Origine du Covid: Sur les pas de Trump, Biden exige un rapport et hausse le ton face à Pékin

5437685854_d630fceaff_b-

Le président américain Joe Biden, ici lorsqu'il était vice-président, et son homologue chinois Xi Jinping ne se sont parlé jusqu'ici qu'au téléphone

1
Partager :

 

 

Reprenant à son compte les accusations de Donald Trump, le président des Etats-Unis Joe Biden a appelé mercredi les services de renseignement américains à "redoubler d'efforts" pour expliquer l'origine du Covid-19, déplorant une nouvelle fois le manque de coopération et de transparence de Pékin.

Longtemps balayée d'un revers de main par la plupart des experts, la théorie d'un accident de laboratoire à Wuhan, en Chine, est revenue en force ces dernières semaines dans le débat américain. Et les appels en faveur d'investigations plus approfondies se multiplient au sein de la communauté scientifique.

Les travaux du gouvernement américain, qui se concentrent sur deux hypothèses - originale animale ou fuite d'un laboratoire - n'ont pas permis à ce jour d'aboutir.

"J'ai demandé aux services de renseignement de redoubler d'efforts pour rassembler et analyser les éléments qui pourraient nous rapprocher d'une conclusion définitive", a souligné le locataire de la Maison Blanche, précisant qu'il attendait des conclusions d'ici 90 jours.

Il souhaite également que soit dressée une liste de "questions spécifiques" qui devraient être posées à la Chine.

Concrètement, comment entend-il faire bouger les lignes sur ce dossier figé depuis des mois ? Abordera-t-il directement la question avec son homologue chinois Xi Jinping? Quels moyens de pression est-il prêt à utiliser ? 

Assaillie de questions lors du point de presse quotidien de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, porte-parole de l'exécutif américain, est restée évasive, s'en tenant au rappel de l'échéance de 90 jours.

"La Chine doit faire plus", a-t-elle martelé.

"Théories complotistes" 

Pékin a toujours farouchement combattu la théorie selon laquelle le Covid-19 aurait pu s'échapper d'un de ses laboratoires.

Quelques heures avant la diffusion du communiqué de Joe Biden, Pékin avait accusé Washington de diffuser des théories "complotistes" sur les origines de la pandémie. 

Dans son texte, le président américain estime que l'impossibilité pour les autorités sanitaires américaines de se rendre sur le terrain en Chine début 2020 "entravera toujours toute enquête sur l'origine du Covid-19".

Mais il appelle malgré tout de ses voeux un changement de posture de la deuxième puissance mondiale.

"Les Etats-Unis continueront à travailler avec leurs partenaires à travers le monde pour faire pression sur la Chine afin qu'elle participe à une enquête internationale complète, transparente, et basée sur des preuves".

Dimanche, le Wall Street Journal a affirmé avoir eu accès à des informations inédites du renseignement américain, rapportant que trois chercheurs de l'Institut de virologie de Wuhan avaient été atteints dès novembre 2019 de "symptômes compatibles à la fois avec ceux du Covid-19 et une infection saisonnière", ayant nécessité des soins hospitaliers. 

Pékin a démenti les informations du Wall Street Journal, les qualifiant de "totalement fausses". 

Après un séjour de quatre semaines à Wuhan en début d'année, une étude conjointe d'experts de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et chinois avait jugé en mars "extrêmement improbable" un accident de laboratoire. 

Mais le patron de l'OMS lui-même, Tedros Adhanom Ghebreyesus, avait réclamé une nouvelle enquête sur l'hypothèse de la fuite de laboratoire.

Mi-mai, une quinzaine d'experts ont publié une tribune dans la prestigieuse revue Science: "Nous avons besoin de davantage de recherches pour déterminer l'origine de la pandémie", ont-ils réclamé.

Les théories d'une origine animale ou accidentelle en laboratoire "restent toutes les deux viables", ont-ils écrit, mais "il ne leur a pas été donné une considération équitable".

Les premiers cas de Covid-19 ont été identifiés fin 2019 à Wuhan, avant que le virus ne se répande à la surface du globe et n'emporte près de 3,5 millions de personnes.