Les émeutes nocturnes dans la presse tunisienne

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« Ce qui s’est passé est lourd en messages codés, lourd en conséquences et en symbolique et rappelle les événements survenus il y a dix ans quand tout un système s’est effondré en quelques semaines » (La Presse de Tunisie).

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Tunis - Sous le titre ''l'autre son de cloche'', ''La Presse de Tunisie'' écrit qu’on se trompe complètement si on interprète uniquement les émeutes nocturnes de ces derniers jours d’un point de vue sécuritaire et si "si on poursuit cette diabolisation excessive du cri de désespoir de ces jeunes qui, malheureusement, ont vu des hors-la-loi s’immiscer et ternir l’image d’un ras-le-bol".

En condamnant sur toute la ligne le grabuge et les dégâts causés aux biens publics et privés, on doit admettre par-delà tout que quelque chose ne tourne plus en Tunisie, et que cette colère juvénile et apolitique (contrairement à ce que prétendent certains politicards) vient de le rappeler, note-t-il.

Le journal explique que ce qui s’est passé est lourd en messages codés, lourd en conséquences et en symbolique et rappelle les événements survenus il y a dix ans quand tout un système s’est effondré en quelques semaines sous le coup de revendications sociales issues de la classe juvénile en premier lieu et de ceux qui vivaient en marge de la société.

"Cela ressemble beaucoup au contexte actuel : des jeunes écartés, vivant dans la misère et l’exclusion, ont exprimé leur colère à leur manière", ajoute-t-il, estimant que ce ne sont pas des criminels, ni de jeunes manipulables en bonne partie.

Il s’agit de jeunes qui appliquent un modèle propre à eux, fait-il remarquer, notant que leur façon de se révolter ne se fait pas le jour, mais la nuit, comme c’est le cas dans toutes les cités des banlieues dans le monde entier.

Il soutient que la galère exprimée à travers cette violence et cette insistance devraient être bien saisies par les décideurs politiques, relevant que c’est un signal d’alarme significatif sur l’effondrement du système politico-économiquepost-14-janvier.

Pour "Kapitalis", ces jeunes tunisiens qui manifestent et cassent chaque soir ne demandent, dans leur écrasante majorité, que le respect de leurs droits stipulés par la Constitution.

Il estime que même si certains d’entre eux réagissent irrationnellement au cauchemar qu’ils vivent, il faut faire un effort sincère et sérieux pour que leur cauchemar ne devienne pas celui de tout le pays.

Il fait observer que les scènes nocturnes de violence et de brigandage dans plusieurs villes de Tunisie rappellent les événements de décembre 2010 et janvier 2011 avec leur lot de jeunes désœuvrés et désespérés, des véhicules mystérieux qui distribuent des pneus et des billets de banques en plus d’autres substances psychotropes.

Il ne reste plus au scénario funeste de 2010-2011 que les tireurs d’élite qui demeurent, après dix ans, un mystère impénétrable, rappelle-t-il, se demandant si ces jeunes insoumis que beaucoup qualifient de délinquants et de brigands, ne deviendront pas, après une décennie de gouvernance catastrophique, comme leurs prédécesseurs des héros et martyrs de la prochaine "révolution" exigeant des centaines de millions de dédommagement à faire assumer par le pauvre contribuable qui a été déjà saigné à blanc par une décennie de gouvernance catastrophique, de pillage économique opérés par ceux  qui considèrent la Tunisie comme un butin de guerre.

Pour sa part, "Tunisie Numérique" fait savoir qu’un collectif composé d’un grand nombre de partis politiques, de courants et d’organisations d’orientation de gauche, ont publié, mercredi, un communiqué pour annoncer leur soutien indéfectible aux affrontements et aux émeutes, appelant les jeunes à se méfier des éléments qui vont les infiltrer mandatés par les partis au pouvoir.

Selon la publication, ces partis ont, aussi, appelé à libérer toutes les personnes arrêtées au cours de ces troubles, y compris celles qui ont été jugées.

De son côté, "Directinnfo" note que selon les premiers éléments de l’enquête, aucune partie ou formation politique ne se tient derrière les derniers incidents. Cité par la publication, le ministre de la Défense, Brahim Bartégi a indiqué que le gouvernement s’emploie actuellement à trouver des solutions pour surmonter cette crise, appelant à la conjugaison des efforts pour juguler les problèmes cumulés.