Le Hamas dénonce l'idée de Trump de déplacer les Palestiniens hors de Gaza

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Obsèques d'Ahmad Hashash, 42 ans, qui a succombé à ses blessures après avoir été blessé par balle lors d'un raid militaire israélien sur le camp de réfugiés de Balata en Cisjordanie occupée, lors de ses funérailles le 26 janvier 2025. (Photo de Jaafar

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Le Hamas et son allié le Jihad islamique ont vivement critiqué dimanche la proposition du président américain Donald Trump de déplacer les Gazaouis vers l'Egypte et la Jordanie pour "faire le ménage", selon lui, dans la bande de Gaza, où une trêve fragile entre dans sa deuxième semaine.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, n'a pas encore réagi à la proposition américaine, sachant que tout l’objectif israélien plusieurs fois proclamé est de vider Gaza de ses Palestiniens pour s’y installer.  Bezalel Smotrich, ministre d'extrême-droite, s’est empressé d’ailleurs de qualifier d'"excellente idée", déclarant cyniquement que les Palestiniens pourraient "établir une nouvelle et belle vie ailleurs".

Après plus de 15 mois de guerre à Gaza, une trêve a débuté le 19 janvier, mais Israël et le Hamas se sont mutuellement accusés dimanche d'avoir violé les termes de l'accord, au lendemain de l'échange de quatre détenues israéliennes, des soldates, par le mouvement contre environ 200 palestiniens détenus arbitrairement dans des geôles israéliennes.

Dans ce contexte, Donald Trump a comparé samedi soir la bande de Gaza dévastée par la guerre et plongée dans une grave crise humanitaire à un "site de démolition" et a dit avoir parlé de la situation au roi Abdallah II de Jordanie, ajoutant qu'il allait faire de même dimanche avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

Selon lui, un "ménage" devrait être fait parmi la population.

"Je préférerais m'impliquer avec certaines nations arabes et construire des logements à un autre endroit où ils pourraient peut-être vivre en paix pour une fois", a ajouté sans rire le président, suggérant « candidement » un déplacement "temporaire ou à long terme".

Pendant ce temps dans le territoire palestinien, des "dizaines de milliers" de personnes étaient empêchées par Israël de retourner dans le nord via le passage de Netzarim, qui coupe la bande de Gaza en deux, a indiqué à l'AFP la Défense civile. Des images tournées montrent une foule compacte à l'approche de ce corridor.

"Nous voulons retrouver nos souvenirs et les personnes qui nous sont chères", a confié à Jihad Abou Miri, qui dit attendre au passage depuis 48 heures.

Crimes contre l'humanité

Les Palestiniens "feront échouer" la proposition de M. Trump "comme ils ont fait échouer tous les projets de déplacement (...) pendant des décennies", a réagi dimanche Bassem Naïm, membre du bureau politique du Hamas.

Le Jihad islamique, autre mouvement armé à Gaza, a pour sa part estimé que ses propos encourageaient les "crimes de guerre et crimes contre l'humanité" à Gaza, où la grande majorité des 2,4 millions d'habitants ont été déplacés par la guerre, souvent à plusieurs reprises.

Donald Trump a également confirmé avoir débloqué une livraison de bombes de plus de 900 kilogrammes pour son allié, décision saluée par Israël.

Le nouveau président américain avait exercé une intense pression sur les deux camps pour que soit conclu avant son investiture le 20 janvier un accord de cessez-le-feu.

Dans le cadre de cet accord, un premier échange de trois détenues israéliennes contre 90 Palestiniens emprisonnés par Israël s'était tenu dimanche dernier, au premier jour de la trêve.

La première phase de l'accord de cessez-le-feu doit durer six semaines et permettre la libération au total de 33 détenus israéliens contre quelque 1.900 Palestiniens dans les geôles de l’Etat hébreu .

Pendant cette première phase doivent être négociées les modalités de la deuxième, qui doit permettre la libération des derniers  détenus israéliens, avant la dernière étape portant sur la reconstruction de Gaza et la restitution des corps des otages morts en captivité.

La guerre, qualifiée de génocide par Amnesty International et le CPI, menée par Israël dans la bande de Gaza assiégée a fait au près de 50.000 morts, en majorité des civils, et des dizaines de milliers de blessés et de disparus. 

Tel-Aviv tergiverse 

Samedi, un différend de dernière minute a bloqué le début du retour dans le nord du territoire palestinien de centaines de milliers d'habitants déplacés comme prévu par l'accord de trêve.

Israël a prétendu dimanche son refus de les laisser passer en accusant le Hamas de deux ‘’violations’’ de l'accord.

Arbel Yehuda, une femme civile dont Israël réclamait la libération samedi, "n'a pas été libérée" et "la liste du statut" des otages - morts ou vivants - "n'a pas été soumise" par le mouvement palestinien.

Le Hamas, qui a affirmé samedi à l'AFP que l'otage serait "relâchée à l'occasion du troisième échange" prévu le 1er février, a de son côté accusé dimanche Israël de "violer" l'accord en empêchant le retour des habitants du nord de Gaza.

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