Le retour des blocs

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Le capitalisme de connivence et l’impérialisme communiste, en mettant à leur service la mondialisation, ont plombé les valeurs de l’universalisme.

Les Américains, fidèles à la doctrine Brzezinski, ont continué à considérer la Russie comme leur ennemi numéro un et aujourd’hui la Chine comme un danger existentiel. Aussi, ils ont nourri un conflit ouvert et sévère qui dresse plusieurs pays libres contre la Chine communiste. Nulle question ici d’idéologie, mais de lutte pour maintenir l’hégémonie et le leadership des Etats-Unis. Il y a eu la guerre commerciale, apparemment gagnée par la Chine, puis la guerre économique et technologique, toujours en cours. Avec la guerre froide voulue par le président américain, nous sommes à l’ultime étape où il ne peut y avoir qu’un vainqueur, soit par la puissance du soft power, soit par les armes. C’est le retour des blocs. 

La « guerre économique » a révélé toute l’hypocrisie d’une mondialisation prétendue de libre-échange, mais qui en fait s’est trouvée dominée par les grandes puissances.

L’économie de marché implique le respect réciproque des obligations contractuelles. Donald Trump a fait fi des engagements qui en découlaient. Il a considéré que ces règles portaient atteinte aux intérêts des Etats-Unis.

Aujourd’hui, l’économie n’est plus « génomique », n’étant plus tributaire des ressources naturelles et par conséquent la localisation des acteurs importe peu. Les opérations financières se déplacent en un clic, les biens et les services voyagent à la vitesse de l’aviation sonique, subsonique, transsonique et supersonique.

La vraie mondialisation met en œuvre l’extrême diversité des êtres humains, de leur talent, leur travail, leur épargne, leur connaissance, et de leur art d’entreprendre.

Les Chinois ont exploité avec cynisme les mœurs protectionnistes de la plupart des États réputés démocratiques.

 Si l’implosion de l’URSS et la chute du mur de Berlin, ont été le signal de l’abaissement des frontières politiques, on constate, aujourd’hui un retour en force du nationalisme économique. L’exercice de la démocratie, les politiques professionnels l’ont ramené à la séduction de la clientèle électorale.

Nous avons alors une complicité entre classe politique et milieux d’affaires : c’est ce que l’on appelle le «capitalisme de connivence ». C’est l’essence même du protectionnisme.  L’économie de marché devient une machine de guerre.

Ainsi s’est engagée la « guerre économique » entre la Chine et les États-Unis. Le protectionnisme américain est une tradition isolationniste dans le pays ; c’est la doctrine Monroë remise au goût du jour par Donald Trump : « l’Amérique aux Américains ».

Le protectionnisme chinois déguisé doit être dénoncé, mais pas par Washington, maîtresse dans cet art.

C’est ici que la guerre économique et technologique devient une guerre politique, une guerre froide. Washington se donne alors comme objectif de déséquilibrer le pouvoir chinois et Pékin veut démontrer que le système chinois est le meilleur et le plus efficace. C’est la conquête du leadership mondial dont il s’agit.

 La « Route de la soie » est une façon de raccourcir le chemin entre la Chine et l’Union européenne, à travers des investissements massifs, d’abord en Grèce, et maintenant dans plusieurs pays, y compris la France. La crise du Covid-19 née en Chine, a été l’occasion de démontrer la domination chinoise, « accompagnée » par l’OMS. La pandémie mettra en évidence la rapidité et l’importance de l’aide apportée par la Chine. Pékin offrira au monde l’image d’un capitalisme politiquement organisé, et d’un communisme conquérant grâce à la supériorité technique et à la qualité civique du peuple chinois.

L'Europe n'existe pas comme acteur géopolitique, pour plusieurs raisons. La première est l’absence dans l’Union de la Russie ; la deuxième est que l’Union européenne ne parle pas d’une seule et même voix. Les pays membres n’ont pas franchi le pas vers un véritable État fédéral. Ils ne peuvent alors être que des satellites de l’un des blocs.  Actuellement, il y a une seule certitude à court terme : sans désarmement commercial, la guerre actuelle vaudrait une stagnation d’amplitude et de durée comparables à celle des années 1930.

Mais comment désarmer, quand les organisations mondiales comme l’OMS ou la CNUCED sont dépassées depuis longtemps ; quand les accords « régionaux » sont difficiles à obtenir et à respecter ?

Aucune société ne peut durablement survivre sans le libre- échange, la libre entreprise et l’État de droit. Seule une société de libertés est capable de progresser parce qu’elle met en œuvre la diversité des êtres humains, et parce qu’elle leur offre la liberté, la responsabilité, la propriété et la dignité conformes à sa nature profonde.

 

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