Législatives en France: 250.000 manifestants contre l'extrême droite, loin du million de 2002

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Des manifestants tiennent des pancartes sur lesquelles on peut lire « Ok pour répéter l'histoire » (G) et « Mais pas n'importe quelle histoire » avec des illustrations représentant le politicien socialiste français Léon Blum (G) et un portrait croisé du chef français du régime de Vichy Maréchal Pétain lors d'un rassemblement contre l'extrême droite, à Paris le 15 juin 2024.. (Photo Zakaria ABDELKAFI / AFP)

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Au moins 250.000 personnes, ont défilé samedi en France contre l'extrême droite, en position de force à l'approche de législatives anticipées convoquées par le président Emmanuel Macron dont le camp tente de reprendre la main avec des promesses en faveur du pouvoir d'achat. Mais la mobilisation reste loin du million de la manifestation de 2002, provoquée par la qualification de Jean Marie Le Pen, fondateur du FN, au deuxième tour de la présidentielle, face à Jacques Chirac.

Syndicats, associations et partis de gauche avaient appelé à un "raz de marée populaire" pour conjurer une nouvelle victoire du Rassemblement national (RN, extrême droite) les 30 juin et 7 juillet, après son triomphe dimanche aux européennes qui a conduit le chef de l'Etat à dissoudre l'Assemblée nationale.

Dans la foule où les autorités ont dénombré 250.000 personnes dont 75.000 à Paris (640.000 selon le syndicat CGT), les manifestants ont exprimé leur peur que l'extrême droite ne s'impose avec Jordan Bardella, 28 ans, comme Premier ministre, dans une cohabitation avec le président Macron.

Ces chiffres sont très en deçà de la mobilisation du 1er mai 2002 quand plus d'un million de personnes avaient manifesté pour dire "non" au Front national après la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle.

Les mêmes slogans ont résonné dans les quelque 200 cortèges dans le pays : "Bardella casse toi, la République n'est pas à toi", "la jeunesse emmerde le Front national", "pas de quartier pour les fachos, pas de fachos dans nos quartiers".

"Maintenant ça peut arriver", s'inquiétait Florence David, 60 ans, formatrice de 60 ans, dans le cortège parisien.

"On est potentiellement dans un moment de bascule de la démocratie", a estimé Marylise Léon, la cheffe de la CFDT, l'un des cinq syndicats qui appelaient à la mobilisation, à deux semaines d'un scrutin surprise qui secoue violemment la vie politique en France.

Alors que l'Euro de football a démarré vendredi soir en Allemagne, l'attaquant de l'équipe de France Marcus Thuram a appelé à "se battre pour que le RN ne passe pas", une prise de position rare pour un sportif de haut niveau.

La Fédération française de football (FFF) a réagi en demandant d'"éviter toute forme de pression et d'utilisation politique de l'équipe de France".

Pour barrer la route à l'extrême droite, les principaux partis de gauche (la gauche radicale de La France Insoumise, les socialistes et les Ecologistes) ont réussi en hâte à s'allier autour d'un programme et de candidats communs malgré leurs divergences sur l'Ukraine ou Gaza.

L'alliance du Nouveau Front populaire a connu ses premières tensions samedi après la décision de LFI de ne pas réinvestir des opposants au chef de file du parti, Jean-Luc Mélenchon.

Les élus mis à l'écart ont dénoncé "une purge". D'autres ont déploré qu'Adrien Quatennens, proche de ce leader de la gauche radicale, ait lui été réinvesti alors qu'il a été condamné en 2022 pour violences conjugales.

"Purge" 

"Extrêmement choquée" par cette "purge", la patronne des Ecologistes Marine Tondelier a convoqué les instances de son parti. Le patron des socialistes Olivier Faure a de son côté jugé sur X "scandaleuse" l'"éviction" de ces députés LFI.

L'ancien président socialiste de la République François Hollande (2012-2017) a surpris en annonçant sa candidature en Corrèze (centre), malgré son animosité envers LFI: "La situation était grave, plus qu'elle ne l'a jamais été", a-t-il justifié.

Le président Macron, qui participe ce week-end à un G7 en Italie et à un sommet sur l'Ukraine en Suisse, a pointé "un spectacle de grande incohérence" à gauche : "On est chez les fous, ce n'est pas sérieux".

Son Premier ministre Gabriel Attal a promis samedi soir plusieurs mesures en faveur du pouvoir d'achat en cas de victoire : baisse des factures d'électricité de 15% "dès l'hiver prochain", mutuelle santé "publique" à 1 euro par jour, exonération de certaines taxes pour les primo-accédants à la propriété.

Et la possibilité pour les entreprise de verser à leurs salariés jusqu'à 10.000 euros de prime sans cotisation sociale ni impôt, malgré le manque à gagner pour les caisses de l'Etat.

Le RN fait pour le moment la course en tête dans les enquêtes d'opinion. Un sondage Opinionway publié samedi le crédite de 33% des intentions de vote, devant le Nouveau Front populaire (25%) et la majorité présidentielle (20%).

A la traîne, la droite républicaine se déchire depuis l'appel du président des Républicains Eric Ciotti à s'allier avec le RN. Vendredi, le tribunal de Paris a provoqué un énième rebondissement en invalidant son exclusion. (AFP)

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