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Le camp Merkel encaisse un revers historique dans deux régionaux tests
Panneaux électoraux pour Malu Dreyer, dirigeante social-démocrate sortante de la Rhénanie-Palatinat, à Mainz, dans l'ouest de l'Allemagne, le 14 mars 2021, jour de l'élection régionale
Les conservateurs allemands de la chancelière Angela Merkel, fragilisés par des ratés dans la gestion de la pandémie et un encombrant scandale financier, ont encaissé dimanche un revers historique dans deux élections régionales cruciales à six mois des législatives.
L'Union chrétienne-démocrate (CDU) se dirige vers son pire score électoral dans les Etats régionaux du Bade-Wurtemberg et de Rhénanie-Palatinat, au sud-ouest de l'Allemagne, d'après les projections des chaînes ARD et ZDF.
La CDU ne recueille dans le Bade-Wurtemberg que 23,3% des suffrages contre 27% il y a cinq ans, tandis qu'en Rhénanie-Palatinat, elle atteint environ 26%, contre 31,8% en 2016.
"Heure sombre" pour la CDU, commentait le quotidien Die Welt tandis que l'hebdomadaire Der Spiegel évoquait une "débâcle électorale".
Si les conservateurs ne partaient pas favoris dans ces deux Länder dirigés respectivement par les Verts et les sociaux-démocrates du SPD, ils accusent un recul de mauvais augure en vue des législatives du 26 septembre.
Les révélations en cascade, depuis fin février, autour de ladite "affaire des masques", et les critiques croissantes sur la gestion de la crise sanitaire ont affaibli le parti de la chancelière.
La CDU traverse "sa plus grave crise" depuis le scandale des caisses noires qui avait précipité la chute d'Helmut Kohl à la fin des années 1990, estiment de nombreux commentateurs. Cette fois, ce sont notamment des soupçons de commissions perçues par des députés dans des contrats d'achats de masques, au début de l'épidémie, qui écornent l'image de la majorité.
Verts et SPD en tête
Ce scandale, a reconnu dimanche soir le secrétaire général de la CDU Paul Ziemiak, a "lourdement impacté" le résultat de ces scrutins.
Le responsable a promis "la tolérance zéro" face aux malversations de ceux "qui s'enrichissent pendant la crise (sanitaire)".
Les Verts, qui visent une entrée au gouvernement fédéral à l'issue des législatives, se sont au contraire félicités d'un "super démarrage" de la séquence électorale marquée par leur large victoire dans le Bade-Wurtemberg, un Land qu'ils dirigent depuis une décennie.
Dans cette région prospère, coeur de l'industrie automobile, le populaire Winfried Kretschmann, 72 ans, améliore son score.
La coalition avec la CDU qu'il dirige depuis cinq ans est parfois perçue comme le laboratoire d'une possible alliance nationale entre ces deux partis, à l'issue des élections fédérales.
Crédités d'une large victoire (environ 31%), les Verts ont les coudées franches pour négocier leur nouvelle alliance, de nouveau avec la CDU ou avec les sociaux-démocrates, voire les libéraux (FDP, environ 11%) dans une formule à trois partis.
Dans le Land de Rhénanie-Palatinat, la CDU arrive loin derrière la dirigeante sortante, Malu Dreyer, patronne du SPD régional (autour de 33-35%).
L'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) essuie quant à elle un recul de 3,3 points à 4,2 points dans les deux Länder.
Fatigue des restrictions
Après 16 ans de pouvoir, Angela Merkel pouvait espérer laisser un parti avançant avec confiance vers les élections, mais la CDU et son allié bavarois CSU sont récemment retombés entre 30 et 33 % d'intentions de vote, leur niveau d'avant la pandémie.
Deux députés, Georg Nüsslein (CSU) et Nikolas Löbel (CDU), ont dû quitter leurs partis respectifs, soupçonnés de s'être enrichis à la faveur de l'épidémie en servant d'intermédiaires avec des fabricants dans l'achat de masques anti-Covid par les autorités.
Un autre député conservateur a renoncé jeudi à son mandat après avoir été mis en cause pour des encarts publicitaires de l'Azerbaïdjan dans un journal régional qu'il dirige.
Cette défaite pèse aussi sur les ambitions d'Armin Laschet, fraîchement élu à la tête de la CDU, qui doit convaincre les siens qu'il sera le meilleur candidat conservateur à la chancellerie. Le patron de la Bavière Markus Söder (CSU) le devance dans les sondages.
"L'affaire des masques" passe d'autant plus mal que des millions d'Allemands, un an après le début de la pandémie, sont las des restrictions et semblent douter de la stratégie du gouvernement.
Les difficultés d'approvisionnement en vaccins contre le Covid-19 n'ont fait qu'accentuer le mécontentement, sur fond de remontée des contaminations ces derniers jours. Les autorités sanitaires ne cachent d'ailleurs plus leur inquiétude face au "début d'une troisième vague".