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L’ONU alerte sur le risque d’une fracture numérique accrue face à l’essor de l’IA

"A moins que des mesures urgentes ne soient prises, les avantages liés à cette nouvelle technologie pourraient rester entre les mains de quelques privilégiés" (ONU)
Alors que l’intelligence artificielle s’impose comme un moteur économique mondial, l’ONU prévient que sans action urgente, ses bénéfices risquent de rester concentrés entre quelques mains, creusant les inégalités entre pays.
Nations Unies (New York) - Dans un nouveau rapport publié jeudi, les Nations Unies ont indiqué que la fracture numérique risque de s’accentuer, au moment où l’intelligence artificielle (IA) est en passe de devenir un marché mondial de 4,8 billions de dollars d’ici 2033.
"A moins que des mesures urgentes ne soient prises, les avantages liés à cette nouvelle technologie pourraient rester entre les mains de quelques privilégiés", relève l’organisation internationale dans son rapport sur la technologie et l’innovation 2025.
Dans ce document, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), tire la sonnette d’alarme sur les inégalités croissantes dans le paysage de l’IA et établit une feuille de route pour que les pays exploitent le potentiel de la nouvelle technologie.
Repris par le service de presse de l’ONU, le rapport fait ressortir que seulement 100 entreprises, principalement situées aux États-Unis et en Chine, sont à l’origine de 40% des investissements privés mondiaux en recherche et développement.
Evoquant la gouvernance mondiale de l’IA, la Secrétaire générale de la CNUCED, Rebeca Grynspan, citée dans le rapport, a souligné l’importance d’une coopération internationale renforcée pour recentrer l’attention sur les personnes plutôt que sur la technologie et permettre aux pays de “co-créer” un cadre mondial pour l’intelligence artificielle.
Par ailleurs, les auteurs du rapport estiment que jusqu’à 40% des emplois dans le monde pourraient être affectés par l’IA, ajoutant que si cette technologie offre de nouvelles opportunités, notamment grâce aux gains de productivité et à l’émergence de nouveaux secteurs d’activité, elle suscite également de vives inquiétudes quant à l’automatisation et aux suppressions d’emplois, notamment dans les économies où la main-d’œuvre à bas coût constitue un avantage concurrentiel.
“Si les gouvernements investissent dans la reconversion, le perfectionnement et l’adaptation de la main-d’œuvre, ils peuvent garantir que l’IA améliore les possibilités d’emploi plutôt que de les éliminer”, selon le rapport onusien.
Pour se mettre au diapason de ces mutations, la CNUCED recommande aux pays en développement les “trois leviers clés”, à savoir les infrastructures, les données et les compétences. “Cela implique d’investir dans des connexions internet rapides et fiables, ainsi que dans la puissance de calcul nécessaire au stockage et au traitement de vastes volumes d’informations”, explique le rapport, qui souligne l’importance aussi de garantir l’accès à des ensembles de données diversifiés et de haute qualité pour former les systèmes d’IA de manière efficace et équitable.
Pour l’agence onusienne, il est essentiel également pour ces pays de mettre en place des systèmes éducatifs qui dotent les individus des compétences numériques et de résolution de problèmes nécessaires pour prospérer dans un monde dominé par l’IA.