Libye: progrès mou en vue d'un retrait des troupes étrangères

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La chancelière allemande Angela Merkel accueille le Premier ministre libyen Abdelhamid Dbeibah, le 23 juin 2021 à Berlin

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Quid avec AFP

Tous les acteurs de la région, à l’exception du Maroc qui semble avoir décliné l’invitation, et, pour la première fois, le gouvernement de transition libyen ont participé dans l'après-midi du mercredi 23 juin 2021, à la deuxième conférence au niveau des ministres des Affaires étrangères. 

Le 19 janvier 2020, une première conférence avait réuni dans la capitale allemande, sous l'égide des Nations unies, les dirigeants des pays impliqués, parvenant à un accord fragile pour mettre fin au conflit.

La Libye a fait état mercredi de progrès en vue d'un départ des forces étrangères de son territoire, avec des discussions russo-turques en vue sur un retrait initial de plusieurs centaines d'hommes de part et d'autre.

Ces avancées ont été réalisées lors d'une réunion internationle à Berlin, sous l'égide de l'ONU, avec les principaux acteurs du conflit, destinée à pacifier durablement le pays dix ans après la chute de Mouammar Kadhafi.

"Nous avons fait des progrès en ce qui concerne les mercenaires et nous espérons que dans les jours à venir les mercenaires se seront retirés des deux côtés", a déclaré la cheffe de la diplomatie libyenne, Najla al-Mangoush, à l'issue de cette rencontre, à laquelle participait notamment le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken.

Un responsable américain a donné des détails sur ce point, précisant que l'idée avait germé lors du récent sommet entre les présidents américain Joe Biden et Vladimir Poutine.

"Nous sommes à un stade où tant que les Turcs que les Russes ont accepté que cela pouvait être un sujet de discussion", a souligné ce responsable, sous couvert de l'anonymat.

L'idée est "de discuter pour savoir si chaque côté pourrait faire partir 300 Syriens" déployés actuellement en Libye, a-t-il dit. Moscou et Ankara, qui soutiennent des camps différents en Libye, sont soupçonnés tous les deux d'avoir recruté des combattants syriens pour aller dans ce pays défendre leurs intérêts.

"Il y a encore du travail à faire avec les Turcs et les Russes (...) il y a une profonde défiance mais il y a aussi une prise de conscience que cela aurait un intérêt d'essayer quelque chose dans ce domaine", a encore dit le responsable.

‘’Engagement au retrait’’ 

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Carte représentant le contrôle des territoires en Libye

"Toutes les forces étrangères et les mercenaires doivent être retirés de la Libye sans délai", ont indiqué les participants à la réunion dans un document final. 

Un tel engagement avait déjà été pris lors d'un précédent sommet international sur la Libye à Berlin début 2020, mais il avait été suivi de peu d'effets.

Ce paramètre est jugé central dans ce processus, le conflit libyen ayant été largement alimenté par des puissances extérieures, Turquie ou encore Emirats arabes unis, sans oublier la Russie et la France.

En décembre, l'ONU estimait à quelque 20.000 le nombre de mercenaires et combattants étrangers en Libye: des Russes du groupe privé Wagner, des Tchadiens, des Soudanais ou encore des Syriens et des agents des services français.

Plusieurs centaines de militaires turcs sont eux aussi présents en vertu d'un accord bilatéral conclu avec le précédent gouvernement de Tripoli. 

Une dispersion brutale de ces hommes surarmés représenterait toutefois une nouvelle menace pour la région, craignent des diplomates de l'ONU. Le président tchadien Idriss Déby Itno a ainsi trouvé la mort en avril lors d'une offensive de rebelles tchadiens venus de Libye. Cette inquiétude entache d’incohérence la position des capitales occidentales et fait planer un doute raisonnable sur leurs réelles intentions. 

Pour l’instant, les participants à la conférence veulent assurer le service minimum et s’engagent mercredi à sécuriser les frontières de la Libye et contrôler les mouvements transfrontaliers de groupes armés pour essayer des infiltrations au Sahel proie depuis près de cinq aux différents groupes armés et force régulière européennes menées par la France.

L’Union Européenne focalisée sur la migration

L'autre principal enjeu était de graver dans le marbre la tenue le 24 décembre d'élections présidentielle et législatives. 

Le gouvernement de transition, dirigé par le Premier ministre Abdelhamid Dbeibah, a lors de cette conférence "réaffirmé son engagement" à organiser ce scrutin, selon le communiqué final.

Des doutes subsistaient avant la conférence sur la réelle volonté du pouvoir en place sur le sujet.

"Il est nécessaire que la mission de l’ONU prenne toutes les mesures en ce sens et qu’elle assume ses responsabilités pour que les élections se tiennent à la date prévue", a prévenu mercredi Ahmad al-Misrari, porte-parole de l’Armée nationale libyenne (ANL), dirigée par le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est du pays.

Après une décennie d'échecs à sortir la Libye du chaos, la formation du cabinet de transition au terme d'un processus politique parrainé par l'ONU a sonné comme l'espoir que l'on n'attendait plus.

L'Union européenne mise de surcroît sur le pouvoir en place pour régler le problème des migrants qui quittent les côtes libyennes, souvent sur des embarcations surchargées et peu sûres, pour tenter de rejoindre l'Europe.

Mais les divisions entre les deux pouvoirs rivaux, en Tripolitaine (Ouest) et en Cyrénaïque (Est), ont ressurgi ces dernières semaines.

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