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Palestine : 200 morts, Washington rejette à l'ONU un troisième projet de déclaration (Vidéo)
Des Palestiniens rassemblés autour des dépouilles de membres de la famille Al-Hadidi, morts dans des bombardements israéliens sur Gaza, le 15 mai 2021
Les Etats-Unis se sont opposés lundi, pour la troisième fois en une semaine, à l'adoption d'une déclaration du Conseil de sécurité de l'ONU sur le conflit israélo-palestinien, qui appelait à "une cessation des violences" et à "la protection des civils, notamment les enfants", selon des diplomates.
Le texte rédigé par la Chine, la Tunisie et la Norvège avait été remis dimanche soir aux 15 membres du Conseil de sécurité pour approbation lundi. Les Etats-Unis ont indiqué qu'ils "ne pouvaient pas soutenir pour le moment une expression" du Conseil de sécurité, a dit à l'AFP un diplomate.
Ce même lundi, les rues de la bande de Gaza restaient désertes après une nouvelle série de bombardements nocturnes israéliens, au terme d'une semaine noire ayant fait 200 morts dans l'enclave palestinienne, alors qu’ Israël semblent indifférents aux appels à la désescalade.
Dans la nuit de dimanche à lundi, l'aviation israélienne a pilonné des dizaines de fois l'enclave palestinienne densément peuplée et sous blocus, où le Hamas au pouvoir et d'autres groupes armés ont encore tiré des roquettes vers Israël.
Vidéo
Les rues de Gaza restaient désertes lundi matin après une nouvelle série de bombardements nocturnes par l'armée israélienne, au terme d'une semaine noire ayant fait plus de 200 morts en quasi-totalité des Palestiniens, alors que le Hamas et Israël sont restés sourds aux appels internationaux à la désescalade.
Des centaines de bâtiments ont été endommagés et les coupures d'électricité se sont multipliées, d'après les autorités locales qui n'ont pas fait état de victimes dans l'immédiat. Dans l'après-midi, les rues de l'enclave côtière de deux millions d'habitants étaient désertes, a constaté un journaliste de l'AFP.
Quelque 40.000 habitants de ce territoire palestinien, soumis depuis près de 15 ans à un strict blocus israélien, ont dû fuir leur maison, selon l'ONU.
Le No catégorique de Washington
Interrogé sur le nouveau refus des Etats-Unis d'entériner un texte commun pour le Conseil de sécurité, le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, a souligné l'importance de l'affirmation d'une position unie du Conseil face au conflit.
"Je voudrais vraiment réaffirmer la nécessité d'une voix très forte et unifiée du Conseil de sécurité qui, à notre avis, aura du poids", a-t-il dit lors de son point-presse quotidien.
L'Assemblée générale de l'ONU tiendra jeudi à 14H00 GMT un débat public en personne sur le conflit israélo-palestinien, a annoncé pour sa part le porte-parole de l'Assemblée générale de l'ONU, Brenden Varma.
Cette session, qui ne devrait pas donner lieu à l'adoption d'un texte, a été demandée par le Niger et l'Algérie, en leur capacité respective de présidents en exercice de l'Organisation de la Coopération Islamique et du Groupe arabe à l'ONU, a-t-il précisé lors du même point-presse.
Le projet de texte soumis au Conseil de sécurité exprimait "la grave préoccupation" du Conseil face à la crise et dénonçait les "possibles expulsions" de familles palestiniennes à Jérusalem-Est, appelant à éviter les "actions unilatérales" qui aggravent les tensions.
La déclaration saluait aussi les efforts internationaux pour une désescalade, sans mentionner les Etats-Unis, et réitérait le soutien du Conseil à une solution négociée en faveur de deux Etats, Israël et la Palestine, vivant "côte à côte en paix" dans des "frontières reconnues et sécurisées".
"Pertinence du Conseil"
En une semaine, le Conseil de sécurité a tenu trois réunions d'urgence sur le conflit, la dernière dimanche, sans parvenir à une position commune.
Premier soutien d'Israël, Washington, isolé mais déterminant, avait expliqué lors de ses deux premiers rejets considérer qu'un texte serait "contre-productif" vis-à-vis de ses efforts de médiation dans la région.
Lundi, lors d'une conférence de presse à Copenhague, le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken a assuré ne pas faire obstacle à la diplomatie, comme l'en a accusé la Chine, tout en demandant aux deux parties de "protéger les civils" et les enfants.
"La question est de savoir si une action donnée ou une déclaration donnée, en fait, en pratique, fera progresser les perspectives de mettre fin à la violence ou non, et c'est le jugement que nous devons faire à chaque fois", a-t-il prétendu.
Le refus des Etats-Unis d'accepter une position unie du Conseil de sécurité suscite l'incompréhension de leurs partenaires.
"Nous demandons simplement aux Etats-Unis de soutenir une déclaration du Conseil de sécurité qui dirait des choses similaires à celles qui sont dites bilatéralement par Washington", relève un ambassadeur sous couvert de l'anonymat.
Ce week-end, un autre ambassadeur avait déjà exprimé ses interrogations. "C'est un peu étrange si l'on pense à l'attente que nous avions tous d'un retour des Américains dans la diplomatie multilatérale", a-t-il dit à l'AFP, également sous couvert de l'anonymat.
"Nous avions pensé aussi que les Etats-Unis seraient désireux de montrer la pertinence du Conseil de sécurité dans des situations comme celle-ci", avait-il ajouté.