International
Le rejet massif des législatives traduit la colère des Algériens de plus en plus dans la misère (parti d'opposition)
Louisa Hanoune, Secrétaire générale du Parti des Travailleurs
Alger - Le rejet massif des élections législatives anticipées, organisées samedi dernier en Algérie, traduit la colère grandissante de la majorité du peuple algérien, plongée de plus en plus dans la misère, a souligné le Parti des travailleurs (PT).
"Ce rejet massif du scrutin traduit sur le terrain électoral la colère grandissante de la majorité du peuple plongée de plus en plus dans la pauvreté, voire la misère pour de très larges couches", a estimé le parti dans un communiqué publié à l’issue de la réunion du secrétariat de son bureau politique.
Le PT a ajouté que ce "rejet massif" traduit aussi l’indignation de la majorité devant la régression sans précédent sur le terrain des libertés démocratiques, la fermeture des champs politique et médiatique, la répression des marches et rassemblements, la criminalisation/judiciarisation/diabolisation de l’action politique, de la profession de journaliste, de la fonction d’avocat, de la liberté d’opinion, de conscience, et y compris de recherche académique, de l’exercice des libertés syndicales.
Selon toujours cette formation politique, le résultat de ce scrutin constitue un "rejet franc de la légalisation et de l’institutionnalisation de l’arbitraire via des amendements au code pénal qui visent à bâillonner et en camisoler la société algérienne".
Le parti, qui a boycotté le scrutin, a "salué" les Algériens, qui ont dans leur écrasante majorité, tenu à réaffirmer leur "rejet du chaos dislocateur qui ouvre la voie aux ingérences étrangères".
Il a estimé que les résultats annoncés par l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) en fin de journée "faisant état d’un taux de participation de 14,7 % nationalement et moins de 5 % à l’étranger, correspondaient effectivement, à la fin de l’opération de vote".
Pour le PT, "l’écrasante majorité" du peuple algérien vient une "fois de plus, à travers une abstention sans précédent d’exprimer une défiance claire à l’égard de toute opération politique visant à sauver le système honni, hérité du modèle du parti unique contre lequel s’est soulevé le peuple en février 2019".
Le Parti des travailleurs a souligné que ni les moyens matériels et financiers colossaux mis au service de ce scrutin, ni l’instrumentalisation de la menace étrangère, ni la propagande officielle ni le matraquage des médias publiques et des médias privés au service du régime n’ont pu briser la détermination de la majorité du peuple ni altérer la conscience collective.
Selon le PT, "l’écrasante majorité vient de décréter que le système en place depuis 1962, avec la même nature, les mêmes pratiques et dont les politiques qui ont ruiné le pays sont approfondies, doit partir pour que puisse s’exercer la plénitude de la souveraineté du peuple, seule habilité à définir la nature du régime et donc des institutions conformes à ses aspirations".
Il s'agit des premières législatives depuis le soulèvement populaire inédit et pacifique, né le 22 février 2019 du rejet d'un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, poussé près de deux mois plus tard à la démission après 20 ans de règne.
Après avoir enregistré un boycott majoritaire de l'élection présidentielle en 2019 et une abstention écrasante au référendum constitutionnel le 1er novembre 2020, ces législatives ont été "un énième échec des rendez-vous électoraux vains".
Avant les élections, le Hirak, qui réclame en vain un changement radical du "système" de gouvernance en place depuis l'indépendance en 1962, a dénoncé une "mascarade électorale". Les partis d'opposition ont boycotté ce scrutin, rejeté également par le hirak, ce mouvement de protestation qui a chassé le président Abdelaziz Bouteflika du pouvoir après 20 de règne sans partage.