Lettre ouverte a monsieur Joe Biden président des États Unis d’Amérique – Par Mohamed Chraibi

5437685854_d630fceaff_b-

Il se dit, dans les journaux, que le peu de temps qui vous reste au pouvoir serait insuffisant pour vous permettre d’agir de façon puissante sur le cours des événements. C’est un handicap, certes, mais que vous pouvez transformer en atout

1
Partager :

Monsieur le président

Bientôt vous aurez quitté l’actualité pour entrer dans l’Histoire.
Quelle image reflètera-t-elle de vous ?  Celle d’un président qui aura tout raté de la piteuse évacuation de vos troupes après 20 ans de guerre injuste en Afghanistan à l’échec total de votre politique au Moyen Orient

Vous avez soutenu avec vos armes et votre diplomatie un premier ministre israélien, coupable de crimes de guerre avérés et de probable génocide, qui s’est opposé à vos initiatives de cessez le feu à Gaza, qui a sacrifié des dizaines de milliers de vies palestiniennes et des dizaines d’otages israéliens au service d’intérêts personnels (rester au pouvoir pour échapper à la justice de son pays) selon vos propres déclarations. En élargissant, il y a quelques jours, le front de la guerre au Liban, le même premier ministre a démoli les efforts d’une année de votre diplomatie en vue d’éviter l’embrasement de la région. Et ce, dans une large part, pour favoriser le candidat républicain aux prochaines élections présidentielles de votre pays et au détriment de ses intérêts géostratégiques. 

Il se dit, dans les journaux, que le peu de temps qui vous reste au pouvoir serait insuffisant pour vous permettre d’agir de façon puissante sur le cours des événements. C’est un handicap, certes, mais que vous pouvez transformer en atout. N’est ce pas là que réside le « génie américain » ? Son « ethos » comme on dit chez vous.

En tant que président en exercice des États Unis d'Amérique, vous avez le pouvoir, sinon de mettre fin au drame qui se déroule au Moyen Orient (et qui peut dégénérer en pire), du moins de le suspendre, le temps que la raison reprenne le dessus comme le prévoyait votre plan de paix en trois phases de Mai dernier.
Il vous suffirait pour cela de décréter un embargo sur les armes à destination de la région comme l’avait fait votre lointain prédécesseur et héros de la deuxième guerre mondiale, Dwight Eisenhower en 1956, lorsque Israël, encore lui, entamait, avec l'aide de la Grande Bretagne et la France, une autre guerre contre un autre pays arabe de la région.

En agissant ainsi, votre parti risquerait, dit-on, de perdre les voix de ceux qui mettent les intérêts du gouvernement israélien devant ceux des États Unis aux prochaines élections. C’est très probable. Mais il gagnerait sûrement celles des jeunes électeurs majoritairement opposés à la gestion du conflit par votre administration depuis le 8 octobre ainsi que celles des électeurs démocrates d’origine arabo musulmane qui n’ont cessé de vous mettre en garde contre les conséquences de cette gestion. Vous récupéreriez aussi les voix de ceux parmi les électeurs démocrates décidés, cette fois ci, à sanctionner votre politique désastreuse par leur abstention. Personne ne peut prévoir de quel côté penchera le plateau de la balance. Pour ma part, je peux affirmer, en tant que père et grand père de citoyens américains en âge de voter que le bilan sera largement en faveur de votre parti et des intérêts de votre nation.

Mais, quel que soit l’effet de votre acte sur les résultats des élections, il ne fait aucun doute que l’image que gardera alors l’histoire de vous sera celle d’un homme qui aura évité au monde de sombrer dans une guerre dont personne n’est en mesure d’évaluer les terribles conséquences. Vous assurerez votre rédemption et serez admis au Panthéon des rares hommes qui font la grandeur de votre nation.

Un jour de septembre, Marrakech, Maroc.