International
ONU: les frappes israéliennes sur Gaza pourraient constituer un crime de guerre, selon l'ONU
La Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, prononce son discours à distance lors de l’ouverture d'une réunion extraordinaire du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, le 27 mai 2021
Les récentes frappes israéliennes sur Gaza pourraient constituer des crimes de guerre, a affirmé jeudi l'ONU alors que le Conseil des droits de l'homme examine la demande d'une enquête.
"S'il s'avère que l'impact sur les civils et les objets civils est indiscriminé et disproportionné, cette attaque peut constituer un crime de guerre", a déclaré la Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Michelle Bachelet à l'ouverture d'une réunion extraordinaire du Conseil des droits de l'homme de l'ONU.
La Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, prononce son discours à distance lors de l’ouverture d'une réunion extraordinaire du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, le 27 mai 2021
Elle a indiqué ne pas avoir vu de preuve de présence de groupes armés ou d'action militaire dans les bâtiments visés par Israël à Gaza.
Mme Bachelet a également souligné que les tirs de roquettes lancés par le mouvement islamiste palestinien Hamas "ne font pas de distinction entre les objets militaires et civils, et leur utilisation constitue donc une violation manifeste du droit humanitaire international".
La réunion, qui porte sur les atteintes aux droits humains dans les territoires palestiniens occupés, y compris à Jérusalem-Est, et en Israël, se tient à la demande du Pakistan, en tant que coordinateur de l'Organisation de la coopération islamique, et des autorités palestiniennes.
Un projet de résolution demande que la commission examine "toutes les violations présumées du droit humanitaire international et toutes les violations et abus présumés du droit international des droits de l'homme" ayant abouti aux récentes tensions israélo-palestiniennes.
Du 10 au 21 mai, 254 Palestiniens ont été tués par des frappes israéliennes dans la bande de Gaza, parmi lesquels 66 enfants et des combattants, selon les autorités locales. En Israël, les tirs de roquettes depuis Gaza ont fait 12 morts parmi lesquels un enfant, une adolescente et un soldat, d'après la police.
Causes profondes
La portée de la résolution dépasse largement le plus récent conflit.
Le texte demande que la commission étudie "toutes les causes profondes des tensions récurrentes (...), y compris la discrimination et la répression systématiques fondées sur l'identité nationale, ethnique, raciale ou religieuse".
L'enquête doit se concentrer sur l'établissement des faits et collecter preuves et éléments qui pourraient être utilisés dans le cadre de poursuites judiciaires et dans la mesure du possible identifier les coupables pour qu'ils puissent être jugés.
Le ministre des Affaires étrangères palestinien Riyad al-Maliki, qui s'est adressé à l'assemblée en ligne, a accusé Israël d'avoir instauré "un régime d'apartheid qui est basé sur l'oppression du peuple palestinien" et son "déplacement forcé".
Il a également revendiqué "le droit (des Palestiniens ndlr) de résister à l'occupation", et a affirmé que "les colons doivent être mis sur la liste des terroristes".
L'ambassadrice d'Israël auprès de l'ONU à Genève Meirav Eilon Shahar a pour sa part accusé le Hamas d'avoir "initié ce conflit" et assuré que son pays "a tout fait pour désamorcer les tensions".
"Vous ne pouvez pas être pro-palestinien si vous ne condamnez pas le Hamas", a-t-elle dit.
"Impunité systémique"
Si la résolution devait passer, ce serait la première fois que le Conseil mettrait sur pied une commission d'enquête avec un mandat sans durée fixée à l'avance.
Le mandat d'autres commissions d'enquête, comme celle sur la Syrie doit être renouvelé tous les ans.
L'ambassadeur du Pakistan auprès de l'ONU à Genève Khalil Hashmi, a déclaré à des journalistes mercredi que le plus récent conflit n'était que le dernier en date d'un long cycle.
Vingt des 47 membres du Conseil étaient parmi les 66 pays qui ont soutenu la demande de la tenue d'une session extraordinaire.
Lors de l'annonce de la réunion, l'ambassadrice d'Israël avait dénoncé une convocation qui "prouve que cette instance a un programme anti-israélien".
Israël est en effet le seul pays avec un point fixe à l'ordre du jour de chaque session du Conseil, une des raisons pour lesquelles les Etats-Unis, sous la présidence de Donald Trump, avaient quitté l'organisation. Le nouveau président Joe Biden a fait revenir les Etats-Unis en tant que pays observateur.