikileaks avait publié en 2016, à un moment clé de la campagne, des milliers de courriels piratés du Parti démocrate et de l'équipe d'Hillary Clinton, qui ont contribué à fragiliser la candidate.
Selon Baltasar Garzon, avocat qui coordonne la défense de Julian Assange, "en août 2017, l'administration Trump a essayé de mettre Julian Assange sous pression pour qu'il dise des choses qui seraient favorables au président" américain.
"Quand Assange a refusé, il a été inculpé et une demande d'extradition a été émise, ainsi qu'un mandat d'arrêt international", a affirmé l'ancien juge d'instruction espagnol jeudi dernier lors d'une conférence de presse à Paris.
De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer le traitement infligé à Julian Assange, le rapporteur de l'ONU sur la torture Nils Melzer estimant en mai qu'il présentait "tous les symptômes typiques d'une exposition prolongée à la torture psychologique, une anxiété chronique et des traumatismes psychologiques intenses". Selon ses proches, son état de santé s'est récemment amélioré.